«Il y a assez de nourriture dans le monde pour que personne ne dorme le ventre vide!»
Olivier Bonnel-Cité du Vatican
Ce jeudi 29 septembre est la journée internationale de sensibilisation aux pertes et gaspillages de nourriture, instaurées par l'ONU en 2020. Un défi toujours important au vu des chiffres des Nations unies. En effet, 14% des aliments consommés dans le monde sont perdus après la récolte, selon les données de la FAO (l'organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation), et on estime à 17 % la part de nourriture gaspillée au stade de la vente au détail et par les consommateurs.
Dans un message transmis à la FAO, le Pape François revient sur ce fléau du gaspillage pour en souligner l'injustice profonde. «Lorsque la nourriture n'est pas utilisée correctement, soit parce qu'elle est perdue ou gaspillée, nous sommes à la merci de la "culture du jetable", qui est une manifestation de désintérêt pour ce qui a une valeur fondamentale ou d'attachement à ce qui est sans importance» note-t-il.
«La perte et le gaspillage de nourriture sont vraiment déplorables parce qu'ils divisent l'humanité entre ceux qui ont trop et ceux qui manquent de l'essentiel, parce qu'ils augmentent les inégalités, génèrent l'injustice et privent les pauvres de ce dont ils ont besoin pour vivre dans la dignité» poursuit le Pape, rappelant que «le cri des affamés, privés d'une manière ou d'une autre de leur pain quotidien, doit résonner dans les centres où sont prises les décisions».
Le «paradoxe de l'abondance»
Dans son message, François invite aussi la communauté internationale à se mobiliser pour mettre fin «au lamentable "paradoxe de l'abondance", que mon prédécesseur saint Jean-Paul II avait dénoncé avec clairvoyance il y a trente ans (cf. Discours d'ouverture de la Conférence internationale sur la nutrition, 5 décembre 1992)». «Il y a assez de nourriture dans le monde pour que personne ne dorme le ventre vide !» tonne-t-il.
Selon les chiffres de la FAO, plus de 3 milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à une alimentation saine et 828 millions d'autres environ souffrent de la faim. La réduction du gaspillage reste donc essentielle. Le Pape François déplore aussi dans son message la spéculation que certains n'hésitent pas à faire sur l'alimentation. «C'est un scandale que les grands producteurs encouragent le consumérisme compulsif pour s'enrichir, sans même considérer les besoins réels des êtres humains. Il faut mettre fin à la spéculation alimentaire !» relève-t-il avec sévérité.
François rappelle également que les pertes et gaspillages de nourriture contribuent à l'augmentation des gaz à effet de serre (8 à 10% des émissions dans le monde selon l'ONU) et donc au réchauffement climatique. «La terre que nous exploitons avec avidité gémit à cause de nos excès consuméristes et nous supplie de cesser de la maltraiter et de la détruire en inversant le cours de nos actions» regrette-t-il.
Aussi, plaide le Souverain pontife, «chacun d'entre nous est appelé à réorienter son mode de vie de manière consciente et responsable afin que personne ne soit laissé pour compte et que chacun reçoive la nourriture dont il a besoin, tant en quantité qu'en qualité».
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