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Le lac de Vico en Italie. Le lac de Vico en Italie. 

Miser sur la transition écologique pour franchir les portes du bonheur

Le Pape François préface un ouvrage, en vente dès aujourd'hui en Italie, intitulé "Le goût de changer" relatant une conversation entre un jésuite français, l'économiste Gaël Giraud et un activiste de la slow food italienne Carlo Petrini. François dénonce avec eux le modèle économique actuel et salue l'engagement tangible des jeunes pour apprendre aux plus anciens à consommer moins et à mieux entrer en relation avec les autres, les clés de la transition écologique.

Marie Duhamel – Cité du Vatican

«La situation environnementale très critique dans laquelle nous nous trouvons, fille de ‘cette économie qui tue’ et qui a causé le cri souffrant de la Terre et le cri angoissant et angoissé des pauvres» est la préoccupation partagée des auteurs d’un livre préfacé par le Pape en date du 11 avril 2023: l’économiste et jésuite français Gaël Giraud et le gastronome agnostique Carlo Petrini, un activiste de la slow food connu en Italie.

Dans leur ouvrage intitulé Le goût de changer. La transition écologique comme moyen d’atteindre le bonheur, publié ce mercredi 17 mai en italien, les deux personnalités européenne élaborent, rapporte François, «une analyse étayée et rigoureuse» du modèle économique actuel où, comme le dit Oscar Wilde cité par le Pape «on connait le prix de tout et la valeur de rien».

«Admettons-le, le développement économique inconsidéré auquel nous nous plions, cause des déséquilibres climatiques qui pèsent sur les épaules des plus pauvres, en particulier en Afrique subsaharienne», affirme François qui se demande, subsidiairement comment on peut fermer les portes à ceux qui fuient ou qui fuiront des catastrophes environnementales qui sont les conséquences directes de notre mode de consommation effréné. «Face à la sécheresse, aux catastrophes naturelles, aux migrations forcées à cause du climat, on ne peut rester indifférents», clame-t-il, ou alors «nous serons complices de la destruction de la beauté que Dieu a voulu nous donner».

L'humain sacrifié sur l'autel du profit

Poursuivant son commentaire sur le propos des deux auteurs, le Pape revient sur la critique faite par les deux auteurs du concept de bien-être, «celui selon lequel le PIB est une idole qui vaut de sacrifier chaque aspect du vivre-ensemble: le respect de l’environnement, le respect des droits, le respect de la dignité humaine». Le Pape dit avoir été saisi par l’ancrage historique du PIB, tel que narré par Gaël Giraud. Le PIB se serait affirmé lors de la période nazie et que «son point de repère était représenté par l’industrie des armes». En quelque sorte, synthétise François, on pourrait dire que le PIB a une origine belliqueuse. Le travail des femmes à la maison n’a pas été pris en compte car il ne servait pas la guerre, poursuit le Pape. Voila une «autre preuve» qui montre «combien il est urgent de se débarrasser de cette perspective qui semble mépriser le côté humain de l’économie, le sacrifiant sur l’autel du profit comme référence absolue» affirme-t-il.

Des jeunes qui donnent espoir

Mais «Le goût de changer» n’est pas une simple critique car ses auteurs se proposent aussi de faire connaître des expériences constructives et qui ont fait leur preuve en faveur de la sauvegarde de la maison commune et du bien commun, note François. Gael Giraud et Carlo Petrini voient dans les jeunes générations un motif de confiance et d’espérance, ce qui réjouit le Pape qui souligne qu’en général, les adultes se plaignent des jeunes, en expliquant que les temps passés étaient meilleurs.

«Nous devons admettre avec sincérité que ce sont les jeunes à incarner en premier lieu le changement dont nous avons tous objectivement besoin. Ceux sont eux qui demandent un changement dans différentes parties du monde. Il s’agit de changer notre style de vie, tellement prédateur vis-à-vis de l’environnement. Changer notre rapport aux ressources de la Terre qui ne sont pas infinie. Changer notre comportement vis-à-vis des nouvelles générations à qui nous volons l’avenir». Le Pape se félicite du fait que les jeunes ne se contentent pas de demander mais manifestent dans des lieux publics contre «un système économique inéquitable pour les pauvres et ennemi de l’environnement» et surtout qu’ils soient passés à la pratique en faisant des choix responsables en terme de nourriture, de transport, de consommation. «Ce sont les jeunes qui nous éduquent» en choisissant de consumer moins et de vivre davantage leurs relations interpersonnelles, attentifs aux conditions de fabrication des produits et à ne pas polluer en empruntant des moyens de transport collectif et moins impactant pour le climat. François y voit lui aussi «un motif de consolation et de confiance».

L'importance de savoir dialoguer

Autre point saillant de cette préface, le Pape estime urgent d’enseigner aux jeunes générations, dès l’enfance, à «pratiquer le dialogue».

Contraire aux positions arrêtées de ceux qui savent – pour lui, «un fondamentalisme qui barre la route à la nouveauté», François salue la nature de ce livre: un «échange qui enrichit» et «fait grandir» entre deux interlocuteurs au point de vue et aux origines culturelles différentes. L’un est agnostique, l’autre est jésuite, mais leur conversation devient «un manifeste pour un futur possible», preuve que la fraternité humaine et l’amitié sociale doivent devenir selon lui «la base concrété et opérative de nos relations, à u niveau personnel, communautaire et politique».

Comme les auteurs de ce livre, François voit lui aussi en la transition écologique un milieu dans lequel chaque frère et sœur peut prendre soin de la maison commune, en pariant sur le fait que, en consumant moins et en misant sur les relations interpersonnelles, il sera possible d’ouvrir «la porte de notre bonheur».

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17 mai 2023, 16:04