Deux francophones créés cardinaux par le Pape
Xavier Sartre – Cité du Vatican
«Je n’étais pas du tout préparé à cette nouvelle»: Mgr François Bustillo, évêque d’Ajaccio en Corse, ne réalise pas encore tout à fait ce qu’il a appris au téléphone à la mi-journée de ce dimanche. «J’ai même cru à une blague» confie-t-il. De l’autre côté de l’océan Atlantique, à la nonciature apostolique, même étonnement. C’est un journaliste américain qui réveille Mgr Christophe Pierre et lui annonce que le Pape vient d’annoncer qu’il convoquera un consistoire le 30 septembre pour la création de 21 nouveaux cardinaux, dont lui-même. «Je ne m’y attendais pas» reconnait-il.
La difficulté d’annoncer l’Évangile dans le monde d’aujourd’hui
Pour le diplomate, qui a représenté le Saint-Siège en Haïti, au Mexique et maintenant aux États-Unis, pour ne citer que quelques-uns des neufs pays dans lesquels il a travaillé, «c’est un grand honneur» que le Pape lui fait. «C’est une invitation à continuer mon engagement pour soutenir le Pape, soutenir la mission de l’Église et pour répondre partout où je suis aux grands défis qui se posent à l’évangélisation et qui est un peu le sens de toute mon existence» déclare Mgr Pierre, un des trois nonces qui recevra la barrette cardinalice le 30 septembre, avec Mgr Tscherrig, avec qui il a étudié à l’école des nonces à Rome, et avec Mgr Marchetto, avec qui il a travaillé en Afrique.
Devenir cardinal, c’est une grande responsabilité, estime le nonce à Washington, surtout dans un monde qui change et où l’annonce de l’Évangile n’est pas si aisée. Cette difficulté, Mgr Pierre l’a rencontrée dans tous les pays où il a officié. Pour lui, «il s’agit d’aider l’Église à être toujours orientée vers l’annonce de l’Évangile dans un contexte compliqué. C’est le défi de notre temps mais aussi la beauté de notre mission» estime-t-il.
Équilibre à trouver entre le diocèse d’Ajaccio et Rome
Mgr Bustillo, franciscain franco-espagnol, évêque d’Ajaccio depuis deux ans, perçoit tout le poids de la responsabilité qui lui incombe maintenant, même s’il reconnait pour le moment ne pas savoir ce que le fait de devenir cardinal signifiera concrètement pour lui dans les prochains jours. Mais il sait dès à présent que cette responsabilité est synonyme de «fidélité et proximité avec le Saint-Père» sans oublier le lien, étant évêque en Corse, «avec un peuple précis, un diocèse». «Je dois essayer d’avoir un lien avec beaucoup de simplicité et d’équilibre entre Rome et ce que le Pape me demandera, et la responsabilité que j’ai actuellement ici en Corse, directement et simplement avec le peuple d’Ajaccio et son diocèse», pense-t-il.
C’est la première fois dans l’histoire qu’un évêque d’Ajaccio est créé cardinal. Le nom de Mgr Bustillo figure, dans cette «promotion», aux côtés de celui de trois préfets de dicastères de la Curie romaine et d’archevêques métropolitains. Pour expliquer le choix de sa personne, le franciscain évoque la «liberté» du Pape. «On ne fait pas le forcing, on ne postule pas pour être cardinal», rappelle-t-il. Il voit tout de même que le Saint-Père choisit parfois «des évêques de petits diocèses - c’est mon cas», constate-t-il.
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