Messe du Pape à Matera: retrouvons le goût du pain
Xavier Sartre – Cité du Vatican
Le mauvais temps sur la péninsule italienne n’a pas empêché le Saint-Père de rejoindre comme prévu Matera, situé en Basilicate, dans le sud de l’Italie pour conclure le Congrès eucharistique national, organisé par la Conférence épiscopale italienne (CEI), ni d’être à l’heure pour être accueilli par plus de douze mille fidèles réunis dans le stade communal.
Au centre, bien sûr, de son homélie, l’eucharistie, «source et sommet de la vie du chrétien», «sacrement de l’amour», «prophétie d’un monde nouveau». Le pain que Dieu nous donne, «n’est pas toujours partagé sur la table du monde», «n’a pas toujours le parfum de la communion» et «n’est pas toujours rompu dans la justice» comme l’Évangile de ce dimanche l’a montré.
Les richesses nous dépouillent de notre identité
Dans cet extrait, nous voyons que dans la vie du riche, il n’y a pas de place pour Dieu car «il n’adore que lui-même», à tel point qu’«on ne le définit que par un adjectif car il a maintenant perdu son nom». Une réalité encore bien triste de nos jours quand «nous confondons ce que nous sommes avec ce que nous avons» explique François. «C’est la religion de l’avoir et du paraître» qui, in fine, «nous laisse les mains vides». Au contraire, le pauvre Lazare, «malgré sa condition de pauvreté et de marginalisation», «peut garder sa dignité intacte parce qu’il vit en relation avec Dieu».
Cela nous montre «le défi permanent que l’Eucharistie lance à nos vies: adorer Dieu et non pas soi-même. Mettre Dieu au centre au lieu de la vanité du moi,» poursuit le Saint-Père. «Si nous nous adorons nous-mêmes, nous mourons dans l’asphyxie de notre petit moi; si nous adorons les richesses de ce monde, elles prennent possession de nous et nous rendent esclaves» précise-t-il, «et la vie nous présentera l’addition».
Redécouvrir l'adoration eucharistique
Or, en adorant le Seigneur, «nous recevons aussi un nouveau regard sur notre vie». «Je suis un enfant bien-aimé; je suis béni par Dieu» explique François. Le Seigneur, en nous revêtant de beauté, nous veut «libre de toute servitude»: «celui qui adore Dieu ne devient l’esclave de personne». Le Pape invite alors à redécouvrir la prière de l’adoration qui nous libère et rend notre dignité d’enfant.
«L’Eucharistie nous appelle à l’amour de nos frères et sœurs», continue François, pour que «notre vie soit du blé moulu et devienne du pain qui nourrit nos frères et sœurs». Si le riche échoue en cela, ce n’est pas le cas de Lazare. L’Évangile nous montre que «notre avenir éternel dépend de cette vie présente». «Si nous élevons des murs contre nos frères maintenant, nous restons emprisonnés dans la solitude et la mort, même après».
Le Pape constate que la parabole est encore d’actualité: «les injustices, les inégalités, la répartition inégale des ressources de la terre, les abus des puissants contre les faibles, l’indifférence aux cris des pauvres, l’abîme que nous creusons chaque jour en générant la marginalisation, ne peuvent nous laisser indifférents».
Se convertir grâce au pain
En tant que «prophétie d’un monde nouveau», l’Eucharistie, en tant que présence de Jésus, nous demande une conversion «de l’indifférence à la compassion, du gaspillage au partage, de l’égoïsme à l’amour, de l’individualisme à la fraternité» explique le Pape qui rêve ainsi d’une Église eucharistique, «faite de femmes et d’hommes qui rompent le pain pour tous ceux qui sont dans la solitude et la pauvreté, pour ceux qui ont faim de tendresse et de compassion, pour ceux dont la vie s’effrite parce que le bon levain de l’espérance fait défaut». Il rêve aussi d’une Église qui «sait se pencher avec compassion sur les plaies des souffrants, relever les pauvres, essuyer les larmes de ceux qui souffrent, se faire pain d’espérance et de joie pour tous».
Le Pape François souhaite que nous retrouvions le goût du pain, Jésus étant «la nourriture qui nourrit et guérit». Et «tandis que l’injustice et la discrimination à l’égard des pauvres se poursuivent dans le monde», Jésus nous envoie quotidiennement comme «apôtres de fraternité, de justice et de paix». Il faut retrouver le goût du pain aussi pour que l’Église soit eucharistique et mette Jésus en son centre et devienne «pain de tendresse et de miséricorde pour tous». Le Pape invite encore à retrouver ce goût du pain car «l’Eucharistie anticipe la promesse de la résurrection et nous guide vers la vie nouvelle qui l’emporte sur la mort».
Enfin, a conclu François, «quand l'espérance s'estompe et que nous sentons en nous la solitude du cœur, la lassitude intérieure, le tourment du péché, la peur de ne pas réussir, retournons encore au goût du pain».
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