Veillée pascale: laissons-nous guider par les femmes de l’Évangile
Vatican News
Après deux ans de format restreint à cause de la pandémie de coronavirus, la veillée pascale a cette année retrouvé sa forme traditionnelle, divisée en quatre temps : la liturgie de la lumière, la liturgie de la Parole, la liturgie baptismale et la liturgie eucharistique. Le Pape François, qui a seulement prononcé l'homélie, était entouré de 30 évêques, 30 cardinaux et 200 prêtres. La célébration a débuté avec la bénédiction du feu nouveau par le cardinal Giovanni Battista Re, doyen du collège des cardinaux qui célébrait cette veillée, dans l’atrium de la basilique, plongée dans la pénombre, avant la transmission de la flamme du cierge pascal portée par le diacre.
L’Exsultet s’est ensuite élevé, symbolisant le passage de la nuit à la lumière.
«De nombreux écrivains ont évoqué la beauté des nuits illuminées par les étoiles. Au contraire, les nuits de la guerre sont striées par les traînées lumineuses de la mort», ainsi a débuté l’homélie du Pape François, depuis l’autel de la confession de Pierre. Il a d’emblée invité les fidèles à se laisser prendre la main par les femmes de l’Évangile, «pour découvrir avec elles l’aube de la lumière de Dieu qui brille dans les ténèbres du monde.» Car ces femmes, tandis que les premières lueurs de l’aube pointaient sans bruit, ont fait une expérience bouleversante : «elles découvrent d’abord que le tombeau est vide; elles voient ensuite deux personnages aux vêtements éblouissants, qui leur annoncent que Jésus est ressuscité; et aussitôt elles courent annoncer la nouvelle aux autres disciples», «elles voient, elles écoutent, elles annoncent», a répeté François, avant de développer, «par ces trois actions, entrons nous aussi dans la Pâque du Seigneur.»
Les femmes voient
La première annonce de la Résurrection n’est pas exprimée comme une formule à comprendre, mais comme un signe à contempler, a expliqué François. «Dans un cimetière, auprès d'un tombeau, où tout devrait être en ordre et tranquille, les femmes trouvèrent la pierre roulée sur le côté du tombeau», ainsi «La Pâque commence donc par bouleverser nos schémas. Elle est accompagnée par le don d'une espérance surprenante.»
Mais ce don, il n’est pas facile de l’accueillir, a commenté l’évêque de Rome, car parfois «cette espérance ne trouve pas de place dans notre cœur. Comme les femmes de l'Évangile, les questions et les doutes prédominent en nous, et notre première réaction à ce signe inattendu est la peur, ‘’le visage incliné vers le sol’’ (cf. vv. 4-5).» Trop souvent, a soupiré François, «nous regardons la vie et la réalité avec les yeux tournés vers le bas ; nous ne fixons que l'aujourd'hui qui passe, nous sommes sans illusions quant à l'avenir, nous nous enfermons dans nos besoins, nous nous installons dans la prison de l'apathie, tout en continuant à nous plaindre et à penser que les choses ne changeront jamais.»
Ainsi, nous restons immobiles devant la tombe de la résignation, a continué le Saint-Père, «Pourtant, le Seigneur, en cette nuit, veut nous donner des yeux différents, éclairés par l'espoir que la peur, la douleur et la mort n'auront pas le dernier mot sur nous.» Alors, a déclaré François, «Grâce à la Pâque de Jésus, nous pouvons faire le saut du néant à la vie».
Les femmes écoutent
Ensuite, les femmes écoutent les deux hommes en vêtements brillants leur dire que le Christ est ressuscité, qu’«Il n’est pas ici». Cela fait du bien d’entendre ces mots, a commenté le Souverain pontife, «Chaque fois que nous prétendons avoir tout compris de Dieu, pouvoir le faire entrer dans nos schémas, répétons-nous : il n'est pas là !».
Puis le Saint-Père a invité à réfléchir sur la question posée aux femmes: «pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ?». «Nous ne pouvons pas célébrer Pâques si nous continuons à rester dans la mort; si nous restons prisonniers du passé; si dans la vie nous n'avons pas le courage de nous laisser pardonner par Dieu, de changer, de rompre avec les œuvres du mal, de nous décider pour Jésus et son amour», a dit François, avant d’ajouter qu’«un christianisme qui cherche le Seigneur parmi les reliques du passé est un christianisme sans Pâques». Ainsi, il ne faut pas s’attarder autour des tombes mais aller découvrir le Christ, «Et n'ayons pas peur de le chercher aussi dans les visages de nos frères et sœurs, dans l'histoire de ceux qui espèrent et rêvent, dans la douleur de ceux qui pleurent et souffrent: Dieu est là!»
Les femmes annoncent
Qu’annoncent-elles? a questionné François. La joie de la Résurrection. Car «Pâques n'arrive pas pour consoler le cœur de ceux qui pleurent la mort de Jésus, mais pour l’ouvrir en grand à l'annonce extraordinaire de la victoire de Dieu sur le mal et la mort». Les femmes savent alors qu’elles risquent d’être prises pour des folles, «mais elles ne se soucient pas de leur réputation, de défendre leur image ; elles ne mesurent pas leurs sentiments, elles ne calculent pas leurs paroles.»
«Comme elle est belle, une Église qui court ainsi dans les rues du monde! Sans peurs, sans tactiques et sans opportunismes; seulement avec le désir d'apporter à tous la joie de l'Évangile», s’est exclamé le Saint-Père, avant de préciser que c’était à cela que chacun était appelé: «faire l'expérience du Seigneur ressuscité et la partager avec d'autres; rouler la pierre du tombeau, dans lequel nous avons souvent scellé le Seigneur, pour répandre sa joie dans le monde.»
Faisons ressusciter Jésus, a invité François, exhortant l’assemblée de 5500 fidèles présents dans la basilique Saint-Pierre à amener Jésus dans leur vie quotidienne, «par des gestes de paix en ce temps marqué par les horreurs de la guerre; par des œuvres de réconciliation dans les relations brisées et de compassion pour ceux qui sont dans le besoin; par des actions de justice au milieu des inégalités et de vérité au milieu des mensonges.» Et surtout, par des œuvres d’amour et de fraternité.
«Notre espérance s’appelle Jésus» a conclu François, «il nous a réveillés à la vie et transformé notre deuil en danse. Célébrons Pâques avec le Christ!», «Parce qu’avec Jésus, le Ressuscité, aucune nuit n'est sans fin; et même dans les ténèbres les plus épaisses, brille l'étoile du matin.»
À l'intention d'une petite délégation ukrainienne présente dans l’assemblée, dont le maire de Melitopol, Ivan Fedorov, que le Pape a brièvement rencontrée peu avant la veillée, François a improvisé quelques mots après son homélie: «Dans l'obscurité que vous vivez, Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs, l'obscurité de la guerre, de la cruauté, nous prions tous, nous prions avec vous et pour vous, cette nuit. Nous prions pour tant de souffrance. Nous ne pouvons que vous offrir notre compagnie, notre prière et vous dire: "Courage ! Nous vous accompagnons". Et vous dire la plus grande chose que l'on célèbre aujourd'hui: le Christ est ressuscité!».
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