Urbi et orbi: qui écoute la voix de l’Enfant ?
Xavier Sartre – Cité du Vatican
L’Ukraine bien sûr, mais aussi la Terre Sainte, Haïti, l’Iran pour n’en citer que quelques-uns ; le rejet des étrangers, des réfugiés, des pauvres, de toutes les personnes seules, blessées par la vie. Le Pape François a balayé dans son message de Noël, ce dimanche midi, depuis la loggia centrale de la basilique Saint-Pierre, toutes les souffrances de ce monde qui vient d’accueillir Jésus, le Prince de la paix, «Dieu-avec-nous», qui est venu au cœur de la nuit et du silence parce que «le Verbe de Dieu n’a pas besoin de projecteurs ni de la clameur des voix humaines». «Il est lui-même la Parole qui donne sens à l’existence, la lumière qui éclaire le chemin» explique en préambule le Saint-Père.
Se dépouiller de nos fardeaux
Puisqu’il frappe à la porte de notre cœur, lui «enfant sans défense», qui «naît dans le froid, pauvre parmi les pauvres», «laissons-nous envelopper par la lumière», «surmontons la torpeur du sommeil spirituel et les fausses images de la fête qui nous font oublier celui qui est le fêté», exhorte le Pape. François nous invite ainsi à suivre la voix de Jésus qui a ouvert «le passage d’un monde fermé, opprimé par les ténèbres de l’inimitié et de la guerre, à un monde ouvert, libre de vivre dans la fraternité et dans la paix». Mais pour cela, il nous faut nous dépouiller de certains fardeaux.
«L’attachement au pouvoir et à l’argent, l’orgueil, l’hypocrisie, le mensonge» sont autant de ces fardeaux qui nous empêchent d’aller à Bethléem et nous ferme l’accès au chemin de la paix comme le prouvent «les vents de la guerre» qui «continuent à souffler le froid sur l’humanité».
Pour vraiment célébrer Noël, «regardons vers Bethléem» incite François et «fixons notre regard sur le visage de l’Enfant qui est né pour nous», et sur son visage «reconnaissons celui des enfants qui, dans toutes les régions du monde, aspirent à la paix».
Ukraine : une guerre insensée
Parmi ces enfants, il y a ceux d’Ukraine qui «vivent ce Noël dans l’obscurité, dans le froid ou loin de chez eux, à cause des destructions causées par dix mois de guerre» regrette le Saint-Père qui exhorte à être solidaire avec ceux qui souffrent et qui implore le Seigneur d’éclairer l’esprit de ceux qui ont le pouvoir «de faire taire les armes et de mettre fin immédiatement à cette guerre insensée». Et de se demander : «qui écoute la voix de l’Enfant ?».
Le Pape constate en effet que «notre monde connaît une pénurie de paix», évoquant la guerre en Syrie, «encore martyrisée» et qui est passée au second plan, la Terre Sainte où la violence a augmenté ces derniers mois – François implore Israéliens et Palestiniens à reprendre le dialogue et à rechercher une confiance mutuelle. Le Saint-Père a une pensée spéciale pour les chrétiens d’Orient, demandant à Jésus de les soutenir. Qu’Il aide aussi le Liban «pour qu’il puisse se relever, avec le soutien de la communauté internationale et avec la force de la fraternité et de la solidarité».
Le Pape n’oublie pas non plus le Yémen. Il souhaite «la réconciliation» en Iran et en Birmanie «afin que cesse toute effusion de sang». Il évoque les crise sociales et politiques qui agitent plusieurs pays d’Amérique latine, avec une pensée toute spéciale pour Haïti «qui souffre depuis si longtemps».
L’arme de la faim
François ne dresse pas qu’une liste des conflits armés en cours, il aborde aussi les problèmes plus diffus comme celui de la faim alors que «de grandes quantités de nourriture sont gaspillées et que l’on dépense des ressources pour les armes». Et là encore il est question de l’Ukraine, qui a encore aggravé la situation, notamment pour les populations d’Afghanistan et de la Corne de l’Afrique. «Engageons-nous» «pour que la nourriture ne soit qu’un instrument de paix».
Si nous nous retrouvons en famille à Noël, cela ne doit pas nous empêcher de nous souvenir de ceux qui sont blessés par la vie, rappelle le Pape. Jésus vient dans «un monde malade d’indifférence qui ne l’accueille pas», «qui le rejette». «N’oublions pas» alors aujourd’hui, demande François, «les nombreux réfugiés et personnes déplacées qui frappent à nos portes en quête de soutien, de chaleur et de nourriture», les marginalisés, les personnes seules, les orphelins et les personnes âgées et les détenus. Car «Bethléem nous montre la simplicité de Dieu qui se révèle non pas aux sages et aux savants, mais aux petits, à ceux dont le cœur est pur et ouvert».
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