Saints Pierre et Paul: le Pape exhorte à une Église humble, qui mène le bon combat
S’appuyant sur la première lecture du jour issue des Actes des Apôtres, le Pape François a relevé les paroles de l’ange à Pierre, incarcéré par le roi Hérode: «Lève-toi vite» (Ac 12, 7), ainsi que celles de Paul, qui, résumant toute sa vie et son apostolat, dit: «J’ai mené le bon combat» (2 Tm 4, 7). Dans son homélie, le Pape a ainsi proposé une méditation sur ces deux aspects, se lever à la hâte et mener le bon combat, à la lumière du processus synodal en cours.
Le risque de la médiocrité spirituelle
L'évêque de Rome a d'abord relevé que nous faisons encore l’expérience, aujourd'hui, «de nombreuses résistances intérieures» qui empêchent de se mettre en mouvement. Parfois, en tant qu’Église, nous sommes submergés par la paresse, a-t-il regretté, et nous préférons rester assis à contempler les quelques choses sûres que nous possédons, au lieu de nous lever pour jeter le regard vers des horizons nouveaux, vers la mer ouverte.
Le Pape a rappelé que, souvent, nous sommes enchaînés comme Pierre «dans la prison de l’habitude», «effrayés par les changements» et «liés aux chaînes de nos coutumes», glissant ainsi vers «la médiocrité spirituelle». Courre alors le risque de «vivoter» y compris dans la vie pastorale. «L’enthousiasme de la mission s’affaiblit et, au lieu d’être signe de vitalité et de créativité, on finit par donner une impression de tiédeur et d’inertie», a dénoncé le Souverain pontife, citant le père Henri de Lubac dont il affectionne les œuvres.
«Alors, le grand courant de nouveauté et de vie qu’est l’Évangile devient dans nos mains une foi qui «tombe dans le formalisme et dans l’habitude, [...] une religion de cérémonies et de dévotions, d’ornements et de consolations vulgaires [...]. Un christianisme clérical, un christianisme formaliste, un christianisme éteint et endurci» (Le drame de l’humanisme athée. L’homme devant Dieu, Milan 2017, 103-104).
Une Église sans chaînes ni murs
Le Saint-Père a ensuite évoqué le synode en cours, qui invite à devenir «une Église qui se tient debout», et non pas «repliée sur elle-même». Le Successeur de Pierre a exhorté à «une Église sans chaînes et sans murs, dans laquelle chacun peut se sentir accueilli et accompagné, dans laquelle on cultive l’art de l’écoute, du dialogue, de la participation, sous l’unique autorité de l’Esprit Saint». «Une Église libre et humble, qui "se lève en hâte", qui ne traîne pas, n’accumule pas de retards sur les défis actuels, ne s’attarde pas dans ses murs sacrés, mais qui se laisse animer par la passion pour l’annonce de l’Évangile et par le désir de rejoindre tout le monde et d’accueillir chacun».
Chacun a une mission
Le Pape a ensuite rapporté les paroles de Paul qui, repensant à toute sa vie, affirme: «J’ai mené le bon combat» (2 Tm 4, 7). En somme, que chacun accomplisse la mission qui lui est confiée et fasse sa part, a résumé François, chacun est appelé à être disciple missionnaire et à offrir sa contribution. Deux questions ont été posées par le Pape. La première: «Que puis-je faire, moi, pour l’Église?» Ne pas se plaindre de l’Église, mais s’engager pour l’Église, a-t-il répondu. «Participer avec passion et humilité: avec passion, car nous ne devons pas rester des spectateurs passifs; avec humilité, car s’engager dans la communauté ne doit jamais signifier occuper le centre de la scène, se sentir meilleur et empêcher aux autres de s’approcher. Église synodale signifie: tous participent, personne à la place des autres ni au-dessus des autres», a-t-il expliqué.
Ne pas se compromettre avec les logiques du monde
Mais participer signifie aussi mener à bien le «bon combat», selon le Pape, il s’agit en effet d’un «combat», car l’annonce de l’Évangile n’est pas neutre, elle ne laisse pas les choses telles qu’elles sont, «elle n’accepte pas de compromis avec les logiques du monde». Au contraire, a-t-il précisé, elle allume le feu du Royaume de Dieu là où règnent les mécanismes humains du pouvoir, du mal, de la violence, de la corruption, de l’injustice, de la marginalisation. Et alors apparaît la deuxième question: «Que pouvons-nous faire ensemble, en tant qu’Église?» «Nous ne devons certainement pas nous enfermer dans nos cercles ecclésiaux et nous clouer à certaines de nos discussions stériles, mais nous devons nous aider à être du levain dans la pâte du monde».
«Faites attention à ne pas tomber dans le cléricalisme, qui est une perversion», a mis en garde le Pape, invitant, en somme, à «être une Église qui promeut la culture du soin, la compassion envers les faibles et la lutte contre toute forme de dégradation». Le Saint-Père a enfin exhorté les archevêques récemment nommés et présents dans l’assemblée à «se lever en hâte», avec Pierre, «pour être des sentinelles vigilantes du troupeau et "combattre le bon combat"», avec Paul.
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