Messe avec les nouveaux cardinaux: le Pape invite à rester étonnés et émerveillés
Delphine Allaire – Cité du Vatican
Lors de cette solennelle messe consistoriale, le Pape François a initié son homélie en évoquant «le double étonnement» suscité par les lectures de la célébration: l’étonnement de Paul devant le dessein de salut de Dieu et l’étonnement des disciples, dans la rencontre avec Jésus ressuscité qui les envoie en mission. «Deux terrains» qu’a souhaité pénétrer François afin que les cardinaux repartent de cette messe et de ces deux jours de réunion «plus aptes à "annoncer à tous les peuples les merveilles du Seigneur"».
Une ode à l’émerveillement
Ainsi, tout comme «nous sommes enchantés à la vue de l'univers qui nous entoure», l'émerveillement nous envahit lorsque nous considérons l'histoire du salut, a souligné l’évêque de Rome, faisant remarquer la beauté de la finalité du plan de Dieu: «Si, dans le cosmos, tout se meut ou s'arrête selon la force impalpable de la gravité, dans le plan de Dieu à travers le temps, tout trouve son origine, sa subsistance, sa destination et sa fin dans le Christ». Et le Pape d'interpeller les cardinaux: «Comment va votre étonnement, savez-vous encore ce qu'il signifie?»
Dans l'hymne paulinien, cette expression –«dans le Christ» ou «en Lui»- est le pivot qui soutient toutes les étapes de l'histoire du salut, note François, expliquant son propos: «Dans le Christ, nous avons été bénis avant la création; en Lui, nous avons été appelés; en Lui, nous avons été rachetés; en Lui, toute créature est ramenée à l'unité, et tous, proches et lointains, premiers et derniers, nous sommes destinés, par à l'action de l'Esprit Saint, à être à la louange de la gloire de Dieu».
Les bienfaits de la louange
Face à tel dessein, «la louange est de mise», avance le Pape: la louange, la bénédiction, l'adoration, la gratitude qui reconnaît l'œuvre de Dieu. «Une louange qui vit d'émerveillement, et qui est préservée du risque de tomber dans l'habitude tant qu'elle puise dans l’étonnement, tant qu'elle se nourrit de cette attitude fondamentale du cœur et de l'esprit: l'émerveillement», insiste le Saint-Père, avant de s’arrêter sur le second étonnement au cœur de l’Évangile du jour.
La divine mission d'évangélisation
Cette fois, ce n'est pas le plan de salut en lui-même qui nous enchante, mais le fait que Dieu nous implique dans son plan. C'est la réalité de la mission des apôtres avec le Christ ressuscité, affirme le Pape, admettant que nous pouvons difficilement imaginer dans quel état d'esprit les «onze disciples» ont écouté ces paroles du Seigneur: «Allez! De toutes les nations faites des disciples: baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde» (Mt 28, 19-20); et ensuite la promesse finale qui suscite espérance et consolation: «Je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde» (v. 20).
Ces paroles du Ressuscité ont encore la capacité de faire vibrer nos cœurs, deux mille ans après, soutient François. «L'insondable décision divine d'évangéliser le monde à partir de ce pauvre groupe de disciples, lesquels étaient encore dans le doute (cf. v. 17), ne cesse de nous étonner».
L'étonnement, la voie du salut
«Frères, cet étonnement est une voie de salut!», s’est alors exclamé le Pape, formulant ce souhait aux nouveaux cardinaux: «Que Dieu le conserve toujours vivant en nous, car il nous libère de la tentation de nous sentir "à la hauteur", de nourrir la fausse sécurité qu'aujourd'hui, en réalité, c'est différent, ce n'est plus comme au début, qu’aujourd'hui l'Église est grande, qu’elle est solide, et que nous sommes placés dans les rangs les plus élevés de sa hiérarchie...» Oui, il y a du vrai dans tout cela, a reconnu le Saint-Père, mais il y a aussi beaucoup d’erreurs par lesquelles le Trompeur cherche à mondaniser les disciples du Christ et à les rendre inoffensifs, a-t-il ajouté.
L'émerveillement, thermomètre de la vie spirituelle
«La Parole de Dieu réveille aujourd'hui en nous l'émerveillement d'être dans l'Église, d'être Église!», a lancé le Pape, louant ce double mystère «d'être béni dans le Christ et d'aller avec le Christ dans le monde». Et le Souverain pontife de rassurer les vingt nouveaux cardinaux venus des quatre coins du monde: «Cet étonnement ne diminue pas au fil des années, il ne disparait pas à mesure que nos responsabilités dans l'Église grandissent. Grâce à Dieu, non! Il se renforce, s’approfondit».
Et le Pape de glisser enfin cette «définition» d’un ministre de l'Église, imprégné dans les pas de saint Paul, de zèle apostolique et de préoccupation pour ses communautés: «Celui qui sait s'émerveiller devant le dessein de Dieu et qui, dans cet esprit, aime passionnément l'Église, prêt à servir sa mission où et comment le veut l'Esprit Saint».
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