François encourage l'ouverture de couloirs humanitaires
Marine Henriot – Cité du Vatican
Depuis 1990, plus de 60 000 personnes sont mortes ou disparues en mer Méditerranée alors qu’elles tentaient de rejoindre les côtes européennes. C’est fort de ce dramatique constat que la communauté de Sant’Egidio, fondée en 1968 à Rome en Italie, a développé à partir des années 2010 des couloirs humanitaires. Des corridors qui permettent, via l’article 25 du règlement de l’Union européenne, de permettre à des personnes de quitter des pays dans lesquels ils se trouvent en danger, de manière légale et sûre. Ainsi, le premier couloir humanitaire de Sant’Egidio a été ouvert en décembre 2015, avec le soutien des Églises protestantes italiennes, de la Conférence épiscopale italienne et en accord avec le gouvernement de la péninsule. Ce premier corridor a permis à 500 réfugiés érythréens, somaliens et sud-soudanais de quitter les camps d’Éthiopie pour arriver en Italie.
Depuis, près de 6 000 exilés ont pu atteindre l’Europe en toute sécurité, plus de 5 000 ont été accueillis en Italie. Ce sont eux qui ont été reçus par le Pape François ce samedi et qui ont pu lui confier, quand le Pape a pris le temps de se rendre en fauteuil roulant dans la foule, leurs parcours et difficultés.
Dans son discours, François a vanté les mérites des corridors humanitaires, alors que la Méditerrannée se transforme «en cimetière», a-t-il répété, comme le témoigne le récent naufrage de Cutro dans le Sud de l’Italie, dans lequel sont mortes plus de 70 personnes. «Chacun d’entre vous mérite de l’attention pour l’histoire difficile qu’il a vécue», a dit François ajoutant: «il reste encore beaucoup à faire pour étendre ce modèle et ouvrir davantage de voies légales de migration».
L’inaction des pays européens
C’est là l’un des combats de Sant’Egidio, ouvrir plus de couloirs dans plus de pays et surtout avoir un appui plus important des différents États européens, tandis qu’aujourd’hui le système de couloirs humanitaires est totalement financé par la société civile. «Si des entités ou des institutions étatiques intervenaient, un nombre bien plus important de personnes pourrait être sauvé», rappelle la communauté catholique italienne.
Ces corridors, comme l’a rappelé François dans son discours, ne servent pas seulement à «amener» des réfugiés en Italie, ils contribuent également au «processus vertueux» de l’intégration. En effet, via un réseau d’associations locales, les personnes exilées peuvent par exemple prendre des cours d’italien, et se voient aidées dans leurs démarches pour accéder à un emploi.
Rappelant qu’il venait lui-même d’une famille de migrants, le Saint-Père a déclaré que les exemples d’intégration des personnes réfugiées face à lui contribuaient «à dissiper les peurs et les alarmes à l’égard des étrangers».
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