La fraternité a besoin de gestes et de choix partagés pour une culture de paix

Jacques Ngol, SJ – Cité du Vatican

La rencontre mondiale sur la fraternité humaine organisée par la fondation Fratelli Tutti s’est tenue ce samedi 10 juin sur la place Saint-Pierre. Une trentaine de lauréats du prix Nobel y ont participé. Dans son message écrit pour l'occasion, le Pape François a voulu montrer que c’est «le Ciel qui est au-dessus de nous nous invite à marcher sur la terre ensemble, à nous redécouvrir frères et à croire en la fraternité comme une dynamique fondamentale de notre pèlerinage». Le Saint-Père n’a pas pu se rendre à cet évènement, étant hospitalisé depuis mercredi, mais son discours a été lu par le cardinal Mauro Gambetti, archiprêtre de la basilique Saint Pierre et président de la fondation. 

Agir en acte pour valoriser la fraternité

«La fraternité a quelque chose de positif à offrir à la liberté et à l’égalité» a rappelé le Souverain pontife, citant un passage de son encyclique Fratelli Tutti. Le Pape a appelé dans ce sens toute l’humanité à construire des relations fondées sur le respect, et à se considérer tous comme frères. Car, «celui qui voit un frère voit en l’autre un visage et non un numéro: il est toujours “quelqu’un” qui a de la dignité et qui mérite le respect, et non “quelque chose” à utiliser, à exploiter ou à écarter». Dans notre monde déchiré par la violence et la guerre, les retouches et les ajustements ne suffisent pas, a conseillé le saint Père, «seule une grande alliance spirituelle et sociale qui jaillisse des cœurs et s’articule autour de la fraternité peut remettre au centre des relations le caractère sacré et inviolable de la dignité humaine». Ainsi, pour parvenir à construire une fraternité, il faut des «gestes concrets et de choix partagés qui fassent d’elle une culture de la paix». Le Saint-Père a par ailleurs invité chacun à penser «quel geste concret de fraternité faire».  Pour le l’évêque de Rome, «nous réconcilier en famille, entre amis ou entre voisins, prier pour ceux qui nous ont blessés, reconnaître et aider ceux qui sont dans le besoin, porter une parole de paix à l’école, à l’université ou dans la vie sociale, oindre de proximité quelqu’un qui se sent seul», sont entre autres les moyens pouvant permettre de mettre fin aux conflits et de construire un monde fraternel et en paix.

Ne nous lassons pas de crier «non à la guerre»

«Sentons-nous appelés à appliquer le baume de la tendresse dans les relations qui se sont gangrénées, entre les personnes comme entre les peuples» a exhorté le Pape François. Il a demandé à ne pas se lasser de crier «non à la guerre» et ce, au «nom de Dieu et au nom de tout homme et de toute femme qui aspire à la paix». Considérant la fraternité comme un «bien fragile et précieux», le Pape a fait comprendre que les «frères sont l’ancre de la vérité dans la mer houleuse des conflits qui sèment le mensonge». C’est pourquoi penser aux frères, c’est «rappeler à ceux qui combattent, et à nous tous, que le sentiment de fraternité qui nous unit est plus fort que la haine et que la violence, au contraire, il nous unit tous dans la même souffrance». C’est de là que nous partons et repartons, du sentiment de «se sentir ensemble», étincelle qui peut rallumer la lumière pour arrêter la nuit des conflits. Le Saint Père a invité en outre à se considérer comme des frères afin de «s’émanciper de la pauvreté de se croire au monde comme des fils uniques». Ainsi, en se mettant ensemble sur le chemin de la fraternité, «même les politiques changent», plaçant l’être humain au centre de tout intérêt et toute action pour un bien universel.

S’adressant aux Prix Nobel, le Souverain pontife a manifesté sa reconnaissance pour leurs différents engagements en faveur de la paix et de la fraternité. «Faisons en sorte que ce que nous avons vécu aujourd’hui soit le premier pas d’une marche et puisse amorcer un processus de fraternité», a-t-il encouragé. Le Pape François leur a souhaité de «garder dans vos cœurs et dans vos mémoires le désir d’étreindre les femmes et les hommes du monde entier pour construire ensemble une culture de la paix». Car la «paix a besoin de la fraternité et la fraternité a besoin de la rencontre», a-t-il conclu.

Lors de cette rencontre a également été présentée une déclaration finale sur laquelle le cardinal Parolin, secrétaire d'État du Saint-Siège, a apposé sa signature, au nom du Pape François.