À la cathédrale de Kinshasa, le Pape encourage les religieux congolais
Olivier Bonnel - Cité du Vatican
En cette journée mondiale de la Vie consacrée, c'est devant plus d'un millier de prêtres, religieux et religieuses ou séminaristes que le Pape François a tenu ce jeudi son dernier événement public, depuis la cathédrale Notre-Dame de Kinshasa. «Votre venue en RDC nous redonne des raisons d’espérer et de nous projeter dans l’avenir avec plus de détermination et de dévouement», a expliqué le cardinal Ambongo, archevêque métropolitain de la capitale congolaise dans son mot d'accueil, revenant sur«d’énormes défis» auxquels sont confontés les pasteurs de RDC.
Le Souverain pontife a ensuite délivré une longue réflexion pour saluer la vivacité de cette Église congolaise et encourager ses pasteurs face à ces défis. «En mettant Jésus au centre, le regard sur la vie change et, malgré les souffrances et les peines intérieures, nous nous sentons enveloppés de sa lumière, consolés par son Esprit, encouragés par sa Parole, soutenus par son amour» a t-il expliqué, revenant sur la présentation de Jésus au temple. Malgré les «conditions difficiles et parfois dangereuses» dans lesquelles l'Église congolaise exerce sa mission, «il y a aussi beaucoup de joie dans le service de l’Évangile et les vocations au sacerdoce et à la vie consacrée sont nombreuses».
Dieu ouvre des chemins dans nos déserts
En reprenant les paroles du prophète Isaïe, le Pape a expliqué «combien Dieu ouvre des chemins dans nos déserts et nous, ministres ordonnés et personnes consacrées, nous sommes appelés à être le signe de cette promesse et à la réaliser dans l’histoire du Peuple saint de Dieu». François a ainsi relevé que la mission à laquelle l'Église était appelée était "servir le peuple comme témoins de l’amour de Dieu".
«À travers vous, le Seigneur veut aujourd’hui encore oindre son peuple avec l’huile de la consolation et de l’espérance. Et vous êtes appelés à vous faire l’écho de cette promesse de Dieu, à rappeler qu’Il nous a façonnés et que nous Lui appartenons, à encourager le cheminement de la communauté et à l’accompagner dans la foi à la rencontre de Celui qui marche déjà à nos côtés», a ajouté le Pape.
Être serviteurs du peuple s'incarne dans les prêtres, sœurs, missionnaires qui ont fait l’expérience de la joie de la rencontre libératrice avec Jésus et qui l’offrent aux autres. «Pour vivre ainsi notre vocation, a poursuivi François, nous avons toujours des défis à affronter, des tentations à vaincre. Je voudrais m’arrêter brièvement sur les trois suivantes: la médiocrité spirituelle, le confort mondain, la superficialité».
Vaincre la médiocrité spirituelle passe avant tout par une vie nourrie par la prière: «Le secret de tout, c’est la prière car le ministère et l’apostolat ne sont pas d’abord notre œuvre et ne dépendent pas seulement de moyens humains», a souligné le Saint-Père, invitant son auditoire à cultiver les rythmes liturgiques de la prière qui cadencent la journée, de la messe au bréviaire, sans oublier la confession. Le Pape a aussi conseillé de ne jamais se lasser d'invoquer la Vierge Marie.
Les dangers d'un confort mondain
Le deuxième défi est celui de vaincre la tentation du confort mondain. Cette mondanité, qui fait rechercher son confort avant tout fait en sorte que l'«on perd de cette façon le cœur de la mission qui est de sortir des territoires du moi pour aller vers les frères et les sœurs, en exerçant, au nom de Dieu, l’art de la proximité». «Il est triste de se replier sur soi-même en devenant de froids bureaucrates de l’esprit», a poursuivi le Pape, parlant même de "scandale" quand cela arrive dans la vie d'un prêtre ou d'un religieux, qui devraient au contraire être «des modèles de sobriété et de liberté intérieure».
«Qu’il est beau en revanche de rester transparent dans les intentions et libéré des compromis avec l’argent, en embrassant avec joie la pauvreté évangélique et en travaillant aux côtés des pauvres ! Et qu’il est beau de rayonner en vivant le célibat comme signe de disponibilité complète au Royaume de Dieu! Que ces vices, que nous voudrions éradiquer chez les autres et dans la société, ne se trouvent jamais enracinés en nous. S’il vous plaît, faisons attention au confort mondain».
Enfin, le troisième défi est celui de vaincre la tentation de la superficialité. «Un don a été mis entre nos mains et il serait présomptueux de notre part de penser pouvoir vivre la mission à laquelle Dieu nous a appelés sans travailler chaque jour sur nous-mêmes, et sans nous former de manière comme il convient à la vie spirituelle à la théologie», a expliqué François, insistant sur une formation solide du clergé, qui est «un chemin à poursuivre toujours, toute la vie».
La vie qui parle avant tout
Ces défis dont je vous ai parlé doivent être affrontés si nous voulons servir le peuple comme témoins de l’amour de Dieu, car le service n’est efficace que s’il passe par le témoignage, a encore expliqué le Pape. «Pour être de bons prêtres, diacres et consacrés, les paroles et les intentions ne suffisent pas : c’est avant tout la vie qui parle». Face aux nombreux défis de ces religieux et personnes consacrèes, François a ainsi expliqué que le ministère auquel ils sont appelés est celui-ci: «Offrir proximité et consolation, comme une lumière toujours allumée au milieu de tant d’obscurité. Et pour être frères et sœurs de tous, soyez-le d’abord entre vous : témoins de fraternité, jamais en guerre ; témoins de paix, apprenant à dépasser aussi les aspects particuliers des cultures et des origines ethniques».
Soyez ainsi, vous aussi: dociles au Dieu de la miséricorde, jamais brisés par les vents des divisions, a conclu le Saint-Père en exhortant ses hôtes à ne pas se décourager: «Vous êtes précieux, importants: je vous le dis au nom de l’Église tout entière. Je vous souhaite d’être toujours des canaux de la consolation du Seigneur et des témoins joyeux de l’Évangile, prophétie de paix dans les spirales de la violence, disciples de l’Amour, prêts à soigner les blessures des pauvres et de ceux qui souffrent».
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