1802, les dernières funérailles d'un Pape par son successeur
Andrea Tornielli
Un pape célébrant les funérailles de son prédécesseur, comme cela sera le cas dans les prochaines heures sur la place Saint-Pierre avec François présidant les funérailles de Benoît XVI a été présenté, à juste titre, comme étant sans précédent dans l'histoire de l'Église des temps modernes. La renonciation du Pape Joseph Ratzinger, motivée pour raison d'âge et justifiée par la diminution de ses forces physiques et psychiques pour supporter les responsabilités et le poids des engagements liés au pontificat, est certainement un événement sans précédent. Mais un Pontife régnant qui bénit le corps de son prédécesseur avant l'enterrement est un fait qui a un précédent plutôt récent par rapport aux deux mille ans d'histoire de l'Église.
Cela s'est produit en février 1802, lors des funérailles solennelles de Pie VI, célébrées dans la basilique Saint-Pierre par son successeur Pie VII. Le défunt, né Giannangelo Braschi (Cesena 1717 - Valence 1799), élu pontife en 1775, après un long règne, meurt en exil en France, prisonnier de Napoléon. Les funérailles ont lieu à Valence, immédiatement après sa mort, tandis que les «novendiali» (les neuf jours de prières avant le début du vote au conclave) ont lieu à Venise, dans la ville où les cardinaux s'étaient réunis pour élire un successeur de Pierre.
Pie VII, élu le 14 mars 1800, souhaite que les restes de son prédécesseur reviennent à Rome. Ils sont exhumés en décembre 1801 et voyagent de Valence à Marseille et de là, par bateau, à Gênes. Après avoir atterri en Italie, le corps du pontife en exil a entamé un pèlerinage triomphal, avec des obsèques solennelles célébrées à chaque étape. Le 17 février 1802, «la magnifique entrée triomphale à Rome» a lieu, les cardinaux attendant la dépouille au Pont Milvio. La cérémonie solennelle des funérailles est célébrée à Saint-Pierre en présence du Pape Pie VII.
La dépouille de Pie VI n'a cependant pas connu de repos : le cœur et le «précordium» (ancien nom des organes et des formations anatomiques de la cavité thoracique entourant le cœur, considérés comme le siège des affections, des sentiments et de la sensibilité) de Pie VI ont été ramenés à Valence, à la demande expresse du gouvernement de Paris, au cours d'un long voyage retour qui a fait plusieurs étapes en France en 1802. En 1811, cependant le cœur fut ramené à Rome.
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