Angélus de la Toussaint: la paix s’obtient en désarmant les cœurs
Delphine Allaire – Cité du Vatican
«Alors que nous célébrons tous les saints, nous pourrions avoir une impression trompeuse, pensant que nous célébrons ces sœurs et ces frères qui, dans la vie, étaient parfaits, toujours droits, précis, "amidonnés"», constate d’emblée François, réfutant cette vision stéréotypée d’une «sainteté parfaite» à l’opposé de l’Évangile. Ainsi le Pape explique combien les Béatitudes de Jésus (cf. Mt 5, 1-12), qui représentent «la carte d'identité des saints», montrent le contraire, en parlant «d'une vie à contrecourant et révolutionnaire».
La paix pousse dans le silence
Par exemple, à travers la béatitude «Heureux les artisans de paix» (v. 9), «nous voyons que la paix de Jésus est très différente de ce que nous imaginons», note François, détaillant cette autre vision de la paix du Christ. «Souvent, ce que nous voulons, c'est être en paix, être laissés seuls, n'avoir aucun problème mais être tranquilles. Jésus, en revanche, ne dit pas ‘’heureux ceux qui sont en paix’’, mais ceux qui font la paix, les bâtisseurs, les artisans de paix».
Une différence de taille, la paix doit être construite et comme toute construction nécessite «engagement, collaboration, patience», énonce le Pape, citant le Livre de Zacharie dans l’Ancien Testament: «Nous voudrions que la paix tombe d'en haut, mais la Bible parle de "semence de paix" (Za 8,12), parce qu'elle germe du terrain de la vie, de la semence de notre cœur»; la paix pousse dans le silence, jour après jour, à travers les œuvres de justice et de miséricorde, comme nous le montrent les témoins lumineux que nous célébrons aujourd'hui, poursuit le Successeur de Pierre.
«Démilitariser le champ du cœur»
Si nous sommes portés à croire que la paix vient par la force et le pouvoir: pour Jésus, c'est le contraire. «Sa vie et celle des saints nous disent que la semence de paix, pour pousser et porter du fruit, doit d'abord mourir», assure François, rappelant que la paix ne s'obtient pas en conquérant ou en vainquant quelqu'un: «elle n'est jamais violente, elle n'est jamais armée».
Le Pape de s’interroger: «Comment devient-on alors un artisan de la paix?» Tout d'abord, il faut désarmer le cœur, répond-il. Parce que nous sommes tous «équipés de pensées agressives et de mots tranchants», et nous pensons nous défendre «avec les barbelés de la plainte et les murs en béton de l'indifférence», la semence de paix appelle «à démilitariser le champ du cœur». Comment? En nous ouvrant à Jésus, qui est «notre paix»; en nous tenant devant sa Croix, qui est la chaire de la paix; en recevant de lui, dans la Confession, «le pardon et la paix». Être des saints ne relève finalement pas de notre capacité, car «c'est Son don, c'est une grâce».
L'artisan de paix vainc sur Terre comme au Ciel
Appelés fils de Dieu, ces artisans de paix, ajoute François, ne semblent pas à leur place dans le monde. «Ils ne cèdent pas à la logique du pouvoir et de la prédominance». Et si au Ciel ils seront les plus proches de Dieu, en réalité, même sur Terre, «le prévaricateur reste les mains vides, tandis que celui qui aime et ne blesse personne sort en vainqueur».
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