François demande aux jeunes d’être dignes de ceux qui leur ont transmis la foi
Jean-Charles Putzolu – Cité du Vatican
C’est au parc Tejo, sur la rive droite du Tage, que les jeunes se sont rassemblés dès le début de l’après-midi du samedi 5 août pour retrouver le Pape. La veillée de prière a débuté tôt, par l’arrivée en bateau sur le Tage d’une procession portant la Croix des JMJ et l'icône de la Vierge "Salus Populi Romani".
Lorsque François arrive sur l’esplanade, après un long bain de foule en voiture découverte au milieu des drapeaux qui transforment Lisbonne en un échantillon universel, il est salué à la fois par le million et demi de jeunes présents, et par deux avions de l’armée de l’air portugaise qui survolent la capitale. La première partie de la veillée est rythmée, festive, animée par 200 choristes, un orchestre et un ensemble chorographique composé de jeunes de 21 nationalités différentes. La musique et le bruit se taisent lorsque sur les écrans géants apparait la phrase: «Je te parle», traduite dans toutes langues.
Seigneur, que veux-tu que je fasse?
Antonio, 33 ans, Portugais, livre alors son témoignage. Sa vie a changé après un accident de voiture. «J’ai réalisé que j'aurais pu mourir. J'ai compris que si mon pèlerinage sur Terre s'arrêtait à ce moment-là, ma vie n'en valait pas la peine», affirme-t-il. Il a questionné Dieu: «Seigneur, que veux-tu que je fasse?». Dès lors, la joie de la rencontre avec le Christ a commencé à remplir son cœur et à lui donner envie d'apporter cette joie à d'autres: «Je suis rentré au séminaire en 2019 et j'ai été ordonné prêtre en 2021 pour essayer d'apporter aux autres la joie de trouver le Christ, d'être trouvé par Lui. Une joie qui n'est pas éphémère, une joie qui m'est offerte par le Ciel».
Dans le ciel lisboète, des drones coordonnés s’exécutent affichant «lève-toi» en plusieurs langues. Les chants remplissent à nouveau l’assemblée, jusqu’au second témoignage.
Des terroristes ont attaqué notre village
Marta Luis est mozambicaine. Elle a 18 ans et vient d’un village pauvre de la région de Cabo Delgado. Lorsque des hommes en armes ont attaqué son village à deux reprises en avril et en octobre 2021, Marta et sa famille se sont réfugiées dans la forêt ne cessant de prier Marie et le Seigneur «de ne pas laisser le pire se produire». Sans eau ni nourriture, en marche pendant plusieurs jours, Marta témoigne: «Au milieu de tant de souffrances, nous n'avons jamais perdu la foi et l'espoir qu'un jour nous reconstruirons nos vies».
À cet instant, le chœur et l'orchestre interprètent l’antienne: «Sur le chemin je t'ai trouvé, ta force me relève». Les drones continuent d’illuminer le ciel tandis que les danseurs s’inclinent devant la Croix et l’icône de la Vierge. Le silence revient. Le Pape parle aux jeunes.
La transmission de la joie
François fait une comparaison entre Marie et les jeunes qu’il a devant lui: «Merci d'avoir voyagé, marché et d'être venus!». Ces jeunes sont comme Marie qui elle aussi a voyagé pour se rendre chez sa cousine Elisabeth. Marie vient apprendre qu’elle enfantera et elle ressent le besoin de partager immédiatement sa joie avec les autres parce que «la joie est missionnaire», constate le Pape qui ajoute: «La joie que nous avons reçue, d’autres nous ont préparés à la recevoir, ils ont préparé nos cœur à la joie».
Les racines de la joie
«Nous avons tous des personnes qui ont été des rayons de lumière: parents et grands-parents, prêtres et religieuses, catéchistes, animateurs, enseignants... Ils sont les racines de notre joie», explique le Pape demandant quelques instants de silence pour «penser à ceux qui nous ont donné quelque chose dans la vie, qui sont comme les racines de la joie». À leur tour, les jeunes devront etre des missionnaires et des racines de joie pour les autres. «Il s'agit d'apporter une joie qui crée des racines», dit François. Et pour ce faire il sera nécessaire de se lever et de partir à sa recherche, car «la joie n'est pas enfermée dans la bibliothèque». Il faudra la découvrir dans le dialogue avec les autres auxquels «nous devons donner ces racines de joie que nous avons reçues».
Marcher ensemble
Avec les autres, nous sommes appelés à marcher ensemble, ce qui signifie que lorsqu’il arrive à l'un d'entre nous de tomber, de connaitre l'échec, de se retrouver fatigué et sur le point de «jeter l’éponge», nous devons l’aider à se relever. Comme ce chant alpin que cite François: «Dans l’art d’escalader la montagne, l’important n’est pas de tomber, mais de se relever». Ceux qui restent à terre, explique le Saint-Père, se sont déjà retirés de la vie, ils sont fermés à l’espérance et restent figés dans leur chute. «Quand nous voyons certains de nos amis qui sont tombés, que devons-nous faire? Les relever», exhorte l’évêque de Rome. Et de souligner que «le seul moment où il est permis de regarder une personne de haut en bas, c'est pour l'aider à se relever».
Se lever et partir
Pour le Pape, tout est une question d’entrainement: «Parfois, on n'a pas envie de marcher, on n'a pas envie de faire des efforts». François, que l’on sait amateur de football, fait cette métaphore sportive: «Qu'est-ce qui se cache derrière un but? Beaucoup d'entraînement». Derrière tout succès, il y a beaucoup de travail. C’est pourquoi, à chaque chute, il faut se relever ou être aidé à se relever, puis repartir, marcher avec un but et s'entraîner chaque jour, car «dans la vie, rien n'est gratuit. Tout se paie. Il n'y a qu'une seule chose gratuite: l'amour de Jésus. Alors, avec cette gratuité de l’amour de Jésus que nous recevons», conclut le successeur de Pierre, «marchons dans l'espérance, regardons nos racines et allons de l'avant, sans peur. N'ayez pas peur».
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