François: le bien, la tendresse et la sagesse sont des racines solides de l’humanité
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Les plus anciens occupent une place particulière dans le cœur de François, et le Saint-Père l’a montré à nouveau lors de la messe qu’il a célébrée ce mardi matin – heure canadienne – au Commonwealth Stadium d’Edmonton, plus grand stade à ciel ouvert du Canada. Environ 50.000 fidèles ont participé à la première messe de ce 37e voyage apostolique. L’épiscopat canadien et des membres de la Curie romaine – dont le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État du Saint-Siège, Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États, et le cardinal Marc Ouellet, préfet du Dicastère pour les évêques - étaient également présents.
Au lendemain d’une journée dédiée aux rencontres avec des communautés autochtones auxquelles il était venu renouveler sa demande de pardon, François a cette fois-ci attiré l’attention sur le rôle des personnes âgées et des grands-parents dans la société, et sur la place à donner à chaque génération. La journée se prêtait particulièrement à ces thèmes, puisque l’Église universelle fête le 26 juillet les saints Anne et Joachim, parents de la Vierge Marie et grands-parents de Jésus.
L’amour ne s’impose pas
L’homélie du Pape a débuté par une réflexion sur les racines de chaque individu, qui s’inscrit dans une lignée humaine particulière. «Nous sommes les enfants d’une histoire à préserver», a déclaré François, une histoire non «pas choisie, mais reçue comme don; et c’est un don que nous sommes appelés à préserver».
Pour accueillir et garder ce don, «nous devons prendre en charge ceux dont nous descendons, ceux qui n’ont pas seulement pensé à eux-mêmes, mais qui nous ont transmis le trésor de la vie», a expliqué le Souverain Pontife, décrivant ensuite le rôle éducatif et spirituel des parents et grands-parents.
Ces derniers nous ont en particulier «transmis quelque chose qui ne pourra jamais s’effacer en nous et, en même temps, ils nous ont permis d’être des personnes uniques, originales et libres».
Ils témoignent, et les saints Anne et Joachim avant eux, que «l’amour n’est jamais une contrainte, il ne prive jamais l’autre de sa liberté intérieure». Cet amour véritable qui pousse chacun vers sa vocation particulière est une leçon pour toute l’Église: «ne jamais opprimer la conscience de l’autre, ne jamais enchaîner la liberté de ceux que nous avons en face de nous et, surtout, ne jamais manquer d’amour et de respect pour les personnes qui nous sont confiées, ces trésors précieux qui conservent une histoire plus grande qu’eux», a décrit le Pape, reprenant par là quelques aspects approfondis au cours de son cycle de catéchèses sur les grands-parents et personnes âgées, développé lors des dernières audiences générales hebdomadaires à Rome.
Prendre la juste direction
Le Saint-Père a mis en garde contre l’oubli de ceux qui nous ont précédés, appelant à se rappeler leurs conseils passés lors des choix à faire aujourd’hui, ou même à élever un «petit sanctuaire familial» en leur mémoire, afin de «prier pour eux et en union avec eux».
«Dans le brouillard de l’oubli qui envahit notre époque mouvementée, il est fondamental de cultiver les racines. C’est ainsi que l’arbre grandit, c’est ainsi que l’avenir se construit», a déclaré le Souverain Pontife.
Puis la méditation de François s’est ouverte sur l’avenir. «Nous sommes artisans d’une histoire à construire», a-t-il souligné dans cette seconde partie. Et le Pape d’interpeller les fidèles présents dans le stade: «les grands-parents dont nous provenons et les personnes âgées qui ont rêvé, espéré et se sont sacrifiés pour nous, nous posent une question fondamentale: quelle société voulez-vous construire? Nous avons tant reçu des mains de ceux qui nous ont précédés: que voulons-nous laisser en héritage à notre postérité ?».
Il s’agit notamment de choisir entre la guerre ou la paix, le profit ou la fraternité, la destruction de la création ou sa protection, une foi éteinte ou bien vivante.
Choisir la vie
Le Saint-Père a ensuite mis en garde contre la tradition mal comprise, «qui ne se meut pas en ligne verticale – des racines aux fruits – mais en ligne horizontale – en avant/en arrière – qui nous conduit à la culture de "faire marche arrière" comme en un refuge égoïste», tout en maintenant le présent inchangé.
Les grands-parents et les personnes âgées, a poursuivi le Pape, ont «désiré voir un monde plus juste, plus fraternel et plus solidaire, et ils ont lutté pour nous donner un avenir. Maintenant, c’est à nous de ne pas les décevoir. Soutenus par eux, qui sont nos racines, c’est à nous de porter du fruit. Nous sommes les branches qui doivent fleurir et introduire de nouvelles graines dans l’histoire», a-t-il encouragé.
Mais la fleur unique que représente chacun d'entre nous ne marquera pas l’histoire «en fonction de l’argent qu’on gagne, de la carrière qu’on réalise, du succès et de la considération que l’on reçoit des autres». Les critères véritablement féconds sont ceux de la vie, de l’amour, du don de soi-même: «est-ce que je donne la vie? Est-ce que j’introduis dans l’histoire un amour qui auparavant n’y était pas?», sommes-nous «des tisseurs d’espérance, des constructeurs d’avenir, des artisans de paix»?
Le Successeur de Pierre a terminé son homélie en invoquant le saint couple du jour, espérant que leur intercession favorise l’éclosion d’un «avenir qui ne soit pas indifférent à ceux qui, désormais plus âgés, ont besoin de plus de temps, d’écoute et d’attention; un avenir où l’histoire de violence et de marginalisation subie par nos frères et sœurs autochtones ne se répète pour personne». «Allons de l’avant ensemble, rêvons ensemble», a-t-il conclu.
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