Le Pape invite les religieuses supérieures à s'abaisser vers les vulnérabilités
Olivier Bonnel-Cité du Vatican
Le Pape François a reçu ce jeudi 5 mai dans la salle Paul VI du Vatican quelques 900 responsables de l'Union Internationale des Supérieures Générales (UISG), actuellement rassemblées à Rome pour leur assemblée plènière. Le Saint-Père, qui est arrivé en fauteuil roulant en raison de sa douleur à un genou a consigné son discours avant de se livrer à un échange, sous forme de questions-réponses. Dans son discours, il a repris le thème de assemblée plènière de l'UISG «Embrasser la vulnérabilité sur le chemin synodal», pour en développer les deux idées majeures. «En réfléchissant à ce thème de "l'acceptation de la vulnérabilité", deux scènes de l'Évangile me sont venues à l'esprit» a d'emblée confié le Pape. «La première est celle où Jésus lave les pieds de Pierre lors de la dernière Cène. La contempler nous amène à reconnaître à la fois la vulnérabilité de Pierre et la vulnérabilité que Jésus assume pour aller à sa rencontre».
En allant à la rencontre de Pierre, en décidant de lui laver les pieds, «le Fils de Dieu se place dans une position vulnérable, dans la position d'un serviteur». Ainsi, «avec Pierre, l'Église apprend de son Maître que, pour pouvoir donner sa vie au service des autres, elle est invitée à reconnaître et à accepter sa propre fragilité et, à partir de là, à s'incliner devant la fragilité des autres» a souligné le Pape. François a ainsi invité les différentes congrégation féminines à «accompagner le discernement» dans leurs communautés, «à entrer dans cette scène du lavement des pieds».
Ne pas se replier sur ses propres blessures
«La vie religieuse d'aujourd'hui reconnaît également sa vulnérabilité, même si elle l'accepte parfois avec difficulté. Nous nous étions habitués à être significatifs par notre nombre et par nos travaux, à être pertinents et considérés socialement. La crise que nous traversons nous a fait sentir nos fragilités et nous invite à assumer notre minorité» a encore souligné le Pape. L'évêque de Rome a expliqué que s'abaisser ne consiste pas à «se replier sur ses propres blessures et incohérences, mais s'ouvrir à la relation, à l'échange qui rend digne et guérit, comme ce fut le cas pour Pierre», soulignant que cet abaissement n'est en rien «une question de servitude».
«Comme Pierre et avec Pierre, nous sommes maintenant appelés, après avoir reconnu notre vulnérabilité, à nous demander quelles sont les nouvelles vulnérabilités devant lesquelles nous, en tant que consacrés, devons nous abaisser aujourd'hui» a poursuivi le Souverain pontife, exhortant les différentes congrégations et instituts religieux féminins à ne pas avoir peur dans la recherche de «nouveaux ministères et de nouvelles façons d'exercer l'autorité de manière évangélique».
La deuxième scène sur laquelle François s'est arreté est celle de Marie-Madeleine, qui «sait très bien ce que signifie passer d'une vie désordonnée et fragile à une vie centrée sur Jésus et le service de l'annonce». La figure de Marie-Madeleine vient nous rappeler que «Jésus compte sur elle comme son apôtre dans le témoignage de la résurrection, mettant sa fragilité transformée au service de l'annonce».
«Soyez des bâtisseurs de communion»
Le Pape a rappelé combien toutes ces religieuses représentaient de nombreux charismes, de nombreuses manières de lire l'Évangile et que chacun de ces charismes était né «pour la mission de l'Église». A la lumière de Pierre, comme de Marie-Madeleine, François les à invitées à se laisser regarder et transformer par Jésus afin de se mettre au service de l'humanité. Le développement de ces charismes se fait aussi dans le parcours synodal dans lequel l'Église s'est lancée. «Si le synode est avant tout un moment important d'écoute et de discernement, la contribution la plus importante que vous pouvez apporter est de participer à la réflexion et au discernement, en vous mettant dans une attitude d'écoute de l'Esprit et en vous abaissant comme Jésus pour rencontrer votre frère dans son besoin» a rappelé le Saint-Père.
L'évêque de Rome a ainsi invité les membres de l'UISG à être, durant ce processus synodal, «des bâtisseurs de communion», mais aussi «des tisseurs de nouvelles relations pour que l'Église ne soit pas une communauté d'anonymes, mais des témoins du Ressuscité, malgré notre fragilité». Le Pape a enfin expliqué que l'un des signes «de ce renouveau synodal doit être la prise en charge mutuelle», évoquant enutre autres ces «petites congrégations ou celles qui déclinent au point d'être difficilement viables», mais s'est dit convaincu que ce chemin synodal pourra permettre à l'avenir, de les rapporcher encore plus les uns des autres afin de se soutenir et de s'entraider.
«Je sais aussi que dans certains endroits, on s'inquiète du manque de vocations et du vieillissemen, a t-il conclu, mais l'important est de toujours être capable de donner une réponse fidèle et créative au Seigneur».
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