François: Dieu nous rejoint lorsque nous touchons le fond
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
Première sortie du Pape François dans une paroisse romaine après une longue interruption due principalement à la pandémie de Covid-19, c’est à Santa Maria delle Grazie al Trionfale que l’évêque de Rome s’est rendu ce vendredi après-midi, vers 16h30. Pas une église de la périphérie comme il les affectionne, mais une paroisse du centre-ouest, à quelques dizaines de mètres seulement des murailles du Vatican.
Une icône vénérée depuis cinq siècles
Dans cette église construite au début des années 1940, sans attrait particulier pour les visiteurs de la Ville éternelle, est conservé un trésor cher aux fidèles romains: l'icône de Notre-Dame des Grâces (Madonna delle Grazie). Désormais placée au-dessus de l’autel, celle-ci est vénérée à Rome depuis 1587, date à laquelle le vénérable frère Albenzio de Rossi l'a rapportée de Terre sainte. Elle est restée dans une petite église de Borgo Angelico – rue située non loin de la Basilique Saint-Pierre - jusque dans les années 1940. En 1924, le cardinal Merry del Val l'a couronnée sur la place Saint-Pierre devant une foule de deux cent mille Romains, d’après les chroniques de l’époque. Puis en décembre 1984, saint Jean-Paul II est venu dans l’église Santa Maria delle Grazie al Trionfale pour la couronner à nouveau. L'icône représente une Vierge qui allaite l’Enfant Jésus. «Une image de tendresse féminine et maternelle. Elle peut donc être véritablement l'icône de cette journée dédiée aux confessions», confie au quotidien italien Avvenire don Antonio Fois, curé de la paroisse.
Confessions et adoration
Ce 17 mars marque en effet le début des 24 heures pour le Seigneur, une initiative instaurée par le Pape François il y a dix ans, et qui se déroule dans les diocèses du monde entier à la veille du 4e dimanche de Carême – dimanche de Laetare -, pour inviter les catholiques à vivre le sacrement de la Réconciliation et un temps de prière.
La célébration pénitentielle présidée par François dans l’église Santa Maria delle Grazie al Trionfale a commencé par une liturgie de la Parole – avec l’évangile où Jésus raconte la parabole du pharisien et du publicain (Lc 18, 9-14), suivie de l’homélie du Saint-Père, puis du rituel de la réconciliation, avec l’adoration du Saint-Sacrement et des confessions individuelles assurées par 25 prêtres et par le Pape lui-même.
Deux postures différentes
Dans son homélie, le Souverain Pontife a mis en garde contre l’attitude du pharisien, celui qui se «tient debout», «droit et triomphant», pour prier Dieu en apparence, alors qu’il «se célèbre lui-même» et «se prie lui-même». Le pharisien est l’homme de l’imposture: «il masque ses fragilités dans l’hypocrisie. Il n’attend pas le salut du Seigneur comme un don, mais l’exige presque comme une récompense pour ses mérites».
Moins hâbleur, le publicain «reste à distance». Mais cette distance, a souligné François, est ce qui lui «permet de faire l’expérience de la bénédiction et de l’étreinte miséricordieuse du Père». Le Pape a fait remarquer que cette distance, signe d’humilité, est bienvenue en d’autres circonstances: «il y a un vrai dialogue quand nous savons préserver un espace entre les autres et nous, un espace salutaire qui permet à chacun de respirer sans être aspiré ou annulé». Il a également déploré l'attitude jugeante de certains chrétiens, plus prompts à reconnaître le péché de leur voisin que le leur.
Faire taire son ego
Le publicain «se reconnaît en vérité tel qu’il est devant Dieu», «distant». Or le Seigneur, par son amour miséricordieux, vient combler cette distance. «Il nous tend la main pour nous relever lorsque nous savons “toucher le fond” et que nous nous remettons à Lui dans la sincérité du cœur», a déclaré le Pape. Dieu, a-t-il continué, «n’a pas peur de descendre jusque dans les abîmes qui nous habitent, de toucher les blessures de notre chair, d’accueillir notre pauvreté, les échecs de notre vie, les erreurs que nous commettons par faiblesse ou négligence». Il vient à nous «lorsque nous nous éloignons de notre ego prétentieux», et il «nous attend surtout (...) dans le sacrement de la Confession».
L’évêque de Rome a également loué la prière du «pauvre en esprit, (...) qui a besoin de salut et qui mendie la grâce, se présente devant Dieu sans faire étalage de ses mérites, sans prétention, sans présomption: il n’a rien et donc il trouve tout, parce qu’il trouve le Seigneur», a-t-il souligné.
La joie d’être sauvés
Le Saint-Père a ensuite encouragé les fidèles à faire un «examen de conscience», sans se cacher «derrière l’hypocrisie des apparences», ni taire ce que «par honte nous ne sommes pas capables de partager», mais en reconnaissant comme le publicain «la distance qui nous sépare entre ce que Dieu a rêvé pour notre vie et ce que nous sommes réellement chaque jour». Le sacrement de la réconciliation, a-t-il assuré, est «une rencontre festive, qui guérit le cœur et laisse la paix à l’intérieur; non pas un tribunal humain à craindre, mais une étreinte divine dont on sort consolé». Il a aussi invité avec insistance les prêtres à accorder le pardon généreusement et avec douceur. «Mes frères, pardonnez tout, pardonnez toujours», leur a-t-il demandé.
François a enfin invité l'assemblée à répéter le verset «ô Dieu, aie pitié de moi, pécheur».
Et de proposer cette prière: «Quand je t’oublie ou te néglige, quand je fais passer mes propres paroles et celles du monde avant ta Parole, quand je me prétends juste et que je méprise les autres, quand je parle sur les autres, ô Dieu, aie pitié de moi, pécheur.
Quand je ne prends pas soin de ceux qui m’entourent, quand je suis indifférent à ceux qui sont pauvres et qui souffrent, faibles ou marginalisés, ô Dieu, aie pitié de moi, pécheur.
Pour les péchés contre la vie, pour le mauvais témoignage qui salit le beau visage de notre Mère l’Église, pour les péchés contre la création, ô Dieu, aie pitié de moi, pécheur.
Pour mes mensonges, ma malhonnêteté, mon manque de transparence et de droiture, ô Dieu, aie pitié de moi, pécheur.
Pour mes péchés cachés, ceux que personne ne connaît, pour le mal que j’ai causé aux autres sans m’en rendre compte, pour le bien que j’aurais pu faire et que je n'ai pas fait, ô Dieu, aie pitié de moi, pécheur».
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