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Unité des chrétiens: s’opposer à la guerre pour accomplir la grâce de Dieu

«Nous pouvons imaginer avec quelle douleur le Seigneur doit assister aux guerres et aux actions violentes faites par ceux qui se professent chrétiens». Mercredi 25 janvier en la basilique Saint-Paul-Hors-les-Murs, le Pape a dénoncé ceux qui se sentent «autorisés par leur foi à soutenir différentes formes de nationalisme obtus et violent» lors des vêpres concluant la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. François a appelé les chrétiens à la conversion, pour marcher vers l'unité.

Marie Duhamel – Cité du Vatican

 «Quand vous venez vous présenter devant ma face, [...] Cessez d’apporter de vaines offrandes; [...] Quand vous étendez les mains, je détourne les yeux. Vous avez beau multiplier les prières, je n’écoute pas» (Is 1, 12.13.15). Dans son homélie, le Pape se fait l’écho de l’indignation et des reproches du Seigneur formulés dans le livre d’Isaïe, dont est tiré le thème de cette Semaine de prière pour l’unité, «Apprenez à faire le bien: recherchez la justice», et qui fut lu à l’ambon.

«Les nouvelles tristes et préoccupantes ne manquent pas et nous nous passerions volontiers des "reproches sociaux" de l'Écriture», reconnait François mais il est selon lui important d’écouter ce qui fait souffrir le Seigneur «pour Lequel nous vivons».

François identifie deux motifs à l’origine de ces paroles «si fortes» et qui peuvent paraître inopportunes «alors que nous avons la joie de nous réunir en tant que frères et sœurs dans le Christ pour célébrer une liturgie solennelle à sa louange».  

Faire la volonté de Dieu, et non la sienne

D’abord, le Seigneur blâme le fait que dans son temple, en son nom, ce qu'il veut n'est pas accompli. Il n’a pas besoin d’encens mais que l’opprimé soit aidé, souligne le Pape. Aujourd’hui, comme hier, la société considère les riches comme bénis de Dieu et méprise les pauvres, mais «c’est se méprendre totalement sur le Seigneur» insiste-t-il. Et ainsi «Dieu souffre quand nous, qui prétendons être ses fidèles, faisons passer notre propre vision avant la sienne, suivons les jugements de la terre plutôt que ceux du Ciel, nous contentant de ritualités extérieures et restant indifférents à ceux auxquels Il tient le plus». Dieu s'afflige de notre «incompréhension indifférente».

«Le Seigneur irrité par la violence contre le temple de Dieu, qui est l’homme»

Plus grave encore, la violence sacrilège, le deuxième motif d’affliction du Seigneur qui pointe du doigt le fait que les mains de ses fidèles qui lui construisent des temples, «sont pleines de sang» (Is 1,15) «Nous pouvons imaginer avec quelle douleur (Le Seigneur) doit assister aux guerres et aux actions violentes faites par ceux qui se professent chrétiens», affirme François devant des membres de différentes dénominations chrétiennes, notamment du Conseil pan-ukrainien des Églises et des organisations religieuses en déplacement à Rome.

Le Pape réaffirme ici avec force ce qu’il proclamait déjà dans Fratelli tutti (n. 86), que la foi «de par l’humanisme qu’elle renferme» doit garder «un vif sens critique» face à ceux qui, encore, «semblent se sentir encouragés, ou du moins autorisés, par leur foi à défendre diverses formes de nationalismes, obtus et violents», des comportements xénophobes, un mépris voire des mauvais traitements envers ceux qui sont différents. La foi doit aider à réagir rapidement quand ces tendances commencent à s’infiltrer, insiste le Pape.

Passer du mal au bien

«Pour que la grâce en nous ne soit pas vaine», François exhorte chacun à s’opposer à la guerre, à la violence à l’injustice qu’il ne faut pas se contenter de  dénoncer. «Il faut aussi renoncer au mal, passer du mal au bien». Quand il lance «Apprenez à faire le bien: recherchez la justice» (Is 1,17), la Parole de Dieu, l'admonition vise notre changement, souligne le Pape.

Avec Dieu, tout est possible

Ayant diagnostiqué les erreurs, le Seigneur demande d'y remédier. Il assure d’ailleurs que c'est Lui qui lavera nos péchés, parce qu’il sait que nous sommes paralysés par trop de fautes, affirme François. «Seuls, nous n’y arrivons pas, mais avec Dieu tout est possible ; seuls, nous n’y arrivons pas, mais ensemble, c'est possible. Ensemble, en effet, le Seigneur demande aux siens de se convertir». La conversion demandée au peuple, a une dynamique communautaire, ecclésiale, et souligne le Pape, «nous croyons donc que notre conversion œcuménique progresse également dans la mesure où nous nous reconnaissons en besoin de grâce, en besoin de la même miséricorde: en reconnaissant que nous dépendons tous de Dieu en tout, nous nous sentirons et serons vraiment, avec son aide, "un" (Jn 17, 21)».

Le Pape se réjouit de cette ouverture commune à un changement de perspective. Il se dit reconnaissant de l’attention de chrétiens de diverses communautés et traditions au parcours synodal, qu’il souhaite «de plus en plus œcuménique». 

Ne pas travailler pour son groupe mais pour le Royaume de Dieu

François invite cependant à ne pas oublier que «marcher ensemble» et se reconnaître «en communion les uns avec les autres dans l'Esprit Saint» implique un changement, une croissance qui ne peut se faire, écrivait Benoît XVI dans l'encyclique Deus caritas est, «qu'à partir de la rencontre intime avec Dieu», pour apprendre «à regarder cet autre non plus seulement avec mes propres yeux et mes propres sentiments, mais selon la perspective de Jésus-Christ. Son ami est mon ami».

Alors que les chrétiens célèbrent la conversion de l’Apôtre Paul, le Pape l’interpelle afin qu’il leur donne à tous «courage indomptable», afin que chemin faisant, personne ne tombe dans l’écueil de travailler pour son propre groupe plutôt que pour le Royaume de Dieu, ou dans l’écueil de s'impatienter, pire, de perdre l'espoir de ce jour où «tous les chrétiens, dans l'unique célébration de l'Eucharistie, se retrouveront réunis dans cette unité de l'unique Église que le Christ a donnée à son Église dès le commencement».

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25 janvier 2023, 17:48