Abus: le Pape encourage les évêques d'Espagne à accompagner les victimes
Salvatore Cernuzio - Cité du Vatican
Les victimes d’abus sont «au centre de tout», a réaffirmé François ce jeudi 7 avril devant la présidence de l’épiscopat espagnol. Après les visites ad limina qui ont eu lieu de décembre à janvier dernier, le président de la Conférence épiscopale, le cardinal Juan José Omella, archevêque de Barcelone, le vice-président, le cardinal Carlos Osoro, archevêque de Madrid, et le secrétaire général, Monseigneur Luis Argüello, ont été reçus en audience au Palais Apostolique pour parler de l’épineux dossier auquel se dédie l’Église du pays.
Révélations d’El País
La rencontre fut «agréable et positive», a déclaré le cardinal Omella au groupe de journalistes auxquels il s’est ensuite adressé sur la place Saint-Pierre. «Nous avons découvert une fois de plus l'affection que le Pape porte à l'Espagne, qu'il connaît très bien et qu'il suit de près dans ses affaires», a-t-il constaté.
La question des abus avait déjà été abordée le 14 janvier, lors d’une visite ad limina. En Espagne venait alors d’être publié un rapport de 385 pages par le quotidien El País, dénonçant des centaines de cas dans l'Église espagnole.
Le cardinal a expliqué qu'à ce moment-là, il n'était pas prévu de créer une commission indépendante unique chargée d'enquêter sur les cas d'abus au niveau national, comme fut le cas en Allemagne, au Portugal et en France, mais que des commissions locales indépendantes avaient été formées dans chaque diocèse pour «recueillir les plaintes afin d'accompagner les personnes qui se sentent blessées» et «empêcher que ces choses ne se reproduisent à l'avenir». Un choix qui avait suscité une vive controverse dans la péninsule ibérique.
Une étude indépendante lancée
Fin février, l'Église espagnole a finalement désigné un cabinet d'avocats, Cremades & Calvo-Sotelo, afin qu’il mène une enquête externe indépendante sur les allégations d'abus sexuels sur mineurs dans l'Église. «La Conférence épiscopale veut faire un pas en avant dans son devoir de transparence, d'aide et de réparation pour les victimes et collaborer avec les autorités sur les cas d'abus sexuels qui pèsent sur l'Église espagnole», avait souligné le cardinal Omella dans une conférence de presse annonçant la décision. Parallèlement à l'audit du cabinet d'avocats, le Parlement espagnol a approuvé le 10 mars dernier une proposition de plusieurs partis politiques demandant au gouvernement de créer sa propre commission chargée d'enquêter sur les cas d'abus sexuels dans l'Église catholique. Le médiateur espagnol, Ángel Gabilondo, a été nommé par le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez à la tête de cette commission dirigée par le gouvernement.
Le regard attentif de François
Les évêques ont rendu compte de ce cheminement au Pape François ce jeudi. Le Saint-Père «nous a encouragés à suivre cette voie, à accompagner les victimes car c'est le centre de tout, à collaborer en tout et à faire de la prévention, pour que cela ne se reproduise pas à l'avenir», a déclaré l’archevêque de Barcelone aux journalistes. En ce qui concerne la méthodologie et les objectifs de l'audit, le cardinal Omella a expliqué qu'ils seront connus «bientôt» et a insisté sur le fait que l'attitude de l'Église «est toujours ouverte à la collaboration, et c'est ce que nous voulons, car nous pensons toujours à écouter, accompagner, assister et aider les victimes, ce qui est vraiment important». Le Souverain Pontife, a assuré le prélat espagnol, suit la situation de près et a écouté le compte rendu de la commission indépendante et de ses travaux «avec grand intérêt».
Accueil des migrants et évangélisation
Lors de l’audience, il a également été question des migrations, sujet de préoccupation pour François. «Le Saint-Père, a rapporté le cardinal Omella, a dit quelque chose qui m'a beaucoup plu: nous avons parlé des villes d'Espagne qui se vidaient et il a dit: "Regardez dans combien de villages il y aurait peut-être des maisons où certains migrants peuvent vivre et travailler"». Parmi les autres thèmes abordés figuraient la charité et l'aide aux pauvres, ainsi que l'évangélisation afin de ne pas perdre les racines chrétiennes dans un pays fortement sécularisé: «Évangéliser et vivre notre foi par la prière, les sacrements et la formation», a résumé le président de l’épiscopat espagnol.
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