Le Pape François et des religieuses ukrainiennes place Saint-Pierre, à Rome, le 28 août 2019. Le Pape François et des religieuses ukrainiennes place Saint-Pierre, à Rome, le 28 août 2019. 

Le Pape s'exprime à la télévision portugaise

Le Pape François a accordé, lundi 11 août, une longue interview à la chaine portugaise TVI/CNN Portugal, diffusée en intégralité le 5 septembre. Parmi les sujets abordés, les JMJ 2023 dans le pays, ainsi que la guerre en Ukraine, le rôle des femmes dans l'Église et les cas d'abus dans la sphère ecclésiastique.

Gabriella Ceraso - Cité du Vatican

Le Pape François a accordé une interview le 11 août à TVI/CNN Portugal, diffusée le 5 septembre. Au cours de l'entretien, le Saint-Père a notamment annoncé sa conversation téléphonique du 13 août avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky.

L'Ukraine: apprendre à écouter

Face à la guerre en Ukraine, qui était le premier sujet évoqué dans cette entrevue, le dialogue est difficile, mais ce n'est qu'avec lui que l'on peut avancer, a déclaré François. Cela implique de mettre notre instinct de côté et écouter: car seuls ceux qui sont de purs instinctifs, comme les animaux, ne savent pas dialoguer. 

Interrogé sur un éventuel voyage à Kiev, le Saint-Père a fait référence aux conseils donnés à l'époque par son médecin concernant ses difficultés à voyager, jusqu'à sa visite au Kazakhstan prévue du 13 au 15 septembre. «Je ne peux pas y aller maintenant car après le voyage au Canada, mon genou a un peu souffert et le médecin me l'a interdit», a-t-il noté. Mais l'engagement dans la guerre est constant,  «J'accompagne tout ce que je peux avec ma douleur et mes prières. Mais la situation est vraiment tragique», a souligné François, rappelant avoir envoyé trois de ses représentants à Kiev pour se rendre «fortement présent».

 Les abus dans l'Église et la société: une monstruosité

Le Successeur de Pierre a par la suite évoqué les abus dans l'Église, une «monstruosité», quelque chose de «destructeur» et d'«humainement diabolique», selon lui.  La «tolérance zéro» doit continuer à ce sujet, a-t-il exhorté. «Un prêtre ne peut pas continuer à être prêtre s'il est un abuseur. Il ne peut pas (...). Malade ou criminel, il existe pour conduire les hommes à Dieu et non pour les détruire au nom de Dieu». «Cela me fait souffrir», a expliqué François, «mais il faut y faire face: dans l'Église, dans la famille, [aussi] dans toute culture de l'abus qui est malheureusement très répandue et qui, cependant, ne doit pas être cachée (...). Je suis responsable que cela ne se reproduise plus».

JMJ: se mettre à l'écoute de la créativité des jeunes

Un place particulière a été accordée au cours de l'entretien au thème de la jeunesse et à la préparation des JMJ, qui se tiendront au Portugal en août 2023. Francois y a garanti sa présence par une plaisanterie: «Je pense que je vais y aller. Le Pape y va. Soit François va, soit Jean XXIV y va, mais le Pape va». Ces Journées mondiales seront une occasion de «réconciliation» dans un moment difficile pour l'Église du Portugal, lié à l'affaire des abus. François souhaite y relancer la proximité et le dialogue.

Enfin, François a tenu a louer la créativité des jeunes et souligner leur besoin d'écoute et de réponses. L'avenir, a une fois de plus répété François, commence par les racines.


Ouverture de l'Église aux femmes, un «acte de justice» 

Poursuivant l'entretien, le Souverain pontife est revenu sur la récente réforme interne de l'Église, avec le motu proprio «Traditiones Custodes» et la lettre apostolique «Desiderio Desirevi», puis sur le rôle des femmes dans l'institution. François a répété que la liturgie, qui est la grande œuvre d'adoration et de louange de l'Église à Dieu, devait être bien célébrée et donc disciplinée. Concernant la présence des femmes dans diverses sphères de la curie comme du Gouvernorat de l'État du Vatican, il a expliqué qu'il ne s'agissait pas d'une «mode féministe» mais bien d'un «acte de justice» car les femmes ont été culturellement mises à l'écart. Tous les baptisés, dit-il, ont le droit de faire quelque chose pour l'Église. «Ici, tous les baptisés ont une place. C'est quelque chose que je n'ai pas inventé, mais qui existe depuis 20 ou 30 ans et qui est lentement mis en œuvre».

Les exemples s'inspirent d'entretiens personnels ou d'expériences passés, soulignant que les femmes ont une manière différente d'agir car elles pensent différemment. Les femmes sont par ailleurs «chargées de continuer à être la mère de l'Église, et donc d'élire les évêques. Il est bon qu'il y ait des femmes qui réfléchissent à la manière dont les évêques doivent être», a demandé le Pape. La spécificité de la femme, selon le Pontife, est aussi cette «qualité de Dieu qu'est la tendresse». Des propos inspirés de grandes figures féminines de la Bible: Judith, qui défend courageusement son peuple, et bien sûr Marie, la femme par excellence en qui on trouve force, service, féminité.

Regarder l'avenir avec espoir

Comment est la vie du Pape, comment il passe ses vacances et d'où il tire la force de croire en la victoire du bien sur le mal qui semble triompher aujourd'hui, ont été les dernières réflexions de l'interview. François a passé ses vacances d'été au Vatican «à lire, écouter de la musique et prier». Wagner et l'opéra sont les favoris de François, pour des journées qui commencent tôt, à quatre heures du matin, et se terminent à dix heures du soir. La force de croire au bien vient de Jésus, Seigneur de l'histoire: depuis toujours, rappelle le Pape, les époques ont eu du bon et du mauvais, elles ont vu pousser ensemble le blé et l'ivraie.

Enfin, à la demande finale d'une parole pour éclairer le chemin de l'Église portugaise à la veille des JMJ, vient la réponse de François: ne vous refermez pas sur vous-mêmes, regardez au-delà, gardez l'horizon large et élargissez votre cœur.

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06 septembre 2022, 09:45