Audience générale: le Pape plaide pour un magistère de la fragilité
«Ne m'abandonne pas alors que décline ma vigueur» (Ps71(70),9) Cette prière de la personne âgée du psaume 70 encourage «à méditer sur la forte tension» qui habite la condition de la vieillesse, «quand le souvenir des labeurs surmontés et des bienfaits reçus est mis à l'épreuve de la foi et de l'espérance», a d’emblée affirmé le Successeur de Pierre devant les fidèles.
En effet, l'épreuve se présente avec la faiblesse qui accompagne le passage par la fragilité et la vulnérabilité de la vieillesse. Et le psalmiste -un homme âgé qui se tourne vers le Seigneur- mentionne explicitement le fait que ce processus devient une occasion d'abandon, de tromperie, de prévarication et d'abus qui s’acharnent sur la personne âgée. «Une forme de lâcheté dans laquelle notre société est en train de se spécialiser», a dénoncé le Pape, expliquant: «Il ne manque pas, en effet, de gens qui profitent de l'âge de la personne âgée pour la tromper, pour l’intimider de mille manières. Nous lisons souvent dans les journaux ou entendons des nouvelles de personnes âgées qui sont escroquées sans scrupules afin de s'emparer de leurs économies ; ou qui sont laissées sans protection et abandonnées sans soins ; ou qui sont blessées par des formes de mépris et intimidées pour qu'elles renoncent à leurs droits. De telles cruautés se produisent également dans les familles», a-t-il énuméré.
Les personnes âgées, nombreuses et abandonnées
Et François de dénoncer la manière dont les personnes âgées sont «jetées, abandonnées dans des maisons de retraite», sans que leurs enfants ne leur rendent visite ou «s'ils y vont, ils y vont quelques fois par an». «Les personnes âgées mises au pied du mur de l'existence, cela arrive aujourd'hui dans les familles, cela arrive tout le temps. Nous devons y réfléchir», a enjoint le Pape.
Or, selon François, la société devrait s’empresser de s'occuper de ses personnes âgées, car «toujours plus nombreuses et souvent encore plus abandonnées». Il la lie à cette culture du déchet fréquemment visée, «cette culture qui empoisonne le monde».
Les paradoxes de la civilisation moderne
Les conséquences sont alors fatales: «La vieillesse non seulement perd sa dignité, mais on doute même qu'elle vaille la peine d’être vécue». Le Pape a ainsi interpellé l’assemblée: «Demandons-nous: est-ce humain d'induire ce sentiment ? Comment se fait-il que la civilisation moderne, si avancée et efficace, soit si mal à l'aise avec la maladie et la vieillesse? Et comment se fait-il que la politique, tant attachée à définir les limites d'une survie digne, soit en même temps insensible à la dignité d'une cohabitation affectueuse avec les personnes âgées et celles malades?»
«La honte devrait tomber sur ceux qui profitent de la faiblesse de la maladie et de la vieillesse», a assuré l’évêque de Rome, exhortant à ce que la personne agée «redécouvre la prière et témoigne de sa puissance».
«Les personnes âgées, en raison de leur faiblesse, peuvent enseigner à ceux qui sont à d'autres âges de la vie que tous nous avons besoin de nous abandonner au Seigneur, d'invoquer son aide. En ce sens, nous devons tous apprendre de la vieillesse: oui, il y a un don dans le fait d'être vieux, compris comme l'abandon de soi aux soins des autres, à commencer par Dieu lui-même», a-t-il relevé, évoquant «un magistère de la fragilité», horizon décisif pour réformer notre civilisation. «La marginalisation -conceptuelle et pratique- de la vieillesse corrompt toutes les saisons de la vie, et pas seulement celle de la vieillesse», en a conclu François.
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