La visite familiale du Pape à Asti, entre mémoire et avenir
Alessandro Gisotti – Cité du Vatican
Le voyage qui mène le Pape à Asti dans le Piémont, patrie de sa famille, se mesure aussi bien en années qu'en kilomètres. La visite, motivée par le 90e anniversaire d'une cousine, revêt naturellement une forme privée pour préserver la dimension familiale. Cependant, bien que confidentiel, cet événement n'en est pas pour aurant distant. Cette communauté piémontaise, ainsi que les vicissitudes de la famille Bergoglio -une famille de migrants comme tant d'autres dans l'Italie du siècle dernier- nous appartiennent d'une certaine manière.
Le Pape en a parlé à plusieurs reprises, il nous a «invités» à être les hôtes de sa maison, à rencontrer avant tout sa grand-mère Rosa, une figure fondamentale de sa formation humaine, qui lui a transmis la première annonce chrétienne «en dialecte».
La foi se transmet dans la famille
Parce que la foi, il l'a rappelé à plusieurs reprises, se transmet dans la langue parlée en famille, elle est absorbée avec l'air que l'on respire entre les murs de la maison, où le parfum de l'Évangile a le goût de la maison. Ce dialecte piémontais, appris à Buenos Aires, à des milliers de kilomètres des terres où il est parlé, le Pape s'en souvient encore et dans certaines situations, il resurgit naturellement du coffre à trésors du passé pour revenir à la vie.
Au cours de ces quasi dix ans de pontificat, le Pape a souvent souligné l'importance des racines, du «retour à la maison», même simplement avec le cœur, là où cela n'est pas possible autrement. Il l'a fait en partageant des anecdotes et des souvenirs personnels, en les entrelaçant parfois avec des poèmes qui l'ont particulièrement frappé. Comme celui de Hölderlin dédiée à sa propre grand-mère le jour de son anniversaire ("Bénis encore une fois le petit-fils, que l'homme tienne ce que l'enfant a promis") ou celui du poète argentin Bernárdez ("Ce qu'a fait fleurir l'arbre, vient de ce qu'il a enterré").
Sagesse du temps, élan de l'avenir
La mémoire, nous a toujours dit le Pape, n'est cependant pas la vénération des cendres, mais la garde du feu. La sagesse du temps ne peut donc être séparée de l'élan vers demain. À cet égard, une singulière coïncidence dans cette visite de la région d'Asti est frappante: si le samedi aura en effet pour trait distinctif celui de la mémoire, le lendemain prendra au contraire celui de l’avenir. La messe que le Pape célébrera dans la cathédrale d'Asti en la solennité du Christ Roi coïncide en effet (précisément sur demande de François) avec les Journées mondiales de la jeunesse au niveau diocésain. De nombreux jeunes de toute la région participeront donc à la célébration de cette «rencontre tant attendue», comme l'indique la devise de la visite.
Songes et prophéties
Les jeunes et les personnes âgées. Lors de sa première JMJ, celle qu'il a vécue à Rio de Janeiro quelques mois après son élection à la chaire de Pierre, François a souligné l'importance de la rencontre «entre les générations, surtout au sein de la famille» et s'est dit convaincu que «les enfants et les personnes âgées construisent l'avenir des peuples». Il s'agit de la prophétie de Joël, si souvent évoquée par le Souverain pontife comme «la prophétie de notre temps»: «Vos vieillards auront des songes, vos jeunes auront des visions et ils prophétiseront».
Après tout, et nous le voyons aussi dans ce changement dramatique d'époque, le progrès d'une société peut être «mesuré» par la façon dont elle prend soin de ses jeunes et de ses vieux. Cette visite «privée» revêt alors une signification universelle, car elle nous parle du dialogue entre générations, entre grands-parents et petits-enfants. En partant de l'histoire d'une grand-mère qui, forte de sa foi en Jésus, a su se battre pour sa famille et «réaliser les rêves» du petit-fils qui deviendrait un jour Pape.
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