François: «la liturgie ne doit pas être un champ de bataille»
Olivier Bonnel - Cité du Vatican
Le Pape François a reçu ce samedi matin 7 mai les membres de l'Institut liturgique pontifical Saint-Anselme de Rome, l'institut théologique des bénédictins qui célèbre cette année ses 60 ans. Cette rencontre a été une occasion pour le Souverain pontife de développer une réflexion sur le développement de la vie liturgique et de son enseignement dans le monde d'aujourd'hui. «Trois dimensions se dégagent clairement de la volonté du Concile de renouveler la vie liturgique, a t-il relevé, la première est la participation active et fructueuse à la liturgie ; la deuxième est la communion ecclésiale animée par la célébration de l'Eucharistie et des sacrements de l'Église ; la troisième est l'élan donné à la mission évangélisatrice par la vie liturgique qui implique tous les baptisés».
Pour vivre et promouvoir une participation active à la vie liturgique, la clé est d'abord d'éduquer les gens «à entrer dans l'esprit de la liturgie», a souligné François. «S'imprégner de l'esprit de la liturgie, en ressentir le mystère, avec un émerveillement toujours nouveau. La liturgie n'est pas une possession, non, ce n'est pas une profession : la liturgie s'apprend, la liturgie se célèbre». Le Pape a invité l'Institut Saint-Anselme à «respirer» cet héritage.
Les dangers du formalisme liturgique
La participation à la liturgie doit se traduire «par un plus grand sens de l'Église, qui nous fait vivre évangéliquement en tout temps et en toute circonstance» a poursuivi François qui a aussitôt mis en garde contre «la tentation du formalisme liturgique». Le Pape a ainsi déploré la volonté de certains de «rechercher les formes, les formalités plutôt que la réalité, comme nous le voyons aujourd'hui dans ces mouvements qui tentent de revenir en arrière et de nier le Concile Vatican II». L'évêque de Rome a ainsi regretté que dans certaines liturgies antéconciliaires soient «quelque chose sans vie, sans joie».
François a ensuite salué le dévouement de l'Institut Saint-Anselme dans sa capacité à faire grandir ses élèves «dans la communion ecclésiale». «La vie liturgique, en effet, nous ouvre aux autres, aux plus proches de l'Église comme aux plus lointains, dans notre commune appartenance au Christ» a t-il souligné. «Rendre gloire à Dieu dans la liturgie trouve son pendant dans l'amour du prochain, dans l'engagement à vivre en frères et sœurs dans les situations quotidiennes, dans la communauté dans laquelle je me trouve, avec ses mérites et ses limites».
Le troisième aspect de la vie liturgique est l'envoi en mission. «Ce que nous vivons et célébrons nous amène à aller à la rencontre des autres, à la rencontre du monde qui nous entoure, à la rencontre des joies et des besoins de tant de personnes qui vivent peut-être sans connaître le don de Dieu» a poursuivi le Pape, soulignant combien l'Eucharistie poussait toujours à la charité.
«L'odeur du diable»
François a tenu à insister sur le fait que «la vie liturgique, et son étude, doivent conduire à une plus grande unité ecclésiale». «Lorsque la vie liturgique est une bannière de division, il y a l'odeur du diable là-dedans, le trompeur. Il n'est pas possible d'adorer Dieu et en même temps de faire de la liturgie un champ de bataille pour des questions qui ne sont pas essentielles, voire dépassées, et de prendre parti, à partir de la liturgie, pour des idéologies qui divisent l'Église» a-t-il assené.
Le Souverain pontife a souhaité rappeler les fruits du Concile Vatican II, un Concile, a t-il précisé, qui «a voulu préparer abondamment la table de la Parole de Dieu et de l'Eucharistie, pour rendre possible la présence de Dieu au milieu de son Peuple». Ainsi, par la prière liturgique, l'Église prolonge l'œuvre du Christ au milieu des hommes et des femmes de tous les temps. «Il faut étudier la liturgie tout en restant fidèle à ce mystère de l'Église» a exhorté le Saint-Père.
«Les défis de notre monde et du moment présent sont très forts. L'Église a besoin, aujourd'hui comme toujours, de vivre de la liturgie» a t-il conclu, expliquant que «nous devons poursuivre cette tâche d'être formés par la liturgie».
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