Audience générale: l’Évangile s’annonce en sortant, pas devant les écrans
Delphine Allaire - Cité du Vatican
«En vertu de sa propre expérience, Paul n'ignore pas le danger d'un zèle déformé, orienté dans la mauvaise direction; il était lui-même tombé dans ce danger avant la chute providentielle sur le chemin de Damas. Nous avons parfois affaire à un zèle mal orienté, obstiné dans l'observation de normes purement humaines et obsolètes pour la communauté chrétienne. "Certains, écrit l’apôtre, ont pour vous un attachement qui n’est pas bon". (Ga 4, 17).»
Ainsi le Saint-Père a d’emblée évoqué «cette sollicitude avec laquelle certains se consacrent à de mauvaises occupations, même au sein de la communauté chrétienne»; l’on peut en effet se vanter d'un faux zèle évangélique tout en poursuivant en réalité la vanité ou ses propres convictions, a jaugé le Pape, égrainant les caractéristiques du zèle évangélique selon Paul. En somme, «une liste ‘’d'armes’’» que l'apôtre indique pour le combat spirituel.
Être héraut de la bonne nouvelle
Parmi elles, la volonté de propager l'Évangile, que certains traduisent par «zèle» et qu'ils qualifient de «chaussure», a relevé François, liant cette métaphore à un texte d’Isaïe: «Comme ils sont beaux sur les montagnes, les pas du messager, celui qui annonce la paix, qui porte la bonne nouvelle, qui annonce le salut, et vient dire à Sion: ‘’Il règne, ton Dieu!" (52,7).»
Ici aussi, il est question des pieds d'un héraut de la bonne nouvelle, a assuré le Pape, car celui qui va proclamer doit se déplacer, il doit marcher! «Mais nous remarquons aussi que Paul, dans ce texte, parle des chaussures comme d'une partie de l'armure, selon l'analogie de l'équipement du soldat qui va au combat: dans le combat, il est essentiel d'avoir une bonne stabilité, d'éviter les pièges du terrain, car l'adversaire a souvent truffé le champ de bataille de pièges, et d'avoir la force de courir et de se déplacer dans la bonne direction», a-t-il poursuivi.
Pas d'annonce de l'Évangile dans l'immobilisme
Le zèle évangélique est donc le support sur lequel repose l'annonce, et les annonciateurs sont «un peu comme les pieds du corps du Christ qui est l'Église», a ajouté François, assurant qu’il n'y a pas de proclamation sans mouvement, sans "sortie", sans initiative. «On n'annonce pas l'Évangile en restant immobile, enfermé dans un bureau, devant son pupitre ou son ordinateur, à discuter comme des " lions du clavier " et à remplacer la créativité de l'annonce par des copier-coller d'idées prises ici et là. L'Évangile s'annonce en se déplaçant, en marchant, en allant.»
Le terme utilisé par Paul pour désigner la chaussure de ceux qui portent l'Évangile est un mot grec qui signifie empressement, préparation, alacrité. «Le contraire du laisser-aller, qui est incompatible avec l'amour».
En effet, celui qui annonce l'Évangile «ne peut pas être fossilisé dans des cages de plausibilité ou dans le "on a toujours fait comme ça", mais il est prêt à suivre une sagesse qui n'est pas de ce monde», a conclu le Pape, insistant sur «la disponibilité à la nouveauté de l’Évangile» et invitant à réfléchir sur notre condition chrétienne: «Es-tu prêt à laisser Jésus changer ton cœur? Ou bien es-tu un chrétien tiède et immobile? Réfléchis: es-tu un enthousiaste de Jésus, passes-tu à autre chose? Réfléchis un peu.»
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