La paternité de Benoît XVI, grand maître spirituel
Olivier Bonnel - Cité du Vatican
«Pour moi, le Pape Benoît XVI était et demeure surtout un grand maître». Les mots sont du cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne. Le cardinal autrichien se souvient avec émotion de la personnalité de Joseph Ratzinger, avec lequel il a noué au fil des ans une profonde amitié, intellectuelle et humaine. «J'ai été son étudiant, j'ai beaucoup profité de son enseignement, mais je ne suis pas le seul» rappelle le cardinal viennois. «Il a été un maître pour toute l'Église et au-delà de l'Église, par sa théologie pleine de sagesse, de lumière, de clarté».
«En plus de ce qu'il a été pour moi comme maître, il a été pour moi, j'ose dire, une figure paternelle», poursuit le cardinal Schönborn, qui souligne que «le maître n'est pas seulement enseignant, il est comme personne humaine, quelqu'un qui guide, qui conduit, qui ouvre, qui, qui donne des horizons».
Pour l’archevêque de Vienne, ce qui restera du Pape Benoît XVI est avant tout son œuvre. Dans les années 1980, Mgr Schönborn est membre de la Commission théologique internationale, quand le cardinal Ratzinger en était le président. «Il est un maître théologien, je le mets à côté des grands docteurs de l'Église, des Pères de l'Église et surtout de saint Augustin, raconte-t-il. Dans ma bibliothèque, je mets les œuvres du Pape Benoît à côté des œuvres de saint Augustin».
À la Curie, le cardinal Kurt Koch, préfet du Dicastère pour la promotion de l'unité des chrétiens, a fait part de sa stupeur après la mort de Benoît XVI. «Pour moi sa disparition est très triste, mais pour lui-même c’est une rédemption, parce qu’il a bien souffert et a voulu retourner chez son Père dans le Ciel».
Un «sage évêque et pape»
Le cardinal suisse, élevé à la pourpre cardinalice par Benoît XVI en 2010, quelques mois après avoir été nommé à la tête du dicastère, salue une personnalité qui l’a beaucoup marqué. «J’ai rencontré toujours une personne humaine, très simple. Un chrétien avec une profonde foi, un grand théologien, un sage évêque et pape, avec une grande humilité. Cette combinaison m’a toujours beaucoup touché».
À Marseille, le cardinal Jean-Marc Aveline a eu le privilège de rencontrer le Pape émérite à l’issue du dernier consistoire, fin août. Malgré la faiblesse de Benoît XVI, il a été frappé par son sens de l’écoute jusque dans ses derniers instants.
«Ce que je retiens c'est son désir de la vérité» témoigne le cardinal Aveline, interrogé quelques heures après la mort du Pape émérite. «La devise de "coopérateur de la vérité" est quelque chose de très significatif de toute son action». Très engagé dans le dialogue interreligieux, l’archevêque de Marseille se souvient combien le Pape allemand, qui n’était familier de cette réalité dans les premiers temps, a «repris le flambeau de Jean-Paul II en expliquant qu’il ne fallait pas tergiverser dessus».
«Après avoir quand même lui-même été plutôt interrogatif sur la rencontre d'Assise, Il avait dit d’ailleurs dit pour le 25ᵉ anniversaire de cette journée, qu'elle était une prophétie exacte» se souvient le cardinal français. «J’ai beaucoup apprécié sa façon à lui de reprendre cet héritage, tout en tenant compte d'un contexte qui avait changé et qui l'a rendu très sensible à la question de la liberté religieuse dans le monde».
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