Meeting de Rimini: François exhorte à l’amour désintéressé envers chacun
Dans un message signé du Cardinal Secrétaire d'État Pietro Parolin, le Saint-Père exhorte tous les organisateurs et participants à manifester «un amour gratuit pour l’homme, sans mesure et sans calcul». Cette passion du Christ pour le destin de chaque créature qui doit animer le regard du croyant envers tous. François présente le bon Samaritain comme un modèle de compassion inconditionnelle pour tous les frères et sœurs rencontrés sur le chemin; c'est pourquoi il entre en profonde résonnance avec le thème de la rencontre: «Prenons soin de la fragilité de chaque homme, de chaque femme, de chaque enfant et de chaque personne âgée, avec cette attitude de solidarité et de soin, l'attitude de proximité du Bon Samaritain».
À l'occasion du centenaire de la naissance du Serviteur de Dieu Mgr Luigi Giussani, les organisateurs de ce meeting entendent également rappeler avec reconnaissance son zèle apostolique, qui l'a poussé à rencontrer tant de gens et à apporter à chacun la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. «Le christianisme n'est pas né pour fonder une religion, il est né comme une passion pour l'homme. Amour pour l'homme, vénération pour l'homme, tendresse pour l'homme, passion pour l'homme, estime absolue pour l'homme», avait déclaré l'ecclésiastique italien dans son discours à la Rencontre de 1985.
La miséricorde
Mais il semble parfois que l'Histoire ait tourné le dos à ce regard du Christ sur l'homme. Le Pape François l'a souligné à de nombreuses reprises: «La fragilité de l'époque dans laquelle nous vivons, c'est aussi cela: croire qu'il n'y a pas de possibilité de rédemption, une main qui te soulève, une étreinte qui te sauve, te pardonne, te soulève, t'inonde d'un amour infini, patient, indulgent ; cela te remet sur les rails », (Le nom de Dieu est miséricorde. Conversation avec Andrea Tornielli, Cité du Vatican-Milan 2016, 31). C'est l'aspect le plus douloureux de l'expérience de tant de personnes qui ont connu la solitude pendant la pandémie ou qui ont dû tout abandonner pour échapper à la violence de la guerre.
C'est pourquoi la parabole du bon Samaritain est aujourd'hui, plus que jamais, un mot-clé, car il est clair que «les gens dans leur cœur attendent que le Samaritain leur vienne en aide, qu'il se penche sur eux, qu'il verse de l'huile sur leurs plaies, qu'il prenne soin d'eux et qu'il les porte, prenne soin d’eux et les amène au refuge», affirme le Saint-Père, «ils savent qu'ils ont besoin de la miséricorde de Dieu et de sa douceur, d'un amour salvateur qui se donne gratuitement». Ce n'est pas seulement une question de générosité, que certains aient plus et d'autres moins. Ici, Jésus veut nous mettre en face de la racine profonde du geste du bon Samaritain. Le pape François la décrit ainsi: «Reconnaître le Christ lui-même dans chaque frère abandonné ou exclu» (cf. Mt 25, 40, 45).
En réalité, selon le message du Pape transmis par le Secrétaire d'État Pietro Parolin, la foi remplit la reconnaissance de l'autre d'une motivation sans précédent, car celui qui croit peut arriver à reconnaître que Dieu aime tout être humain d'un amour infini et lui confère ainsi une dignité infinie. «Nous ajoutons à cela que nous croyons que le Christ a versé son sang pour chaque personne et que, par conséquent, personne ne reste en dehors de son amour universel» (ibid., 85).
Fraternité, une attention pour l’autre
Dans le choc de tous contre tous, où l'égoïsme et les intérêts particuliers semblent dicter l'ordre du jour dans la vie des individus et des nations, comment est-il possible de considérer ceux qui nous entourent comme un atout à respecter, à chérir et à soigner? Comment est-il possible de combler la distance qui nous sépare les uns des autres? La pandémie et la guerre semblent avoir creuser le fossé, faisant reculer le chemin vers une humanité plus unie et solidaire. «Mais nous savons que le chemin de la fraternité n'est pas tracé sur des nuages : il traverse les nombreux déserts spirituels présents dans nos sociétés», souligne François.
Dans le désert, avait dit le Pape Benoît XVI, «on redécouvre la valeur de ce qui est essentiel pour vivre; ainsi, dans le monde contemporain, il y a d'innombrables signes, souvent exprimés sous une forme implicite ou négative, de la soif de Dieu, du sens ultime de la vie». Et dans cette traversée, «on a surtout besoin de personnes de foi qui, par leur vie même, montrent le chemin vers la Terre promise et maintiennent ainsi l'espérance vivante» (Homélie de la messe d'ouverture de l'Année de la foi, 11 octobre 2012).
Le Pape François ne se lasse pas d'indiquer la voie du désert apportant la vie. Notre engagement, dit-il, ne consiste pas exclusivement en des actions ou des programmes de promotion et d'assistance; ce que l'Esprit met en marche n'est pas un excès d'activisme, mais avant tout une attention dirigée vers l'autre, en le considérant comme un avec soi-même. Cette attention pleine d'amour est le début d'une réelle préoccupation pour sa personne, où l'on veut en tirer une recherche effective de son bien (Exhortation apostolique Evangelii gaudium, 199).
Une personne ne peut pas faire le voyage de la découverte de soi seule, la rencontre avec l'autre est essentielle. En ce sens, le bon Samaritain nous montre que notre existence est intimement liée à celle des autres et que la relation avec l'autre est une condition pour devenir pleinement soi-même et porter du fruit. En nous donnant la vie, Dieu s'est en quelque sorte donné lui-même pour que nous nous donnions à notre tour aux autres.
L’amitié sociale
L'amour de l'autre pour ce qu'il est: une créature de Dieu, faite à son image et à sa ressemblance, donc dotée d'une dignité intangible, dont personne ne peut disposer ou, pire, abuser, c'est cette amitié sociale que, en tant que croyants, nous sommes invités à nourrir par notre témoignage, explique le Pape. «La communauté évangélisatrice se met, par des œuvres et des gestes, dans la vie quotidienne des autres, raccourcit les distances, s'abaisse jusqu'à l'humiliation si nécessaire, et assume la vie humaine, touchant la chair souffrante du Christ dans les personnes».
Le Saint-Père insiste pour appeler les chrétiens à cette tâche historique, pour le bien de tous, dans la certitude que la source de la dignité de chaque être humain et de la possibilité de la fraternité universelle est l'Évangile de Jésus incarné dans la vie de la communauté chrétienne. «Si la musique de l'Évangile cesse de vibrer au plus profond de nos cœurs, nous aurons perdu la joie qui naît de la compassion, la tendresse qui naît de la confiance, la capacité de réconciliation qui trouve sa source dans le fait de toujours savoir se pardonner. Si la musique de l'Évangile cesse de jouer dans nos foyers, sur nos places, sur nos lieux de travail, dans la politique et l'économie, nous aurons éteint la mélodie qui nous a poussés à lutter pour la dignité de chaque homme et de chaque femme», (Discours à la rencontre œcuménique, Riga - Lettonie, 24 septembre 2018).
Le Souverain Pontife souhaite enfin que les organisateurs et les participants de cette rencontre 2022, accueillent cet appel avec un cœur joyeux et disposé, en continuant à collaborer avec l'Église universelle sur le chemin de l'amitié entre les peuples, développant la passion pour l'homme dans le monde, par l'intercession de la Vierge Marie.
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