Le rôle de l’université face aux défis contemporains selon François
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Pandémie, guerres, changement climatique, hausse des inégalités: autant de défis de notre époque qui confèrent aux universités «un devoir de grande responsabilité», a déclaré le Saint-Père au début de cette audience aux recteurs des treize universités publiques de la région du Latium.
Les jeunes sont fortement touchés par ces problématiques «risquant de générer un climat de découragement et d'égarement, de perte de confiance, pire encore de dépendance». Pour éviter cela, un «grand investissement éducatif est nécessaire», a souligné le Pape, mentionnant le Pacte éducatif mondial qu’il avait lancé en septembre 2019. «Nous sommes en crise», a-t-il ajouté, et les jeunes doivent apprendre «comment vivre la crise et surmonter la crise, pour qu’elle ne se transforme pas en conflit».
Mettre au centre l’humanité
Il faut aussi viser «l’horizon de la paix» et un «développement vrai et intégral», «ce qui ne peut se construire qu'avec le sens critique, la liberté, la confrontation saine et le dialogue», enracinés dans «le concret». Ce sont là les principes de l’université et «du rôle que cette institution ne peut qu'avoir, au-delà des barrières et des frontières», considère le Souverain pontife. Cela montre la «valeur centrale de la personne humaine», qui doit rester prioritaire si l’on repense «nos modèles économiques, culturels et sociaux».
«Le terme même d'université désigne une communauté, mais aussi une idée de convergence des savoirs, dans une quête de vérité et de sens pour le dialogue entre tous les hommes et toutes les femmes du monde», rappelait François dans un précédent discours cité ce lundi.
C’est pourquoi le service que l’université peut donner aujourd’hui est «vraiment important», a insisté le Saint-Père, afin de rassembler «les meilleures énergies intellectuelles et morales».
Écoute et formation au respect
Le Souverain pontife a ensuite évoqué les étudiants, qui «ne se contentent pas de la médiocrité, (…) de la simple répétition de données, ni même d'une formation professionnelle sans horizon». Leur exigence, par exemple dans le domaine économique, les pousse à «construire des réponses nouvelles et efficaces, en dépassant les vieilles incrustations liées à une culture stérile de compétition de pouvoir».
À leurs côtés, les enseignants doivent faire preuve d’écoute et d’ouverture d’esprit, car «l'université n'a pas de frontières: la connaissance, la recherche, le dialogue, la confrontation ne peuvent que franchir toutes les barrières et être "universels"», a souligné le Pape, invitant également à former les étudiants «au respect: respect de soi, respect du prochain, respect de la création et respect du Créateur».
François a également encouragé l’accueil «des étudiants, des chercheurs et des enseignants victimes de persécutions, de guerres et de discriminations dans divers pays du monde», et à être attentif «à la pauvreté et aux périphéries existentielles et sociales».
«Puissiez-vous lire et affronter ce changement d'époque avec réflexion et discernement, sans préjugés idéologiques, sans peurs ni échappatoires, ou pire, sans conformisme», a souhaité l’évêque de Rome à ses hôtes.
Une relation avec l’Église à approfondir
Improvisant son discours, il a ensuite particulièrement mis en garde contre les idéologies qui «ferment le panorama universel» et «détruisent l’humanité d’une personne». «Dans l’Église nous en avons aussi, beaucoup d’idéologies, parfois, qui ne font pas de bien», a-t-il regretté.
Le Successeur de Pierre a enfin parlé du Jubilé de 2025 qu’accueillera la Ville éternelle.
Nous ne sommes plus qu'à quelques années du Jubilé de 2025. L’occasion de rappeler qu’en 1303, trois ans après la première célébration jubilaire de 1300, fut créé par une bulle du Pape Boniface VIII le Studium Urbis –ou université de Rome, aujourd’hui La Sapienza-, «comme pour montrer en pratique et réaffirmer la relation native entre l'Église et l'institution universitaire, l'une des expressions les plus anciennes et paradigmatiques de la civilisation européenne, qui s'est ensuite développée dans le monde entier», a déclaré le Pape François. Il s’agit à présent de maintenir et renforcer cette relation, «dans la construction responsable et durable des voies du développement», a indiqué le Souverain pontife.
«Pèlerins de l’Espérance», la devise du prochain Jubilé, résume cet engagement «vers des objectifs partagés de vie, de bonté et de fraternité», a-t-il conclu.
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