Le Pape invite les médecins de Rome à donner une voix à la souffrance inaudible

Myriam Sandouno - Cité du Vatican 

«Prends soin de lui» (Lc 10, 35), ces paroles rapellent l'histoire du bon samaritain dans l'Évangile de Luc, s'adressant à l'aubergiste, à qui il confie le blessé qu'il a sauvé. C’est également le thème retenu cette année à l’occasion de la célébration de la XXXIe Journée mondiale des malades qui se tiendra le 11 février prochain. 

À l’entame de son discours, le Pape François est revenu sur l’histoire du bon samaritain, qui parle d’un homme attaqué par des voleurs, resté allongé au bord de la route, sous les regards indifférents et insensibles des passants. À un moment donné, l'un d'eux s'arrête et le sauve: c'est un Samaritain. À y regarder de plus près, a estimé François, l'homme agressé et le Samaritain portent tous deux des blessures: le premier ayant celles produites par la violence de la personne qui l'a volé, le second, celles infligées par les regards méprisants de ceux qui ne voient en lui qu'un étranger indésirable.

Et pourtant, a-t-il souligné, «grâce à la sensibilité de ceux qui souffrent pour les autres, une histoire de solidarité et d'espoir naît de leur rencontre, brisant les murs de l'isolement et de la peur». Une œuvre du Service pastoral de la santé du diocèse de Rome, née grâce à cette dynamique.

Être proche et donner une voix à la souffrance non entendue

Le Pape a rappelé combien il est «important d'être proche de ceux qui souffrent», en leur offrant écoute, amour et accueil. François a également exhorté à donner «une voix à la souffrance inaudible» de ceux qui, dans leur maladie, abandonnés, sans soutien économique et moral, facilement exposés au désespoir et à la perte de foi, «comme cela peut arriver à ceux qui souffrent de fibromyalgie et de douleurs chroniques». «Prenons le cri de ceux qui souffrent et faisons-le entendre» a-t-il lancé.

S’engager dans la charité

Une autre attitude à adopter selon le Saint-Père: devenir ferment de charité qui signifie aussi «travailler en réseau». Et pour y arriver, François a conseillé de «partager un style de gratuité et de réciprocité», car tout le monde est dans le besoin et tout le monde peut donner et recevoir quelque chose, même un simple sourire. Et même au milieu des vagues les plus violentes, a déclaré le Pape, ce filet s'élargit mais ne se brise pas, et permet à ceux qui risquent d'être submergés et de se noyer, d'être traînés sur le rivage.

«L'exemple de ceux qui prennent l'initiative, aide également les autres à trouver le courage de s'engager». Travailler en réseau, c'est travailler ensemble comme les membres d'un même corps (cf. 1 Co 12, 12-27). La souffrance d'un seul devient la souffrance de tous, et la contribution de chacun est accueillie par tous comme une bénédiction, ajouté le Souverain Pontife, reconnaissant qu’être proche de ceux qui souffrent «n'est pas facile».

S’armer de courage pour aider

«Ne vous découragez pas!», a dit le Pape, invitant les représentants du Service pastoral de la santé du diocèse de Rome, à regarder dans le visage des personnes qui souffrent, le Christ. Car dans ce visage, c'est Jésus lui-même qui regarde, Lui qui a accepté de partager notre faiblesse jusqu'à mourir pour nous et qui, ressuscité, ne nous abandonne jamais!. «C'est en Lui que nous trouvons la force de ne pas abandonner, même dans les moments les plus difficiles», a-t-il affirmé.

Et concernant les personnes malades, le Souverain pontife a fait savoir que dans leur fragilité, ils restent proches du cœur de Dieu. Comprendre la fragilité, caresser la fragilité, réconforter la fragilité: voilà le chemin que à emprunter, a-t-il relevé. 

Le Pape pour conclure a invité à prier «afin que grandisse parmi nous la proximité avec ceux qui souffrent et l'engagement concret de la charité, et qu'aucun cri de douleur ne reste sans réponse».

Le Service pastorale de la santé du diocèse de Rome a été créé en septembre 2020, confié à la responsabilité du Dr Edith Aldama. Il est unique dans le pays. Grâce à l'ouverture d'un centre d'écoute et de plusieurs groupes d'entraide, il a donné de l'amour et de l'accueil, touchant la souffrance de plus de 8000 personnes originaires de toute l'Italie.