Audience générale: le discernement implique un travail d’introspection
Poursuivant son cycle de catéchèse sur le discernement, le Pape François l’a relié ce mercredi à «la connaissance de soi-même» qu’il implique. «Souvent, nous ne savons pas discerner parce que nous ne nous connaissons pas suffisamment et ne savons pas non plus ce que nous voulons vraiment», a avancé l’évêque de Rome, expliquant que les doutes spirituels et les crises de vocation sont souvent sous-tendus par «un dialogue insuffisant entre la vie religieuse et notre dimension humaine, cognitive et affective».
Le Pape a cité l’auteur Thomas Green dans Il grano e la zizzania, (Le grain et la zizanie), Rome, 1992: «J'en suis venu à la conviction que le plus grand obstacle au véritable discernement n'est pas la nature intangible de Dieu, mais le fait que nous ne nous connaissons pas suffisamment, et que nous ne voulons même pas nous connaître tels que nous sommes vraiment. Nous nous cachons presque tous derrière un masque, non seulement devant les autres, mais aussi lorsque nous nous regardons dans le miroir».
La capacité de s'arrêter
Ainsi, le Pape assure que «l'oubli de la présence de Dieu dans notre vie va de pair avec l'ignorance sur nous-mêmes», les caractéristiques de notre personnalité et nos désirs les plus profonds. Se connaître soi-même n'est pas difficile, mais c'est fatigant, reconnaît-il, admettant «un patient travail d'introspection». «Cela requiert la capacité de s'arrêter, de "désactiver le pilote automatique", pour prendre conscience de notre façon de faire, des sentiments qui nous habitent, des pensées récurrentes qui nous conditionnent, souvent à notre insu», poursuit le Saint-Père, réaffirmant la distinction entre les émotions et les facultés spirituelles. «"Je sens" n'est pas la même chose que "Je suis convaincu"; "Je me sens de" n'est pas la même chose que "Je veux"», a-t-il rappelé.
La vie spirituelle a ses «mots de passe»
«S'en rendre compte est une grâce!», a lancé le Pape, recourant à la métaphore informatique. «À l'ère des technologies de l'information, nous savons combien il est important de connaître le mot de passe pour accéder aux programmes où se trouvent les informations les plus personnelles et les plus précieuses. La vie spirituelle a aussi ses "mots de passe" : il y a des mots qui touchent le cœur parce qu'ils font référence à ce à quoi nous sommes le plus sensibles», a soutenu l’évêque de Rome.
Or, dit le Pape, le tentateur connaît bien ces mots-clés, il est donc important que nous les connaissions aussi, pour ne pas nous retrouver là où nous ne voulons pas être, assure-t-il.
«La tentation ne suggère pas nécessairement de mauvaises choses, mais souvent des choses désordonnées, présentées avec une importance excessive. Elle nous hypnotise ainsi par l'attraction que ces choses suscitent en nous, des choses belles mais illusoires, qui ne peuvent pas tenir leurs promesses, nous laissant à la fin avec un sentiment de vide et de tristesse», a déploré François, précisant qu’il peut s'agir de diplômes, la carrière, les relations, toutes choses en soi louables, mais envers lesquelles, «si nous ne sommes pas libres, nous risquons de nourrir des attentes irréelles, comme la confirmation de notre valeur».
Grandir dans la liberté
«C'est pourquoi il est important d'apprendre à se connaître, de connaître les mots de passe de notre cœur, ce à quoi nous sommes le plus sensibles, de se protéger de qui se présente avec des mots persuasifs pour nous manipuler, mais aussi de reconnaître ce qui est vraiment important pour nous, en le distinguant des modes du moment ou des slogans tape-à-l'œil et superficiels», a-t-il ajouté, proposant l’examen de conscience comme aide à cet égard.
«Seul le Seigneur peut nous donner la confirmation de ce que nous valons. Il nous le dit chaque jour de la croix: il est mort pour nous montrer combien nous sommes précieux à ses yeux. Aucun obstacle ou échec ne peut empêcher sa tendre étreinte. La prière et la connaissance de soi-même nous permettent de grandir dans la liberté», a ainsi conclu le Souverain pontife.
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