François: pour évangéliser, mieux vaut apprendre des saints
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Le Pape a reconnu malicieusement avoir rompu «le jeûne» du mois de juillet pour cette audience groupée, durant laquelle il a reçu les religieux de l’ordre basilien de saint Josaphat, de l’ordre de la Mère de Dieu, et de la Congrégation de la Mission, venus à Rome pour leurs chapitres généraux.
Le chapitre est un moment de «discernement communautaire», a rappelé François, au cours duquel on fait l’«une des expériences les plus belles et les plus fortement ‘ecclésiales’», à savoir «se mettre à l’écoute de l’Esprit en lui présentant les situations concrètes, les questions, les problèmes». C’est l’expérience des premiers chrétiens, «que nous sommes appelés à revivre dans l’aujourd’hui de l’Église et du monde».
Contribuer à l’évangélisation
Ce discernement doit conduire à s’interroger sur l’évangélisation, à se demander si les contenus, les méthodes, les instruments, le style de vie choisis selon un certain charisme «sont orientés vers le témoignage et l’annonce de l’Évangile».
Une certitude dans la diversité des charismes: ceux-ci contribuent à «l'édification de l'Église, et puisque l'Église (…) n'est pas une fin en soi mais qu'elle a pour but d'évangéliser, il s'ensuit que tous les charismes, sans exception, peuvent et doivent coopérer à l'évangélisation», a insisté le Souverain pontife. «La vocation de l’Église est d’évangéliser, la joie de l’Église est d’évangéliser», a-t-il ajouté.
Il ne sert à rien toutefois «de s’étendre dans des théories abstraites, mais il vaut mieux apprendre des saints», a continué l’évêque de Rome. Leur témoignage montre que l’évangélisation va de pair avec une vie intérieure soignée et habitée par le Seigneur. Le Pape a mentionné spécialement la prière d’adoration. «Je crois qu’à notre époque il y a le danger de l’oublier», a-t-il fait remarquer.
La fraternité, ou la recherche de l’harmonie
L’évangélisation passe également par la vie communautaire, «la voie maîtresse pour montrer l’appartenance au Christ», a déclaré le Pape. Mais cela ne va pas sans efforts quotidiens: conversion, «disponibilité à se mettre en question, vigilance sur les rigidités autant que sur une tolérance excessive et ‘arrangeante’». L’humilité et la simplicité du cœur, fruits de la Grâce divine, aident les religieux sur ce chemin.
La fraternité, a prévenu le Saint-Père, n’est pas une «chose mièvre, [ni] une concorde de façade, [ni] une homogénéité aplatie par la personnalité du supérieur ou de quelque chef. Non. Une fraternité libre, ayant le goût de la diversité et à la recherche d'une harmonie toujours plus évangélique. Comme dans un orchestre avec de nombreux instruments, où l'essentiel n'est pas l'habileté des solistes, mais la capacité de chacun à écouter tous les autres pour créer la meilleure harmonie possible», a-t-il décrit.
Témoigner d’une joie vraie
Et de cette manière de vivre la fraternité vient la joie. «Suis-je joyeux dans ma vocation, ou bien j’avance comme je peux et je cherche la joie ailleurs ?», a lancé le Pape aux religieux, avant de bien faire la distinction entre une joie informelle et venant du Christ, et un «sourire artificiel».
Cette joie «ne peut pas se cacher», elle est «contagieuse». C’est «la joie des saints et des saintes», qui, s’ils sont fondateurs, «ne le sont pas par naissance». Ils le deviennent par une double attraction, celle d’eux-mêmes vers le Christ, et celle de leurs frères et sœurs vers le Christ grâce à eux.
Le Pape a ensuite une nouvelle fois dénoncé les méfaits du bavardage. Puis il s’est exprimé plus particulièrement sur deux points non prévus dans son discours initial.
Prier pour l’Ukraine, lutter contre les abus
D’abord à propos de l’Ukraine, en s’adressant aux frères basiliens ukrainiens présents dans l’assemblée. Le Souverain pontife a vivement souhaité que l’on n’oublie pas «le drame de l’Ukraine» et de son peuple soumis au «martyre». Il a prié pour que le Seigneur «aie compassion de vous et (…) vous soit proche avec paix et le don de la paix».
Puis il a eu des mots très ferme pour condamner les abus. «Tolérance zéro pour les abus sur mineurs ou sur les personnes vulnérables, tolérance zéro, a-t-il imploré. S’il vous plait, ne cachez pas cette réalité. Nous sommes religieux, nous sommes prêtres pour amener les gens à Jésus, pas pour les "manger" avec notre concupiscence. (…) N'ayez pas honte de dénoncer : "Celui-ci a fait ceci, celui-là a fait cela..." "Je t’accompagne, tu es un pécheur, tu es un malade, mais je dois protéger les autres". S'il vous plaît, je vous le demande, tolérance zéro. On ne résout pas ce problème avec un transfert» de la personne d’un continent à l’autre, a déclaré le Saint-Père.
François a conclu son discours en invoquant l’Esprit Saint et en priant la Vierge Marie pour ces religieux capitulants.
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