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François: ne pas suivre les faux messies, mais témoigner auprès des rejetés

À l’occasion de la 6e Journée mondiale des pauvres qui a lieu ce dimanche 13 novembre, le Pape François a célébré la messe en la Basilique Saint-Pierre, en présence notamment de personnes défavorisées. Dans son homélie, le Saint-Père a lancé une double exhortation: ne pas se laisser égarer et rester disciples de l’Évangile, «même au milieu des bouleversements de l’histoire».

Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican

De nombreux fidèles étaient présents dans la Basilique Saint-Pierre pour la messe célébrée à l’occasion de cette 6e Journée mondiale des pauvres. Depuis l’autel de la confession, le Souverain Pontife a commenté l’Évangile du jour, dans lequel Jésus évoque la fin des temps.

Une péricope où le Christ donne deux indications pour «rester disciples de l’Évangile même au milieu des bouleversements de l’histoire». Il s’agit de ne pas se laisser égarer et de témoigner.


L’espérance plutôt que les «théories fantaisistes»

Ne pas se laisser égarer consiste à ne pas céder aux superstitions ou au catastrophisme, «comme si nous étions désormais proches de la fin du monde et qu’il ne valait plus la peine de nous engager dans rien de bon». Le Saint-Père a mis en garde contre «les sornettes des mages ou des horoscopes» ainsi que la «psychologie du complot» ou les «théories fantaisistes» délivrées par des gourous.

Jésus invite à passer d’un regard crédule et apeuré à un regard de foi.

«Le disciple du Seigneur ne se laisse pas atrophier par la résignation, il ne cède pas au découragement même dans les situations les plus difficiles parce que son Dieu est le Dieu de la résurrection et de l’espérance, qui relève toujours». Il appelle aussi à s’engager en écoutant le Seigneur, sans prendre la fuite.

Dépasser la «surdité intérieure»

Et l’on arrive ainsi au témoignage. Toute crise, a expliqué le Saint-Père, est une «occasion de rendre témoignage». Faire le bien à partir des difficultés est un «bel art typiquement chrétien», a-t-il commenté. «Toute crise est une opportunité et offre des occasions de croissance»; en effet, «les pas en avant les plus importants se font précisément à l’intérieur de certaines crises, de situations d’épreuve, de perte de contrôle, d’insécurité». Le Souverain Pontife a pointé du doigt la «psychologie du victimisme», car le chrétien ne reste pas victime d’une situation mais sait l’ouvrir à la présence de Dieu qui dégage tout horizon.

Puis cette interpellation de François «face à tant de calamités, face à cette troisième guerre mondiale si cruelle, face à la faim de tant d'enfants, de tant de personnes: puis-je gaspiller, gaspiller de l'argent, gaspiller ma vie, gaspiller le sens de ma vie sans prendre courage et aller de l'avant?»

La parole de Jésus est encore actuelle, a-t-il ensuite souligné, elle doit interpeller chacun de nous quant à sa manière de traverser l’épreuve «pour témoigner de l’Évangile». Il s’agit d’un «avertissement fort à rompre cette surdité intérieure qui nous empêche d’écouter le cri de douleur étouffé des plus faibles».


Inscrits dans l’histoire

François a fait référence à plusieurs maux qui frappent l’humanité, comme «la crise engendrée par le changement climatique et la pandémie qui a laissé derrière elle un sillage de malaises non seulement physiques, mais aussi psychologiques, économiques et sociaux», ou encore «l’élargissement véhément des conflits, [le] malheur de la guerre qui provoque la mort de tant d’innocents et multiplie le venin de la haine», comme en Ukraine.

Dans ces situations tragiques, «les pauvres sont les victimes les plus pénalisées». Et le Saint-Père de dénoncer ceux qui les instrumentalisent: «les sirènes du populisme» avec leurs «solutions trop faciles et hâtives», et une fois encore les faux messies mus par l’appât du gain.

Pour venir en aide aux personnes appauvries, il s’agit plutôt d’allumer «des lumières d’espérance au milieu des ténèbres»; de «témoigner de l’Évangile de la joie et construire un monde plus fraternel», d’aller dans les «angles cachés, obscurs» des villes où prolifère une «pauvreté rejetée». «Ne fuyons pas pour nous défendre de l’histoire, mais luttons pour donner à cette histoire un visage différent», a exhorté François.

Portés par l’amour du Père

Enfin, le Successeur de Pierre a indiqué les moyens d’adopter cette attitude. «Dans la confiance en Dieu qui est Père et qui veille sur nous», l’on trouve de la force. «Si nous lui ouvrons notre cœur, il augmentera en nous la capacité d’aimer (…)», a assuré le Pape, redisant que «Dieu est Père et il est à mes côtés, il me connaît et il m’aime, il veille sur moi, il ne dort pas, il prend soin de moi (…)». Ainsi sûrs d’être aimés, nous pouvons à notre tour «aimer ses enfants les plus rejetés».

En ce dimanche qui leur est dédié, François a conclu en parlant du «vrai Temple de Dieu, l’être humain, l’homme et la femme, spécialement le pauvre, dans le visage duquel, dans l’histoire duquel, dans les blessures duquel se trouve Jésus».

La Journée mondiale des pauvres a été instaurée par le Pape François dans sa Lettre Apostolique Misericordia et Misera, publiée le 20 novembre 2016 pour célébrer la fin du Jubilé Extraordinaire de la Miséricorde. Depuis lors, organisée par le dicastère pour l'Évangélisation, elle est célébrée chaque année le 33e dimanche du temps ordinaire. Le thème de cette édition 2022 est «Jésus Christ s’est fait pauvre à cause de vous» (cf. 2 Co 8, 9).

Voir l'intégralité de la messe - commentée en français

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13 novembre 2022, 11:05