«Laissons-nous surprendre par la présence de Dieu qui nous attend parmi les pauvres»
Olivier Bonnel-Cité du Vatican
Comme le veut la tradition en cette journée des fidèles défunts, le Pape a célébré la messe du 2 novembre en mémoire des cardinaux et évêques décédés lors de l'année écoulée. Dans son homélie, François est revenu sur deux notions-clé que révèlent les lectures du jour: l'attente et la surprise. «L'attente exprime le sens de la vie, car nous vivons dans l'attente de la rencontre: la rencontre avec Dieu, qui est la raison de notre prière d'intercession aujourd'hui, en particulier pour les cardinaux et les évêques décédés au cours de l'année écoulée, pour lesquels nous offrons ce Sacrifice eucharistique en suffrage» a expliqué le Saint-Père.
Le Seigneur dit «quelque chose qui réchauffe nos cœurs» a-t-il poursuivi, à savoir qu'il «fera disparaitre la mort pour toujours» et «essuiera les larmes sur tous les visages», comme le rappelle le prophète Isaïe. Dans cette attente joyeuse, le Pape a invité les fidèles à cultiver «notre attente du ciel» et à exercer «notre désir du paradis». «Cela nous fait du bien aujourd'hui de nous demander si nos désirs ont quelque chose à voir avec le Ciel, a encore souligné le Souverain pontife, car nous risquons d'aspirer constamment à des choses qui passent, de confondre les désirs avec les besoins, de faire passer les attentes du monde avant celles de Dieu».
Est-ce que je cultive l'espérance?
François a invité les fidèles à l'introspection, les encourageant à regarder «vers le haut, car nous sommes en route vers le Très-Haut, tandis que les choses d'ici-bas ne monteront pas là-haut». Dans ce voyage vers l'infini vers lequel nous tendons, demandons-nous ainsi si nous vivons ce que nous professons dans le Credo a-t-il invité: «Est-ce que j'attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir? Et comment se passe mon attente? Est-ce que je vais à l'essentiel ou suis-je distrait par de nombreuses choses superflues? Est-ce que je cultive l'espérance ou est-ce que je continue à me plaindre parce que j'accorde trop de valeur à tant de choses qui n'ont pas d'importance?».
L'Évangile en ce sens nous apporte les réponses, a rappelé François, développant le terme de la «surprise». Cette surprise est grande à chaque fois que nous écoutons le chapitre 25 de l'Évangile de Saint Matthieu: «Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu…? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire?...» «Ainsi s'exprime la surprise de tous, l'étonnement des justes et la consternation des injustes» a relevé le Pape.
Les compromis avec l'Évangile
«Dans le tribunal divin, le seul chef de mérite et d'accusation est la miséricorde envers les pauvres et les exclus», a poursuivi l’évêque de Rome, soulignant que «Le Très-Haut habite dans le plus petit, Celui qui habite dans les cieux habite parmi les plus insignifiants du monde. Quelle surprise!» a-t-il martelé. Pour nous préparer au Royaume, nous savons ce qu'il faut faire a encore souligné François: aimer gratuitement et sans attente de réciprocité, ceux qui sont sur sa liste des préférences, ceux qui ne peuvent rien nous donner en retour, ceux qui ne nous attirent pas.
Le Pape a aussi regretté les "compromis avec l'Évangile" qu'il faut avoir l’honnêteté de reconnaître. «Aider les pauvres oui, mais alors les injustices doivent être traitées d'une certaine manière et alors il vaut mieux attendre, aussi parce que si vous vous engagez alors vous risquez d'être dérangé tout le temps et peut-être que vous vous rendez compte que vous auriez pu faire mieux! Être proche des malades et des détenus, oui, mais à la une des journaux et sur les réseaux sociaux, il y a d'autres problèmes plus urgents, alors pourquoi devrais-je m'y intéresser ? Accueillir les migrants oui, mais c'est une question générale compliquée, cela concerne la politique».
L'Évangile invite ainsi à vivre avec cohérence et "sans attendre". «L'Évangile explique comment vivre l'attente: nous allons à la rencontre de Dieu en aimant parce qu'Il est amour. Et le jour de notre adieu, la surprise sera heureuse si nous nous laissons maintenant surprendre par la présence de Dieu, qui nous attend parmi les pauvres et les blessés du monde » a encore souligné le Pape, qui a résumé ainsi le coeur de la foi: «Dieu attend d'être caressé non pas par des mots, mais par des actes».
Merci d'avoir lu cet article. Si vous souhaitez rester informé, inscrivez-vous à la lettre d’information en cliquant ici