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Messe célébrée pour la Caritas Internationalis, le 23 mai 2019, Basilique Saint-Pierre Messe célébrée pour la Caritas Internationalis, le 23 mai 2019, Basilique Saint-Pierre 

Ministères dans l'Église: le Pape ouvre un dialogue avec les évêques

Un message du Pape François a été publié ce mercredi 24 août à l’occasion du 50e anniversaire du motu proprio "Ministeria quaedam" de Paul VI. Le Saint-Père y suggère une discussion avec les conférences épiscopales du monde entier sur les expériences de ces dernières décennies, afin de poursuivre le chemin sans faire des choix «qui sont le fruit de visions idéologiques».

Vatican News

Cinquante ans se sont écoulés depuis le motu proprio de Paul VI Ministeria quaedam, qui a réformé les ordres mineurs et institué les ministères laïcs. Le Pape François marque cet anniversaire par un message signé le 15 août dernier, dans lequel il annonce son intention d'entamer un dialogue avec les conférences épiscopales du monde entier «pour pouvoir partager la richesse des expériences ministérielles que l'Église a vécues au cours de ces cinquante années, tant comme ministères institués (lecteurs, acolytes et, tout récemment encore, catéchistes) que comme ministères extraordinaires et de fait».

L'objectif, explique le Souverain pontife, est «de pouvoir écouter la voix de l'Esprit et de ne pas arrêter le processus, en veillant à ne pas vouloir le forcer en imposant des choix qui sont le fruit de visions idéologiques». C'est pourquoi François estime qu'«il est utile de partager, d'autant plus dans le climat du chemin synodal, les expériences de ces années. Celles-ci peuvent offrir des indications précieuses pour arriver à une vision harmonieuse de la question des ministères baptismaux et ainsi poursuivre notre chemin».

Les semences jetées par Paul VI

Dans son message, François rappelle que le motu proprio de Paul VI a non seulement renouvelé la discipline des ordres mineurs et du sous-diaconat, «mais a offert à l'Église une perspective importante qui a eu la force d'inspirer des développements ultérieurs».

Cette possibilité de développer davantage les ministères a d’ailleurs été discutée lors du Synode sur l'Amazone, en 2019. Par la suite, le Pape François est intervenu sur la question avec deux lettres apostoliques: la première, Spiritus Domini, datée du 10 janvier 2021, a ouvert aux femmes l'accès au ministère institué de lecteur et d'acolyte. La seconde, Antiquum ministerium, du 10 mai 2021, a institué le ministère de catéchiste. «Ces deux interventions, explique le Saint-Père, ne doivent pas être interprétées comme un dépassement de la doctrine précédente, mais comme un développement ultérieur rendu possible parce que fondé sur les mêmes principes - conformes à la réflexion du concile Vatican II» qui avaient inspiré Paul VI.

Le Pape Montini, acceptant les demandes de nombreux Pères conciliaires, avait en effet, il y a cinquante ans, «reconnu la possibilité pour les Conférences épiscopales de demander au Siège Apostolique l'institution de ces ministères considérés comme nécessaires ou très utiles dans leurs régions. Même la prière d'ordination de l'évêque, dans la partie des intercessions, indique parmi ses principales tâches celle d'organiser les ministères».

Les deux fondements de chaque ministère

François explique que ce «thème est d'une importance fondamentale pour la vie de l'Église: en effet, il n'y a pas de communauté chrétienne qui n'exprime pas de ministères», comme le montrent les lettres de saint Paul, où l’Apôtre décrit «un ministère diffus, qui s'organise sur la base de deux fondements certains: à l'origine de tout ministère il y a toujours Dieu qui, avec son Esprit Saint, opère tout en tous» et «la finalité de tout ministère est toujours le bien commun, la construction de la communauté».

Chaque ministère est donc «un appel de Dieu pour le bien de la communauté». Grâce à ces deux fondements, la communauté chrétienne peut organiser «la variété des ministères que l'Esprit suscite en fonction de la situation concrète qu'elle vit». Cette organisation, écrit le Pape, «n'est pas un fait purement fonctionnel mais plutôt un discernement communautaire attentif, à l'écoute de ce que l'Esprit suggère à l'Église, dans un lieu concret et dans le moment présent de sa vie».

Ainsi, «toute structure ministérielle qui naît de ce discernement est dynamique, vivante, flexible comme l'action de l'Esprit: elle doit s'y enraciner toujours plus profondément pour ne pas risquer que le dynamisme devienne confusion, que la vivacité se réduise à une improvisation extemporanée, que la flexibilité se transforme en adaptations arbitraires et idéologiques».

Plutôt que les résultats immédiats, la docilité à l’Esprit

Dans ce message, François rappelle aussi que «l'ecclésiologie de communion, la sacramentalité de l'Église, la complémentarité du sacerdoce commun et du sacerdoce ministériel, la visibilité liturgique de chaque ministère sont les principes doctrinaux qui, animés par l'action de l'Esprit, rendent harmonieuse la variété des ministères».

La question des ministères baptismaux touche à divers aspects qui «doivent certainement être pris en considération: la terminologie utilisée pour désigner les ministères, leur fondement doctrinal, les aspects juridiques, les distinctions et les relations entre les différents ministères, leur valeur vocationnelle, les parcours de formation, l'événement instituant qui habilite à l'exercice d'un ministère, la dimension liturgique de chaque ministère». Des thèmes évidemment complexes, qui «doivent certainement continuer à être approfondis», reconnaît le Souverain Pontife, mais sans «prétendre les définir et les résoudre pour pouvoir ensuite vivre la ministérialité», car en agissant ainsi «nous ne pourrions probablement pas aller très loin».

C'est pourquoi, François cite ce qui était déjà écrit dans l'exhortation Evangelii gaudium, à savoir que «la réalité est supérieure à l'idée», qu'«un dialogue constant doit être établi entre les deux, en évitant que l'idée ne finisse par se séparer de la réalité», et que «le temps est supérieur à l'espace». Par conséquent, «plutôt que d'être obsédés par des résultats immédiats en résolvant toutes les tensions et en clarifiant tous les aspects, courant ainsi le risque de cristalliser les processus et, parfois, de prétendre les arrêter, nous devons suivre l'action de l'Esprit du Seigneur».

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24 août 2022, 14:17