Le Pape reçoit le Premier ministre hongrois Viktor Orbán
Salvatore Cernuzio - Cité du Vatican
Le Premier ministre hongrois est arrivé au Vatican peu avant 11 heures ce jeudi matin, accompagné de quatre personnes. Comme il s'agissait d'une visite privée, Viktor Orbán n'a pas rencontré le Secrétaire d'État, le cardinal Pietro Parolin - qui se trouve actuellement au Mexique - ni le Secrétaire pour les relations avec les États, Mgr Paul Richard Gallagher.
Viktor Orbán effectue actuellement son premier voyage depuis sa nouvelle victoire électorale du 3 avril 2022, où son parti, Fidesz, a remporté sa quatrième majorité parlementaire. «Mon premier voyage officiel après les élections me conduira au Vatican, auprès du Pape François», avait-il ainsi indiqué hier, sur son compte Facebook. Il y a quatre ans, après les élections de 2018, son premier voyage l’avait conduit à Varsovie.
Échange de cadeaux
L'audience, qui s’est déroulée dans la bibliothèque apostolique, a débuté à 11h05. «Je suis content de votre présence ici», a déclaré le Souverain Pontife en faisant asseoir le Premier ministre hongrois à sa table. La conversation, en présence d'un interprète, s'est terminée à 11h45. Viktor Orbán a offert plusieurs cadeaux au Saint-Père: deux livres de et sur Béla Bartók, le compositeur hongrois. Il lui a aussi remis une collection de disques d'opéra et un volume datant de 1750, contenant l'office des heures de la semaine sainte en anglais et en latin.
Le Successeur de Pierre lui a quant à lui offert un carreau de bronze représentant saint Martin de Tours - originaire de Pannonie, l'actuelle Hongrie - en train de protéger le pauvre en lui donnant une partie de son manteau. En présentant ce cadeau, le Pape a commenté: «J'ai choisi cela pour vous, saint Martin qui est hongrois, et j'ai pensé que vous, Hongrois, accueillez tous ces réfugiés en ce moment». François lui a également présenté les documents de son pontificat, le message pour la Journée mondiale de la paix de cette année, le document sur la fraternité humaine, signé en 2019 à Abu Dhabi, et le livre publié par Librairie Éditrice Vaticane sur la Statio Orbis du 27 mars 2020.
Rencontre à Budapest en septembre 2021
Une première rencontre privée entre Viktor Orbán et François avait eu lieu au Vatican le 28 août 2016, lorsque le Souverain Pontife avait reçu le groupe de dirigeants et de parlementaires chrétiens européens participant à la réunion annuelle de Rete/ICln, à Frascati. La dernière rencontre entre les deux hommes remonte quant à elle au 12 septembre 2021, lorsque le Pape s'est rendu à Budapest pour la clôture du Congrès eucharistique international. Avant la messe, le Saint-Père - accompagné du secrétaire d'État, le cardinal Pietro Parolin, et du secrétaire pour les relations avec les États, Mgr Paul Richard Gallagher - avait rencontré Viktor Orbán ainsi que le président de la République Janos Ader et le vice-premier ministre Zsolt Semjén, dans la salle romane du musée des Beaux-Arts. Plusieurs sujets avaient été abordés, allant du rôle de l'Église dans le pays à l'engagement pour la protection de l'environnement, en passant par la défense et la promotion de la famille.
Le Pape François lui-même avait pu donner plus de détails sur cette rencontre, qui avait attiré l'attention de la presse mondiale, étant donné les positions divergentes du Souverain Pontife et du Premier ministre sur la question des réfugiés. «J'ai reçu une visite, le président est venu me voir, il a eu cette courtoisie, c'est la troisième fois que je le rencontre et il est venu avec le premier ministre et le vice-premier ministre, ils étaient trois. Le président a parlé», avait déclaré le François, précisant que les sujets abordés concernaient l'écologie et la famille. Le Premier ministre et le député avaient aussi expliqué les détails techniques d'une loi destinée à aider les jeunes couples à se marier. «Sur l'immigration, non, il n'y a pas eu de discussion», avait expliqué le Pape.
Position hongroise face à la Russie
Avec le déclenchement de la guerre en Ukraine, la question de l'immigration est redevenue d'actualité, la Hongrie ayant par ailleurs démontré sa volonté d'accueillir des réfugiés. Au début du mois d'avril, Viktor Orbán a également eu des entretiens personnels avec le président russe Vladimir Poutine, appelant à un cessez-le-feu immédiat en Ukraine. «Sa réponse était positive, mais avec des conditions», avait expliqué le Premier ministre hongrois lors d'une conférence de presse, précisant qu'il avait invité Vladimir Poutine à Budapest avec les dirigeants de la France, de l'Allemagne et de l'Ukraine. Viktor Orbán a adopté des positions jugées plus réservées à l'égard de la Russie en ce qui concerne les sanctions contre Moscou et le soutien à Kiev, et il a exprimé son refus de fournir des armes aux Ukrainiens.
Visite du Cardinal Czerny en Hongrie
Concernant les réfugiés ukrainiens, plus de 600 000 personnes fuyant le pays envahi sont arrivées aux frontières de la Hongrie, où diverses initiatives ont été lancées pour les accueillir. Pour beaucoup d’entre eux, la Hongrie représente un "pont" vers d'autres régions d'Europe, notamment l'Allemagne et l'Italie. Les frontières hongroises bordent cinq pays, que les organisations caritatives - de Caritas à la Croix-Rouge en passant par les églises protestantes – se sont réparties pour faire face plus efficacement à l’afflux de réfugiés.
Le gouvernement hongrois affirme avoir offert tout son soutien, y compris sur le plan économique: c'est ce qu'a assuré le vice-premier ministre Semjén lors de son entretien à Budapest avec le cardinal Michael Czerny, préfet par intérim du Dicastère pour le développement humain intégral, envoyé par le Pape en Hongrie et en Ukraine début mars pour visiter les réfugiés. Le cardinal Czerny a été reçu en audience au palais présidentiel au deuxième jour de sa mission et le vice-premier ministre a alors tenu à rappeler «l'excellente coopération entre l'État et l'Église pour l'assistance aux réfugiés». «La Hongrie accueillera les réfugiés sans aucune limite», a alors déclaré Zsolt Semjén. Il s'est également prononcé contre l'envoi d'armes en Ukraine: «Les armes ne transitent pas par le territoire hongrois car nous ne voulons pas élargir le conflit, nous espérons une solution diplomatique». Lors de cet entretien, le cardinal Czerny a souhaité que les bras de la Hongrie «soient toujours plus ouverts».
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