Le Pape soutient un dialogue judéo-catholique pour la dignité humaine
Olivier Bonnel - Cité du Vatican
Le Pape François a reçu lundi 30 mai dans la matinée une délégation du mouvement B'nai B'rith International, la plus ancienne organisation juive internationale, fondée en 1843, et dont l'objectif est de venir en aide aux plus pauvres tout en combattant l'antisémitisme. «Votre institution a une longue histoire de contacts avec le Saint-Siège, depuis la publication de la déclaration conciliaire Nostra Aetate», a souligné François en couvrant son discours.
Pendant toute la période de la pandémie, a rappelé le Pape, «le B'nai B'rith été actif dans le domaine humanitaire». Si le devoir de s’occuper des plus vulnérables concerne tout le monde, «il l'est encore plus pour nous, juifs et chrétiens: pour nous, aider les nécessiteux signifie aussi mettre en pratique la volonté du Très-Haut, qui, comme le dit le Psaume, "protège l'étranger, soutient l'orphelin et la veuve" (Ps 146,9)».
François a également expliqué que face aux nombreux conflits et «d’extrémismes dangereux» d’aujourd’hui, «nous devons constater que le plus grand facteur de risque est souvent la pauvreté matérielle, éducative et spirituelle, qui devient un terrain fertile pour alimenter la haine, la colère, la frustration et le radicalisme».
Le Pape a rappelé encore que «nous vivons à une époque où la paix est menacée dans de nombreuses régions du monde: les perspectives particularistes et nationalistes, motivées par des intérêts égoïstes et l'appât du gain, semblent vouloir prendre de plus en plus le dessus» a-t-il constaté.
Se souvenir du passé
Pour empêcher l'escalade du mal, et que l’humanité ne soit bafouée, «il est important, a-t-il souligné, de se souvenir du passé, de se souvenir des guerres, de se souvenir de la Shoah et de tant d'autres atrocités». François a aussi rappelé la «mémoire spirituelle commune» entre juifs et chrétiens, qui tire ses racines dans la Genèse et le premier acte de la violence où Caïn tue son frère Abel.
«Où est ton frère? Soyons provoqués par cette question, répétons-la souvent», a exhorté le Souverain pontife, estimant que «nous ne pouvons pas remplacer le rêve divin d'un monde de frères par un monde de fils uniques, violents et indifférents».
Le visage de l’autre
Face à la violence et à l'indifférence, l’Écriture Sainte nous ramène «au visage du frère», a encore expliqué François, soulignant que «la fidélité à ce que nous sommes, à notre humanité, se mesure au visage de l'autre». La question que Dieu pose à Caïn dans le premier livre de la Bible nous place devant cette évidence, selon le Pape: on ne peut se trouver soi-même sans chercher son frère, on ne peut trouver l'Éternel sans embrasser son prochain.
«En cela, il est bon que nous nous entraidions, a poursuivi le Saint-Père, car en chacun de nous, dans chaque tradition religieuse, ainsi que dans chaque société humaine, il y a toujours le risque de nourrir des rancunes et d'alimenter des querelles contre les autres, et de le faire au nom de principes absolus, voire sacrés». Le Pape a ainsi dénoncé «la tentation mensongère de la violence, comme le mal qui se tapit à la porte du cœur (cf. Gn 4,7), la tromperie selon laquelle la violence et la guerre règlent les différends»
Dans la Genèse, l'Éternel imposa à Caïn un signe, afin que personne, en le rencontrant, ne le frappe. Telle est bien là «la logique du Ciel», a expliqué François, briser le cycle de la violence, la spirale de la haine, et commencer à protéger l'autre, chaque autre».
Approfondir le dialogue judéo-catholique
Le Pape a ainsi encouragé les membres du B'nai B'rith à poursuivre leur œuvre de continuer à protéger leurs sœurs et frères, notamment les plus fragiles et les oubliés.
«Il m'a toujours tenu à cœur de promouvoir et d'approfondir le dialogue judéo-catholique», a enfin rappelé le Saint-Père, un dialogue fait de visages qui se rencontrent, de gestes concrets de fraternité. Avançons ensemble, sur la base de valeurs spirituelles communes, pour défendre la dignité humaine contre toute violence, pour rechercher la paix » a-t-il conclu.
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