Le Pape propose la miséricorde pour contraster la haine

Marie Duhamel – Cité du Vatican

Former les prêtres au for intérieur et à devenir de bon confesseurs - ce que se propose de faire la Pénitencerie apostolique depuis de nombreuses années- est pour le Pape un engagement «important et valide» qui fait du bien à l’Église, car il l’aide à «faire circuler dans ses veines la lymphe de la miséricorde».

Dans son adresse aux participants de cette XXXIII e session de formation, le Pape souligne le lien «indissociable» entre la vocation missionnaire de l’Église et le fait d’offrir la miséricorde à chacun. Non seulement, l’Église se réalise en vivant et en offrant la miséricorde, mais elle remplit également son action apostolique et missionnaire. La miséricorde «fait resplendir la sainteté et l’apostolicité» de l’Église, estime François. En faisant resplendir le visage de Dieu, l’œuvre de miséricorde divine coïncide avec l’action missionnaire de l’Église et avec l’évangélisation.

Il est ainsi fondamental – et en particulier en cette période de Carême, souligne le Pape, de porter son attention à la charité pastorale. Les prêtres doivent ainsi se montrer disponibles «sans aucune réserve» à la pratique du ministère de réconciliation, affirme le Pape.

Une disponibilité sans réserve

François liste quelques comportements évangéliques témoignant de cette entière disponibilité: accueillir sans préjugés, écouter ses frères avec «l’oreille du cœur»; absoudre le pénitent avec «la générosité de pardon de Dieu» et accompagner le parcours pénitentiel, sans forcer, en suivant le rythme des fidèles, avec une patience et une prière constante. François met également en lumière des qualités essentielles au bon confesseur: qu’il aime le silence, qu'il soit magnanime de cœur car chaque pénitent doit lui rappeler sa propre condition de pécheur et qu'il soit ministre de la miséricorde. Si tout cela est mis en pratique, alors les confessionnaux ne seront plus «abandonnés», assure le Saint-Père.

En vue du jubilé de 2025, le Pape insiste sur le fait que la mission évangélisatrice de l’Église passe «en bonne partie par la redécouverte du don de la confession». Aussi, il souhaite que les plans pastoraux prévoient de mettre des prêtres à disposition «sur une large tranche horaire» dans chaque «zone pastorale» dans les églises diocésaines, servies par des communautés religieuses, dans les sanctuaires… il faut qu’il y ait «toujours» un confesseur «en service». François appelle à faciliter l’accès des fidèles «à cette rencontre d’amour» et à valoriser la confession individuelle «de la première confession des enfants» jusqu’aux lieux de «soins et de souffrances». «Quand on ne peut rien faire pour soigner le corps, on peut toujours faire beaucoup, et on doit le faire pour le salut de l’âme !» a précisé le Pape.

Combattre le mal

François souligne enfin combien dans le monde «les foyers de haine et de vengeance ne manquent pas», il propose de contraster «les puissances du mal» en multipliant les «foyers de miséricorde». «N’oublions pas qu’il s’agit d’une lutte supranaturelle», affirme François. Et «même si l’on sait que la victoire sur les forces du mal appartiendra au Christ», le Pape estime que cette victoire advient «réellement à chaque fois qu’un pénitent est absous». François qui encourage les prêtres ayant suivi cette formation à «redécouvrir, à approfondir théologiquement et à diffuser pastoralement» aussi les indulgences -notamment en vue du jubilé- les remercie pour leur «travail quotidien» qui consiste à reverser dans le monde «des fleuves de miséricorde, d’humbles ruisseaux, pour éteindre les incendies du mal et allumer le feu de l’Esprit Saint».