François: avec le Christ, passons de l’échec à l’espérance
Jean-Charles Putzolu - Vatican News
Les disciples d’Emmaüs et la basilique du Sanctuaire Saint-Anne-de-Beaupré à Québec ont un point commun: ils sont passés à une nouvelle vie. Les premiers partent d’un «échec» qui les habite après la mort de Jésus sur la Croix: l’échec d’un rêve qu’ils avaient suivi avec enthousiasme, explique François dans son homélie. Pourtant ils ne sont pas seuls sur le chemin vers Emmaüs, le dos tourné à Jérusalem. Jésus marche discrètement à leurs côtés. Et cette rencontre fait renaître l’espérance. De l’échec à l’espérance, c’est aussi l’histoire de la basilique dans laquelle le Souverain Pontife préside la messe ce jeudi 28 juillet. Une basilique détruite par un incendie en 1922, et reconstruite avec courage et créativité précisément par ceux qui n’ont pas tourné le dos à Jérusalem, qui n’ont pas fui devant les difficultés, mais ont préféré faire place à leur rêve et passer de l’échec à l’espérance.
Et le Saint-Père poursuit sur l’action des chrétiens devant l’échec: «face au scandale du mal et au Corps du Christ blessé dans la chair de nos frères autochtones, nous sommes plongés dans l’amertume et nous ressentons le poids de l’échec. Permettez-moi alors de m’unir spirituellement aux nombreux pèlerins qui parcourent ici la “Scala Santa”, qui évoque cette montée de Jésus au prétoire de Pilate; et de vous accompagner en tant qu’Église dans ces interrogations qui naissent du cœur chargé de douleur: pourquoi tout cela est-il arrivé? Comment cela a-t-il pu se produire dans la communauté de ceux qui suivent Jésus?». François met en garde contre la tentation de fuir devant l’échec: «il n’y a rien de pire, face aux échecs de la vie, que de fuir pour ne pas les affronter», dit-il, car l’Évangile révèle que c’est précisément dans les situations de désillusion, de douleur, de honte, que le Seigneur marche avec nous, comme il le fait sur la route d’Emmaüs en accompagnant les deux disciples.
Un nouveau regard
La présence du Christ ressuscité offre aux disciples, résignés et tristes, un nouveau regard sur les choses, en révélant le mystère de la mort et de la résurrection. «Il les aide à reprendre le chemin avec joie, à recommencer, à passer de l’échec à l’espérance», dit le Pape en demandant comment notre cœur peut-il encore s’embraser pour l’Évangile, comment nos yeux peuvent-ils être rouverts. «Lorsque nous sommes affligés par diverses épreuves spirituelles et matérielles, lorsque nous cherchons la voie vers une société plus juste et fraternelle, lorsque nous désirons nous remettre de nos déceptions et de nos fatigues, lorsque nous espérons guérir des blessures du passé et nous réconcilier avec Dieu et entre nous», poursuit l’évêque de Rome, il n’y a qu’un seul chemin, celui de Jésus: «Laissons-nous rencontrer par Lui; laissons sa Parole interpréter l’histoire que nous vivons comme individus et comme communauté et nous indiquer la voie pour guérir et pour nous réconcilier».
L’invitation est par conséquent de ne jamais céder à l’échec, de prendre le temps de «rompre le pain», de remettre la parole du Christ au centre de nos questions, de lui confier les peines que nous portons en nous. Par le Pain de l’Eucharistie, Jésus partage sa vie avec la nôtre, embrasse nos faiblesses, soutient nos pas fatigués et nous donne la guérison du cœur. Le Pain nous réconcilie «avec Dieu, avec les autres et avec nous-mêmes», et peut faire de nous «des instruments de réconciliation et de paix dans la société dans laquelle nous vivons».
Aucun effort n'est inutile
En s’adressant au Pape au terme de la messe, l’archevêque de Québec a remercié le pape pour ses mots et ses gestes d’encouragement: «vous avez pris la route pour venir marcher avec nous sur le chemin de la guérison et de la réconciliation», a dit le cardinal Gérald Cyprien Lacroix, assurant d’une démarche de l’église au Canada pour «extirper le mal à sa racine» et mener les communautés autochtones «assoiffées de justice, d’unité et de paix vers une guérison complète».
Exprimant sa reconnaissance au nom de nombreux canadiens, en premier lieu desquels les membres des Premières Nations, les Métis et les Inuit, le prélat souligne le «baume pour la guérison de profondes blessures» que répand la visite du pape en terre canadienne, comme «un élan nécessaire dans le processus de réconciliation tellement bénéfique pour la paix». Les résultats attendus ne surviendront cependant pas du jour au lendemain, continue le cardinal Lacroix, «ils exigent de formidables doses de résilience, des gestes sincères d’accueil et d’empathie». «Vous démontrez que nul effort n’est inutile», conclue l’archevêque de Québec, «que toute démarche de réconciliation exige une part importante de renoncement, une forte dose d’humilité, de compréhension et d’ouverture à la vie et à la culture des autres».
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