Le Pape et l'archevêque Canterbury attendus au Soudan du Sud

Jacques Ngol, SJ – Cité du Vatican

La Caritas italienne a organisé un webinaire jeudi 19 janvier 2023 sur la crise alimentaire en Afrique, en vue du voyage apostolique du Pape François en République démocratique du Congo, puis au Soudan du Sud, du 31 janvier au 5 février prochain.

Le Pape François attendu dans un pays déchiré par des conflits

«Le Sud-Soudan attend le Pape François et l'archevêque de Canterbury Justin Welby», a déclaré Mgr Christian Carlassare lors de ce webinaire. Ils viendront se confronter à la réalité vécue par le peuple du Soudan du Sud depuis un bon moment mais qui «n'attire l'attention du monde qu'à certaines occasions», a souligné l’évêque de Rumbek .

Le Soudan du Sud, déchiré par les conflits depuis une dizaine d’années, a pu avoir après «les accords de paix de 2018, un gouvernement d'unité nationale et un gouvernement de transition», a affirmé l’évêque avant de mentionner les préparatifs des «élections qui doivent avoir lieu en 2024». Mais pour le prélat, ces «accords de paix engendrent souvent des conflits». «Il y a une tendance dans les différents groupes à créer le désordre afin d'avoir plus de voix et de force à la table des négociations, afin d'obtenir plus de positions et de ressources, au prix de la déstabilisation du pays» a-t-il confié. «Comment peut-on parler d'élections démocratiques quand les gens suivent leur groupe ethnique et qu'un tiers de la population, soit 4 millions de personnes déplacées et de réfugiés, ne pourront pas voter?», s’est interrogé Mgr Carlassare.

Les pauvres, victimes d'une double injustice

Le Sud-Soudan est un pays riche en ressources mais ces richesses «sont source de division, elles sont mal réparties et mal utilisées», a déclaré le prélat qui dénonce une injustice dans la répartition du bien publique et plaide en faveur des pauvres, victimes de cette injustice. «Certains groupes parviennent à avoir accès aux ressources mais ne créent pas d'économie sur place, alors que la population vit sous le seuil de pauvreté». À cela s'ajoute des manquements dans les services publiques, «les soins de santé sont très douteux» et le personnel soignant étant «mal payés dans le secteur publique, partent en masse vers le secteur privé, privant la population de soins». Outre les questions de santé, il y a la dégradation du «système éducatif qui est voué à l'échec».

Les Sud Soudanais victimes du changement climatique

L'évêque de Rumbek a également mentionné les questions soulevées par le changement climatique. Le réchauffement de la planète entraîne des irrégularités dans les précipitations «rares au moment des semis ou trop abondantes, détruisant les cultures». Ce changement provoque la montée du «niveau du Nil» provoquant les inondations, de sorte qu'il n'est pas «possible de récolter et de produire des céréales pour nourrir la population».

«Dans le diocèse de Malakal, deux paroisses n'auront pas de nourriture de mars à mai», a alerté le prélat. Il a aussi fait part des inquiétudes dans son diocèse, Rumbek, où «il y a peu de nourriture en raison de la rareté des pluies». En coopération avec des organismes d'aide allemands et autrichiens, son diocèse «commencera à distribuer de la nourriture et une aide d'urgence aux groupes les plus vulnérables dans 16 paroisses», a-t-il précisé. L’évêque Rumbek a enfin signalé qu’un autre «projet que Caritas Rumbek mène depuis trois ans est destiné aux populations des zones situées le long du Nil qui souffrent d'inondations, afin de promouvoir la résilience des communautés dans différents domaines».