Le Pape exhorte le clergé sicilien à être proche des fidèles
Xavier Sartre – Cité du Vatican
La Sicile, terre de contrastes. L’île se trouve au centre de «parcours historiques» de peuples qu’elle a accueillis et intégrés, développant ainsi sa propre culture. Mais cela ne signifie pas pour autant que la Sicile soit un «havre de paix», estime le Pape François, s’adressant aux évêques et aux prêtres siciliens. On y trouve en effet «des comportements et des gestes marqués une grande vertu comme des brutalités cruelles», des trésors culturels à côtés de sites négligés, des hommes et des femmes de grande culture mais aussi des enfants et des adolescents déscolarisés qui sont privés d’une vie digne. Et ce n’est pas fini.
«La situation sociale actuelle de la Sicile est en nette régression depuis des années» poursuit le Pape. Preuve en est le dépeuplement du territoire en raison de la dénatalité et de l’émigration des plus jeunes, la faible confiance dans les institutions, le dysfonctionnement des services publics malgré les efforts de tant de personnes honnêtes. Autant de problèmes qui poussent les Siciliens à être amers et déçus par rapport à «la distance qui les sépare des zones les plus riches et développées du pays et de l’Europe», constate le Saint-Père.
Perte de confiance envers l’Église
La situation de l’Église locale est à l’avenant : chute des vocations sacerdotales et religieuses et surtout, souligne le Pape, «détachement croissant des jeunes» qui peinent à voir dans les paroisses et les mouvements ecclésiaux «une aide dans leur recherche du sens de la vie», et qui ne constatent pas toujours «un abandon clair des anciennes manières d'agir, erronées et même immorales, pour s'engager résolument sur la voie de la justice et de l'honnêteté». Or, rappelle le Pape, le prêtre est encore vu en Sicile comme un guide spirituel et moral, qui peut améliorer la vie civile et sociale de l’île. «L’attente des Siciliens envers les prêtres est grande et exigeante».
D’où la nécessité de se rappeler l’appel du Christ qui s’est uni aux prêtres. «Cette pleine unité, cette identification, on ne peut pas la limiter à la célébration mais la vivre pleinement à chaque instant de sa vie» affirme François qui insiste : «nous pasteurs, nous sommes appelés à embrasser complètement la vie de ce peuple». «Proximité, compassion et tendresse : c’est le style de Dieu mais c’est aussi celui du pasteur» pointe-t-il car l’identité sacerdotale n’est pas «une profession, mais un don, pas un métier».
Mise à jour liturgique
François salue les efforts d’unité exprimés notamment lors de la journée sacerdotale mariale. La valeur de «l’unité est vraiment cruciale surtout face à l’individualisme et à la fragmentation, sinon la division qui nous concerne tous». La confiance en Marie est aussi appréciée par le Saint-Père qui y voit, pour les prêtres siciliens, l’occasion de voir «la fécondité du célibat, parfois difficile à assumer, mais précieux et riche dans sa transparence».
Loin de se contenter de son discours écrit, le Pape poursuit son propos et admoneste son auditoire sur la question de la liturgie : soixante ans après le concile Vatican II, il faut se mettre à jour s’exclame-t-il. Inutile de faire des homélies où «l’on parle de tout et de rien». «Une pensée, un sentiment et une image, poum ! et les gens la gardent à l’esprit toute la semaine». Il fustige aussi «les dentelles et les médailles» «de la grand-mère». «C’est pour rendre hommage à la grand-mère, non ? vous avez tous compris, non ? C’est bien de rendre hommage à la grand-mère mais c’est mieux de célébrer la mère, la Sainte Mère l’Église, et comme la Mère l’Église veut être célébrée. Et que l’insularité n’empêche pas la vraie réforme liturgique que le Concile a entamé. Et ne restez pas quiétistes».
Autre mise en garde du Pape, contre le commérage cette fois. Un mal qui n’est pas spécifique à la Sicile mais qui concerne toute l’Église. «Le commérage est une peste qui détruit l’Église, détruit les communautés, détruit l’appartenance, détruit la personnalité».
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