Pentecôte: l'Esprit Saint, une source inépuisable d'harmonie

Marie Duhamel - Cité du Vatican

À la Pentecôte, l’Église célèbre le jour où les disciples reçoivent l’Esprit Saint sous forme de langues «qu'on eût dites de feu», et à cette occasion, ce dimanche 28 mai, le Pape qui présidait la messe dans la basilique Saint-Pierre a  proposé une homélie articulée en trois points pour montrer comment l’Esprit Saint agit «dans le monde qu’il a créé, dans l’Église et dans nos cœurs».

Du désordre à l'ordre

François revient d’abord sur le rôle spécifique de l’Esprit Saint dans la création du monde. «Si tout vient du Père, si tout est créé par le Fils», que fait celui que l’Église appelle 'Esprit créateur' depuis des siècles ? Saint Basile, Père de l’Église, a écrit que «si vous essayez d’enlever l’Esprit à la création, toutes les choses se mélangent et leur vie apparaît sans loi, sans ordre» (Spir., XVI, 38) Voilà le rôle de l’Esprit. «Il est Celui qui, à l’origine et en tout temps, fait passer les réalités créées du désordre à l’ordre, de la dispersion à la cohésion, de la confusion à l’harmonie. En un mot, Il donne ‘l’harmonie’ au monde (…) parce qu’Il est en lui-même harmonie» affirme François.

Invoquer l’Esprit pour défaire le mal

Et parce qu’aujourd’hui les hommes sont «déconnectés, anesthésiés par l’indifférence et opprimés par la solitude» ou impliqués dans «tant de guerres et de conflits» alimentés par le diable, cet «esprit de division» qui se plait «dans les antagonismes, les injustices, les calomnies», François appelle les fidèles à l’invoquer chaque jour sur le monde, car les efforts humains ne suffisent pas à construire l’harmonie face au mal de la discorde. D’ailleurs, c’est au point culminant de sa Pâque, que le Seigneur répand sur le monde créé «son bon Esprit» qui s’oppose à l’esprit de division parce qu’il est harmonie, «son Esprit d’unité qui apporte la paix».

L’harmonie dans la diversité

L’Esprit Saint est également à l’œuvre dans l’Église. Contrairement à ce que «nous ferions, nous qui nous perdons souvent ensuite dans nos programmes», l’Esprit ne marque pas le début de l’Église par des instructions ou des normes, par un projet structuré ou «un plan précis et articulé». Le jour de la Pentecôte, l’Esprit descend sur chacun des apôtres, et chacun reçoit des grâces particulières et des charismes différents.

Le Pape fait d’abord remarquer que l’Esprit «ne crée pas une langue égale pour tous», qu’il «n’efface pas les différences, les cultures, mais harmonise tout sans standardiser, sans uniformiser». Il crée l’harmonie à partir de la pluralité. Ensuite, c'est en accordant aux disciples des «dons gratuits et surabondants», en les «remplissant» du même amour de Dieu, que l’Esprit crée l’harmonie dans l’Église. «C’est dans un unique Esprit, dit François, que nous tous nous avons été baptisés pour former ‘un seul corps’(1 Co 12, 4.13)». Le Pape invite ainsi à «voir chaque frère et sœur dans la foi comme faisant partie du même corps auquel j’appartiens: voilà le regard harmonieux de l’Esprit, voilà le chemin qu’il nous montre!»

Le Synode, une marche selon l’Esprit

Et le Synode en cours doit être une marche selon l’Esprit, souhaite François, c’est-à-dire «non pas un parlement pour revendiquer des droits et des besoins selon l’agenda du monde, non pas une occasion d’aller là où le vent nous porte, mais une occasion d’être dociles au souffle de l’Esprit». Pour le Pape, l’Esprit est le cœur de la synodalité. Il note qu’Il s’est montré au monde alors que tous se trouvaient ensemble. Il est aussi le moteur de l’évangélisation.

Avec lui, la foi est vie et l’espérance renaît, tandis que «sans Lui, l'Église est inerte, la foi n'est qu'une doctrine, la morale n'est qu'un devoir, la pastorale n'est qu'un travail». François regrette d’entendre souvent parler de «soi-disant penseurs, théologiens qui donnent des doctrines froides qui semblent mathématiques». Le Pape invite à construire l’harmonie dans l’Eglise «en marchant ensemble avec l’Esprit au centre», en le priant chaque jour pour lui devenir dociles.

En finir avec les divisons du monde et la fragmentation des cœurs

Car «seul l’Esprit Saint remet de l’harmonie dans le cœur». L’Évangile de Jean relate d’ailleurs comment le soir de Pâques, Jésus souffle sur ses disciples en disant «Recevez l'Esprit Saint» afin d’«harmoniser les cœurs déchirés par le mal, brisés par les blessures, désagrégés par le sentiment de culpabilité». Afin de trouver l’harmonie, François invite à chercher l’Esprit Saint plutôt que des compensations mondaines.

Comme il le fait souvent afin d'aider à intérioriser le cœur du message évangélique, François interpelle les fidèles. Il les invite à se demander s’ils sont dociles à l'harmonie de l'Esprit ou, au contraire, incapables de se laisser modeler par lui, bloqués dans l’aboutissement de projets personnels, «obstinément attaché à des lettres, à de prétendues doctrines qui ne sont que de froides expressions de la vie». François appelle à l’introspection: «Est-ce que je m'empresse de juger, de pointer du doigt et de claquer la porte au nez des autres, me considérant comme victime de tout et de tous ? Ou bien est-ce que j'accueille sa puissance créatrice harmonieuse, est-ce que j'accueille la "grâce de l'ensemble" qu'il inspire, son pardon qui donne la paix ? Et est-ce que je pardonne à mon tour?» Le Pape appelle à se tourner vers l’Esprit Saint qui est capable d’aider chacun à en finir avec les bavardages, critiques et colères, pour œuvrer plutôt au pardon, à la réconciliation et à la communion.

«Si le monde est divisé, si l'Église se polarise, si les cœurs se fragmentent», le Pape suggère de ne pas perdre de temps, et à faire appel à l’Esprit. Source inépuisable d’harmonie, le Pape lui confie le monde, lui consacre l’Église et les cœurs des fidèles. «Viens Esprit créateur, harmonie de l’humanité, renouvelle la face de la terre. Viens Don des dons, harmonie de l’Église, rends-nous unis en Toi. Viens Esprit de pardon, harmonie du cœur, transforme-nous comme tu sais le faire, par Marie».