Bioéthique: le Pape invite à être «du côté de l'être humain concret»
Myriam Sandouno – Cité du Vatican
C’est au terme de la conférence axée sur la pertinence de la proposition morale alphonsienne, que les différents participants et membres de l’Académie alphonsienne ont pu rencontrer le Saint-Père, qui a apprécié dans la ligne de l'œuvre de saint Alphonse, le choix de porter une réflexion sur la conscience et le dynamisme de sa formation, au cours de cette conférence.
En effet, «dans le changement d'époque complexe et rapide que nous vivons», a estimé François, «seules les personnes dotées d'une conscience mûre» pourront exercer, dans la société, «un sain protagonisme évangélique au service de leurs frères et sœurs».
La conscience
Évoquant l’aspect lié à cette conscience, le Pape a expliqué que la conscience est avant tout le «lieu où tout homme est seul avec Dieu, dont la voix résonne dans l'intimité. La parole qu'elle prononce n'est pas la sienne, mais elle vient du Verbe même du Créateur, qui s'est fait chair pour être avec les hommes». Pour lui, c’est donc à son école, à l'école du Verbe incarné, que chacun apprend à dialoguer avec les autres, en cultivant l'aspiration à une authentique fraternité universelle, enracinée dans la reconnaissance de la dignité inviolable de chaque personne.
Les questions de bioéthique
Concernant ce domaine jugé complexe, François a invité à «cultiver la patience de l'écoute et de la confrontation», comme le recommande, a-t-il ajouté, saint Alphonse dans les situations de conflits, car elle sera fondamentale dans la recherche de solutions communes qui reconnaissent et garantissent le respect du caractère sacré de toute vie, dans toutes ses conditions.
Selon lui, l'adoption de méthodes de recherches transdisciplinaires qui permettront d'aborder les nouveaux défis avec une plus grande compétence et une capacité critique, à la lumière de l'Évangile et de l'expérience humaine, «apportera alors un enrichissement décisif à cette écoute».
Ainsi, il sera possible de développer dans le domaine bioéthique des arguments raisonnables et solides, a estimé François, «enracinés dans la foi, adaptés à des consciences adultes et responsables et capables d'inspirer le débat sociopolitique».
Poursuivant, le Pape a conseillé «d’éviter les dynamiques de polarisations extrémistes, plus typiques du débat médiatique, que de la recherche scientifique et théologique saine et fertile». Il a exhorté plutôt à appliquer le principe, toujours indiqué par saint Alphonse, de la «voie médiane».
Porter une attention particulière aux personnes désemparées
Dans son discours, le Pape François, s’exprimant sur la proposition bioéthique, a souligné qu’elle doit être attentive aux drames réels des personnes, qui se trouvent souvent «désorientées face aux dilemmes moraux de la vie». Le successeur de Pierre a ainsi recommandé à l’Académie alphonsienne de rendre accessibles les fruits de son travail en utilisant le «langage du peuple» et en élaborant des propositions de vie morale praticables et humanisantes. «Soyez toujours du côté de l'être humain concret, en utilisant les outils de la réflexion éthique pour construire des barrières solides qui les défendent de la mentalité rampante de l'efficacité, et du rejet».
La morale sociale
Se focalisant également sur les questions de la morale sociale, François a affirmé qu’une réflexion approfondie, concernant ce sujet est plus que nécessaire aujourd'hui. La crise environnementale, la transition écologique, la guerre, le système financier capable de conditionner la vie des personnes au point de créer de nouveaux esclavages, le défi de construire la fraternité entre les personnes et entre les peuples, demeurent des questions qui «doivent nous stimuler à la recherche et au dialogue», a-t-il déclaré.
«Le Seigneur est la fin de l'histoire et le genre humain, renouvelé dans le Christ, est destiné à grandir comme famille de Dieu», a relevé le Pape. «Tel est le but de notre travail! Cherchons donc à entrer avec humilité et sagesse dans le tissu complexe de la société dans laquelle nous vivons, pour bien en connaître les dynamiques, et proposer aux hommes et aux femmes de notre temps des chemins adéquats de maturation dans cette direction», a-t-il lancé.
Face aux «graves questions morales de migrations et de pédophilie» auxquelles le monde est aujourd'hui confronté, le Pape y voit l'urgence d'en ajouter d'autres, telles que «les profits concentrés dans les mains de quelques-uns, a-t-il affirmé, et la division des pouvoirs mondiaux». François a noté qu’il faille accepter également ces défis avec confiance.
Ce que l’Église attend de l’Académie alphonsienne
Au terme de son discours, le Pape a également exhorté l'Académie alphonsienne à «concilier rigueur scientifique et proximité avec le peuple de Dieu», et à apporter des réponses concrètes aux problèmes réels, tout en formulant des propositions morales humaines, attentives à la vérité salvifique et au bien des personnes. Il les a confiés à l'Esprit Saint, afin qu’avec son aide, ils puissent «être des formateurs de conscience et des maîtres de l'espérance qui ouvre le cœur et conduit à Dieu».
75 ans de l'Académie alphonsienne
L'Académie alphonsienne fêtera l'année prochaine ses 75 ans d'activités. Fondée le 9 février 1949 par les missionnaires rédemptoristes, elle appartient à l'Université pontificale du Latran. Dans l'esprit de saint Alphonse Marie de Liguori, rénovateur de la théologie morale en son siècle, et en accord avec le Magistère de l'Église, exprimé notamment dans le Concile Vatican II, l'Institut pontifical est orienté vers la connaissance totale de l'homme dans sa dimension personnelle et chrétienne.
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