Audience générale: la mission est l'oxygène de la vie chrétienne
Xavier Sartre – Cité du Vatican
Nouvelle année, nouveau cycle de catéchèse: le Pape François a présenté aux fidèles réunis en salle Paul VI au Vatican pour l’audience générale, ce qui va constituer le fil rouge de ces prochaines semaines: la passion pour l’évangélisation, «une dimension vitale pour l’Église», car elle a été façonnée «vers l’extérieur» par l'Esprit saint pour étre «témoin contagieux de Jésus, tendue vers l’extérieur pour rayonner sa lumière jusqu’aux extrémités de la terre».
Cette ardeur peut diminuer, a noté le Pape, mais «lorsque la vie chrétienne perd de vue l’horizon de l’annonce, elle tombe malade», «elle devient autoréférentielle, elle s’atrophie». «Sans zèle apostolique, la foi se dessèche», précise encore François. Au contraire, la mission est «l’oxygène de la vie chrétienne», qui la «vivifie» et la «purifie».
Après cette définition de la passion pour l’évangélisation, le Saint-Père a présenté sa méthode: à partir des Écritures et de l’enseignement de l’Église, approcher des sources vivantes et des témoins qui ont ravivé la passion pour l’Évangile, «afin qu’ils nous aident à rallumer le feu que l’Esprit Saint veut entretenir en nous».
L'exemple de saint Matthieu
Premier exemple: la conversion de saint Matthieu tel que l’apôtre le rapporte dans ses écrits. Collecteur d’impôts pour les Romains, autrement dit «un collaborateur», «un traître du peuple», sans doute cible du mépris de ses contemporains et compatriotes, Matthieu est d’abord aux yeux de Jésus «un homme, avec ses misères et ses grandeurs». «Jésus s’approche de lui, car tout homme est aimé de Dieu». Le regard de Jésus, «qui voit l'autre, quel qu'il soit, comme un destinataire d'amour, est le début de la passion évangélisatrice», explique François. Si Jésus regarde chacun avec «miséricorde et prédilection», en faisons-nous de même, interroge le Pape. Et le faisons-nous surtout avec les «lointains»? car Jésus, lui, «s’approche de nos limites, de nos misères, pour guérir».
L’autre élément important du récit de Matthieu, c’est le fait qu’il se leva. «Celui qui était assis avait le pouvoir» explique François. Or, Jésus commence par en détacher son nouveau disciple pour le mettre en mouvement vers les autres: «Il lui fait quitter une position de suprématie pour le mettre sur un pied d’égalité avec ses frères et sœurs et lui ouvrir les horizons du service». Le Pape pose alors une nouvelle question: «Est-ce que nous, disciples de Jésus, nous Église, nous restons assis à attendre que les gens viennent, ou est-ce que nous savons nous lever, nous mettre en route avec les autres, chercher les autres?»
Évangéliser d'abord chez soi
Enfin, après avoir posé son regard sur Matthieu, l’avoir mis en mouvement, Jésus l’emmène chez lui. «Matthieu retourne dans son environnement, mais il y retourne changé et avec Jésus. Son zèle apostolique ne commence pas dans un lieu nouveau, pur et idéal, mais là où il vit, avec les gens qu'il connaît», précise François. L’essentiel de ce message c’est que «notre annonce commence aujourd'hui, là où nous vivons. Et cela ne commence pas en essayant de convaincre les autres, mais en témoignant chaque jour de la beauté de l'Amour qui nous a regardés et relevés». Car, citant son prédécesseur Benoît XVI, «l’Église ne fait pas de prosélytisme», «elle se développe plutôt par attraction». «Être missionnaire, être apostolique, évangéliser, ce n’est pas la même chose que faire du prosélytisme, ça n’a rien à voir. Il s’agit d’une dimension vitale pour l’Église, la communauté des disciples de Jésus nait apostolique et missionnaire» précise-t-il. Et de dénoncer ceux qui font du prosélytisme, «des païens déguisés en chrétiens».
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