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Les participants au Cours de formation juridico-pastorale de la Rote Romaine reçus par le Pape, le 18 février 2023. Les participants au Cours de formation juridico-pastorale de la Rote Romaine reçus par le Pape, le 18 février 2023.  

Le Pape invite les juristes à faire briller la vérité de la justice

«Faire briller la vérité de la justice dans la vie des Églises particulières», telle est l’exhortation faite par le Pape François ce samedi 18 février aux participants du Cours de formation juridico-pastorale de la Rote Romaine. Il a rappelé dans son intervention qu’un jugement judiciaire se fait «avec sagesse», et avec l'Esprit saint.

Myriam Sandouno – Cité du Vatican

«Dans quel sens un cours de droit est-il lié à l’évangélisation?» François, recevant au Vatican ce 18 février les participants du Cours de la Rote Romaine pour les agents du droit canonique et de la pastorale de la famille, a dans son discours, apporté quelques précisions à ce sujet. «Nous sommes habitués à penser que le droit canonique et la mission de diffusion de la Bonne Nouvelle du Christ sont deux réalités distinctes», a-t-il déclaré. Au contraire, «il est crucial de découvrir le lien qui les unit au sein de l'unique mission de l'Église», a estimé le Pape. L’on pourrait dire, selon lui, schématiquement: ni droit sans évangélisation, ni évangélisation sans droit.

Le droit canonique

L'aspect principal du droit canonique, a souligné le Pape, concerne les biens de la communion, en premier lieu la Parole de Dieu et les Sacrements. «Toute personne et toute communauté a un droit -a droit- à la rencontre avec le Christ», et «toutes les normes et tous les actes juridiques tendent à favoriser l'authenticité et la fécondité de ce droit, c'est-à-dire de cette rencontre», a évoqué François.

La loi suprême est donc le salut des âmes, comme l'affirme le dernier canon du Code de droit canonique (cf. Canon 1752). Par conséquent, le droit ecclésial apparaît intimement lié à la vie de l'Église, comme un aspect nécessaire de celle-ci, celui de la justice dans la conservation et la transmission des biens salvifiques.

En ce sens, a noté le Saint Père, «l'évangélisation est l'engagement juridique primordial, tant des pasteurs que de tous les fidèles», faisant remarquer que c'est ce qui fait la différence, par exemple, entre les prêtres, entre le pasteur et le clerc d'État. Le premier, le pasteur du peuple, va évangéliser et remplit le premier droit; le clerc d'État, est une fonction qui ne remplit pas le droit qu’ont les peuples d’être évangélisés.

La responsabilité de faire «briller la vérité»

Poursuivant son intervention, le Souverain pontife a invité ces juristes de l’Église à faire briller la vérité de la justice dans la vie des Églises particulières, une tâche qu’il a considérée comme une grande contribution à l'évangélisation. Dans cette perspective, a-t-il lancé «vous êtes appelés à connaître et à observer fidèlement les normes canoniques, en ayant toujours à l'esprit les biens qui sont en jeu», car il est «indispensable» d'interpréter et d'appliquer ces normes avec justice.

François est également revenu sur quelques déclarations du défunt Pape Benoît XVI adressées à des séminaristes, exhortant à apprendre, comprendre, à aimer le droit canonique. Une société, disait Benoît XVI, sans droit serait une société privée de droits. «Le droit est une condition de l'amour» (Lettre aux séminaristes, 18 octobre 2010, n° 5).

Une mission du canoniste dans la sagesse

Évoquant la mission du canoniste, le Saint-Père a alerté sur le fait n'est «pas une utilisation positiviste des canons pour chercher des solutions commodes aux problèmes juridiques» ou pour rechercher des équilibres. Car si elle est comprise de cette façon, son action serait au service de tout intérêt, ou chercherait «à enfermer la vie dans des schémas formalistes et bureaucratiques rigides qui négligent les véritables droits».

L’évêque de Rome a exhorté à ne pas oublier, ce «grand principe de l'évangélisation»: la réalité est supérieure à l'idée, a-t-il déclaré, le concret de la vie est supérieur au formel. «La réalité est supérieure à toute idée, et cette réalité doit être aidée par le droit», a insisté François, expliquant que la grandeur de leur tâche, émerge d'une vision dans laquelle le droit canonique, sans oublier l'équité du cas individuel, est mis en œuvre à travers les vertus de la prudence juridique qui discerne le droit concret. Voilà, a-t-il dit, «un chemin de sagesse judiciaire».

Un jugement ou une aide judiciaire, selon le Pape, ne se fait pas avec des équilibres ou des déséquilibres: «Il se fait par cette vie de sagesse». À cette sagesse, il faut surtout la prière, pour bien juger, la capacité d'écouter et également la science.

Une justice dans l’action synodale

«L'esprit synodal doit être vécu dans toutes vos tâches juridiques», a de nouveau exhorté François, invitant à «marcher ensemble, s'écouter mutuellement et invoquer l'Esprit Saint», une condition indispensable. 

Dans cette mission, le Pape invite les participants du Cours de la Rote Romaine à approcher et demander avec humilité, des conseils à ceux ayant plus de connaissances et d’expériences, pour pour mieux servir l'Église dans ce domaine. Le meilleur conseiller, pour le Souverain pontife reste tout d’abord, l'Esprit Saint, dans tout jugement.

La pastorale de la famille

Au cours de la rencontre, le Pape a aussi noté une prise de conscience de l'interaction entre la pastorale de la famille et les tribunaux ecclésiastiques, qui sont également considérés dans leur spécificité d'organes pastoraux. La pastorale intégrale de la famille, selon lui, ne peut ignorer les questions juridiques concernant le mariage. Il suffit, a-t-il affirmé, de penser par exemple à la tâche de prévenir la nullité du mariage pendant la phase précédant la célébration, et aussi d'accompagner les couples dans les situations de crise, en les orientant aussi vers les tribunaux ecclésiastiques, lorsqu'il est plausible qu'il y ait un motif de nullité, ou en leur conseillant d'entamer la procédure de dispense pour non-consommation.

D'autre part, a-t-il souligné, les agents des tribunaux ne doivent jamais oublier qu'ils traitent des questions à forte pertinence pastorale, de sorte que les exigences de vérité, d'accessibilité et de célérité prudente doivent toujours guider leur travail; et le devoir, a fait savoir François, de faire tout ce qui est possible pour la réconciliation entre les parties ou la validation de leur union, comme rappelé dans son discours à la Rote l'année dernière, «ne doit pas non plus être négligé».

«La vraie justice dans l'Église, comme l'a dit saint Jean-Paul II, animée par la charité et tempérée par l'équité, mérite toujours l'attribut qualificatif de pastorale», au «milieu du troupeau, avec l'odeur du troupeau et en cherchant le progrès du troupeau», a conclu le Souverain pontife.

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18 février 2023, 13:03