Le Pape met en garde l’Église hongroise contre le défaitisme et le conformisme
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
«Le Christ ressuscité, centre de l’Histoire, est l’avenir», a confié comme une boussole le Pape François au début de son discours prononcé sous la coupole de la cocathédrale Saint-Étienne de Budapest, où s’étaient rassemblés environ 1100 fidèles selon les autorités locales, tandis que des milliers suivaient la rencontre depuis le parvis.
Cultiver notre saison
«Notre vie, bien que marquée par la fragilité, est fermement placée entre ses mains», a-t-il assuré aux nombreux membres de l’Église catholique hongroise, dont quelques-uns avaient auparavant témoigné devant le Souverain pontife, dans cet édifice inauguré jadis par l’empereur François-Joseph.
Mgr András Veres, évêque de Győr, président de la Conférence épiscopale de la Hongrie, avait notamment évoqué «la sécularisation, l’hédonisme, une certaine indifférence à l’égard des valeurs évangéliques, la difficulté de transmettre la foi dans les familles, le manque de vocations sacerdotales et religieuses».
Des défis face auxquels peuvent surgir deux tentations, a averti le Pape, «le défaitisme catastrophiste et le conformisme mondain». L’Évangile indique une parabole appropriée: celle du figuier (cf Mc 13, 28-29). Elle résonne aujourd’hui pour les chrétiens comme invitation «à cultiver notre saison, à la lire, à y semer l’Évangile, à élaguer les branches sèches du mal, à porter du fruit. Nous sommes appelés à un accueil prophétique», a-t-il expliqué.
Ne pas se raidir
Le Saint-Père a dénoncé lui aussi «la diffusion du sécularisme et à ce qui l’accompagne, qui risque souvent de menacer l’intégrité et la beauté de la famille, d’exposer les jeunes à des modèles de vie marqués par le matérialisme et l’hédonisme, de polariser le débat sur des thèmes et des défis nouveaux». Il a également pointé du doigt la tentation de «se raidir, de se fermer et d’adopter une attitude de ”combattants”».
Ces défis, a-t-il poursuivi, sont plutôt à envisager comme une opportunité pour les chrétiens, une invitation à «entrer en dialogue avec l’Évangile, à chercher des voies, des instruments et des langages nouveaux», «sans peur ni rigidité».
Il s’agit plus concrètement de «mettre à jour la vie pastorale, sans se contenter de répéter le passé et sans peur de reconfigurer la paroisse sur le territoire, mais en donnant la priorité à l’évangélisation et en instaurant une collaboration active entre prêtres, catéchistes, agents pastoraux, enseignants», a indiqué François.
Ensemble dans la vigne du Seigneur
Le Pape a reconnu que la «surcharge de travail pour les prêtres» représentait une sérieuse difficulté, tout comme le manque de vocations, et cela partout en Europe. Il est donc «important que tous – pasteurs et laïcs – se sentent coresponsables: avant tout dans la prière, parce que les réponses viennent du Seigneur et non du monde, du tabernacle et non de l’ordinateur», a-t-il souligné.
Le Saint-Père a ensuite insisté sur l’importance de l’unité entre les différents membres de l’Église. Une «bonne pastorale est possible si nous sommes capables de vivre cet amour que le Seigneur nous a commandé et qui est un don de son Esprit», a-t-il ajouté. En revanche «si nous sommes distants ou divisés, si nous nous raidissons dans nos positions et dans nos groupes, nous ne portons pas de fruits». «Le premier travail pastoral est le témoignage de la communion, parce que Dieu est communion et est présent là où il y a la charité fraternelle», a déclaré le Souverain pontife, exhortant à surmonter «les divisions humaines pour travailler ensemble dans la vigne du Seigneur».
L’exemple des saints
Puis François s’est adressé aux prêtres, les invitant à avoir «des regards et des approches miséricordieux et compatissants». Il a cité en exemple un bienheureux hongrois évoqué auparavant par son propre frère, prêtre lui aussi: le bienheureux János Brenner, «tué de façon barbare à seulement 26 ans» par le régime communiste. Les Hongrois peuvent également s’inspirer de saint Martin ou du roi saint Étienne de Hongrie, «évangélisateur intrépide et fondateur de monastères et d’abbayes», qui «savait aussi écouter et dialoguer avec tous et s’occuper des pauvres». Ils nous montrent «l’Église dont nous devons rêver: capable d’écoute réciproque, de dialogue, d’attention aux plus faibles; accueillante envers tous et courageuse pour porter à chacun la prophétie de l’Évangile», a déclaré le Pape.
Le Saint-Père a enfin loué la «foi granitique des Hongrois», dont ont témoigné notamment de «nombreux évêques, prêtres, religieuses et religieux martyrisés au cours de la persécution athée». «S’il y a un million de Hongrois en prière, je n’aurai pas peur de l’avenir», dit même un proverbe local. François a exhorté les chrétiens du pays à être «des femmes et des hommes de prière, car l’histoire et l’avenir en dépendent». «Je prie pour vous, afin que, à l’exemple de vos grands témoins de foi, vous ne soyez jamais pris par la fatigue intérieure, mais que vous avanciez avec joie», a-t-il assuré en guise de conclusion.
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