Le Pape François et sa famille argentine, des liens toujours étroits
Entretien réalisé par Marie Duhamel - Cité du Vatican
Le Pape François est ce week-end dans le diocèse d’Asti, au nord de l’Italie, pour célébrer en privé les 90 ans d’une de ses cousines, la descendante d’un frère de son grand-père, Carlo Bergoglio, le seul de la fratrie à ne pas avoir immigré en Argentine. Depuis son accession au trône de Pierre, Jorge Maria Bergoglio n'a jamais caché sa proximité avec sa terre natale. Ses liens sont particulièrement fort avec sa petite sœur, Maria Elena, âgée de 75 ans, qu'il a régulièrement au téléphone. Retour sur cette proximité avec le journaliste suisse Arnaud Bédat, auteur de l'ouvrage François l'Argentin (Flammarion, 2014):
Quand on lui dit «mais Maria Elena, vous ne voyez plus votre frère maintenant qu'il est à Rome, elle dit je m'en fiche, je le vois tous les jours à la télévision». Elle regarde mais elle ne commente pas. Elle est remarquablement discrète, mais elle le suit évidemment beaucoup à travers la télévision. Et puis grâce au téléphone, parce qu'évidemment son frère l'appelle. Elle est aujourd'hui dans un lieu, qui est, et je le dis souvent en rigolant, l'adresse sans doute la plus secrète de Buenos Aires, où elle est entourée de différentes personnes.
Et puis elle a un téléphone, un vieux Nokia, je crois, autour du cou, et il y a seulement trois personnes qui ont son numéro. Il y a ses deux fils, évidemment, et puis il y a son frère. C'est le téléphone sur lequel son frère l'appelle environ tous les quinze jours, ce rendez-vous avec lui est très important pour elle.
Comment est-ce qu'on arrive à maintenir du lien familial et selon quelles modalités en étant si loin?
C'est une famille qui a aussi tout un parcours de vie. Cela n'a pas été facile le début de la famille Bergoglio en Argentine, donc ils ont appris aussi à lutter contre l'adversité. Et puis je peux vous faire une petite confidence: chaque fois que j'allais voir Maria Elena, depuis 2013 et je l’ai vue à peu près chaque année, voire deux fois par an, elle me disait tout le temps: «Tu crois que Jorge, il va venir quand en Argentine ?» C’était sa question récurrente chaque fois que j'allais la voir. La dernière fois que j'étais allé la voir, fin juin début juillet, elle ne m'a pas posé la question, comme si elle connaissait la réponse, mais je ne me suis pas permis de lui demander.
En tout cas, le contact est là. Vous parliez d'appels tous les quinze jours, donc c'est quand même un contact très régulier…
C'est un contact très régulier et je sais que quand le Pape appelle, souvent il parle aussi avec d'autres personnes qui sont autour de Maria Elena, il a le goût d'avoir un peu d'Argentine je crois à travers le téléphone. Et puis il y a évidemment cette blague récurrente du Pape qui dit «je ne veux pas faire trop long, ne pas ruiner les caisses du Vatican».
Le Pape, quand il était cardinal allait visiter à peu près tous les parents, les oncles, les tantes, des amis d'enfance dans les maisons de retraite. Il y a vraiment quelque chose de l'ordre de la famille au sens très large…
Oui il y a ce que j'appelle, moi, «le petit monde de Bergoglio», le petit monde qui a façonné le futur Pape à Buenos Aires. Et évidemment, il y a sa famille, les membres de sa famille, les membres du clergé dont il a été proche effectivement, la pension de Flores avec les vieux prêtres retraités où ils allaient régulièrement, notamment à Noël. Il est très proche de toute sa famille. Il a baptisé les enfants, les fêtes de Noël se faisaient à la cathédrale, Maria Elena et ses deux enfants allaient le visiter à la cathédrale. Et puis il y a aussi cette italianité du Pape François qui transparaît aujourd'hui avec ce voyage à Asti. Il est resté aussi très italien, on parlait italien à la maison, il adore les repas italiens.
J'ai un peu l'impression que ce voyage, c'est sur un retour affectif vers quelque chose qu'il a laissé à Buenos Aires et qu'il transpose toutefois un tout petit peu aujourd'hui dans le Piémont où il allait souvent, notamment quand il était en Allemagne pour faire sa thèse qu’il n'a jamais achevée.
Il allait voir sa famille, la famille lointaine d'Italie, dans le Piémont, pour garder ce lien aussi avec l'Argentine. Il créé aujourd'hui tout ce qu’il peut pour garder ce lien. Évidemment, la grande question que tout le monde se pose c’est s’il retournera en Argentine un jour ou pas. C'est la question que se posent surtout ses amis, les derniers fidèles qui sont très discrets et pas forcément connus du grand public.
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