Le Pape appelle à ne pas séparer la science du jugement moral
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Le Saint-Père, légèrement indisposé aujourd’hui en raison d’un rhume, a préféré ne pas prononcer son discours lors de l’audience accordé à dix-sept membres de la société Max-Planck pour le développement des sciences. Cette association à but non lucratif allemande, financée par l’État fédéral et par les seize Länder allemands, remplit une mission de recherche fondamentale.
Dans son texte, le Pape les invite d’abord à rester libres «de toute influence inappropriée de nature politique ou économique. Il s'agit d'une exigence incontournable à tous les stades du travail scientifique, de la phase initiale à la diffusion des résultats et à leur utilisation», souligne-t-il, en plaidant pour une meilleure valorisation de la recherche fondamentale.
Où conduira la pensée hybride?
François aborde ensuite un thème d’une particulière actualité, à savoir le développement de «la "pensée hybride", résultant de l'hybridation de la pensée biologique et non biologique, qui permettrait à l'homme de ne pas être supplanté par l'intelligence artificielle». Ce projet «soulève des questions d'une grande pertinence tant sur le plan éthique que social», estime le Pape, selon qui «la fusion de la capacité cognitive de l'homme et de la puissance de calcul de la machine modifierait substantiellement l'espèce homo sapiens». Le Souverain pontife invite à se poser la question du «sens ultime» de cette innovation scientifique.
«Si pour ceux qui se reconnaissent dans le projet transhumaniste, cela n'a rien d'inquiétant, il n'en va pas de même pour ceux qui, en revanche, s'attachent à faire avancer le projet néo-humaniste, selon lequel l'écart entre action et intelligence ne peut être accepté», écrit-il. En effet, «si l'on sépare la capacité de résoudre des problèmes de la nécessité d'être intelligent pour le faire, on annule l'intentionnalité et donc l'éthicité de l'action».
Différents types de responsabilité à intégrer
Le Pape fustige ensuite le principe de responsabilité «technique» qui gagne du terrain «dans les sphères de la grande science, qui n'admet pas le jugement moral de ce qui est bien ou mal». Autrement dit, l’action est évaluée «en termes purement fonctionnels, comme si tout ce qui est possible était, pour cette raison même, éthiquement admissible». «L'Église ne peut jamais accepter une telle position, dont nous avons déjà trop de preuves des conséquences tragiques», déclare le Saint-Père, qui demande de remettre au centre «la responsabilité en tant que soin de l'autre, et pas seulement en tant que compte rendu de ce que l'on a fait».
François estime que l’«on est responsable non seulement de ce que l'on fait, mais aussi et surtout de ce que l'on ne fait pas, alors que l'on pourrait le faire».
Il conclut en encourageant les membres de la société Max-Planck à lutter contre ces dérives par leur travail scientifique.
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