François: «Ce que l’on donne par amour ne sera jamais perdu»
Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican
C’est dans le quartier de Serafina, périphérie lisboète défavorisée, que le Souverain pontife s’est rendu après avoir confessé plusieurs jeunes au jardin Vasco de Gama ce vendredi matin.
Dans le centre social paroissial Saint Vincent de Paul –qui emploie à lui seul 170 personnes dans divers domaines-, les représentants de trois associations caritatives attendaient le Saint-Père, ainsi que nombreux évêques, des familles, et deux chœurs d’enfants. Quelques témoignages ont d’abord été délivrés, présentant ces œuvres adressées aux familles et aux personnes exclues.
Chaque personne est précieuse
La charité «est l’origine et le but du cheminement chrétien», a ensuite rappelé François au début de son discours, avant de s’arrêter sur trois aspects qui la caractérisent: «Faire le bien ensemble, agir concrètement et être proches des plus fragiles».
Le Pape, en écho à ce qu’il avait dit lors de la cérémonie d’accueil devant les jeunes, a souligné que chacun est «un don unique avec ses limites, un don précieux et sacré pour Dieu, pour la communauté chrétienne et pour la communauté humaine». Il ne faut pas se «laisser “définir” par la maladie ou par les problèmes, parce que nous ne sommes pas une maladie, nous ne sommes pas un problème», a-t-il assuré. Chaque personne enrichit l’ensemble, c’est pourquoi il est bon de «vivre, aider et aimer ensemble: jeunes et adultes, en bonne santé et malades, ensemble».
La charité chrétienne en actes s’apparente à une fontaine désaltérante, a ajouté le Saint-Père, avant de consigner son discours en raison de la lumière des projecteurs qui l’empêchaient de bien lire.
Ne pas craindre de se salir les mains
François a alors poursuivi et conclu par une courte improvisation en espagnol. «Il n’y a pas d’amour abstrait, cela n’existe pas», a-t-il insisté, «l’amour platonique est en orbite, il n’est pas dans la réalité». Il a également invité à s’interroger sur la sincérité de notre amour envers les pauvres -a-t-on peur qu’ils nous «contaminent»? -, et mis en garde contre une «vie distillée, celle qui existe dans mon imagination, mais n’existe pas dans la réalité». Au contraire, l’exemple d’associations telles que celles présentes à cette rencontre font «tâche d’huile», elles sont «une inspiration pour les autres». Le fait de s’engager, de se «salir les mains» en allant à la rencontre de la réalité et de la misère des autres génère «la vie», a conclu le Pape, encourageant tous ces acteurs de la charité à poursuivre leur mission. «Une Journée mondiale de la Jeunesse ne pourrait pas exister sans tenir compte de cette réalité», a-t-il conclu.
Faire confiance à la Providence
«Quand on ne perd pas son temps à se plaindre de la réalité, mais qu’on se préoccupe de répondre aux besoins concrets, avec joie et confiance en la Providence, il se passe des choses merveilleuses», assurait le Pape dans la suite de son discours consigné, louant les initiatives menées dans la capitale portugaise par les associations présentes à cette rencontre. «Continuez avec douceur et gentillesse à vous laisser interpeller par la réalité, avec ses pauvretés anciennes et nouvelles, et à y répondre de manière concrète, avec créativité et courage», leur demande-t-il.
Donner pour être heureux
François rappelle ensuite que les plus fragiles sont «le trésor de l’Église, ils sont les préférés de Dieu». Encore une fois, il redit l’amour inconditionnel de Dieu, et invite les fidèles à ne «pas faire de différence. Pour un chrétien, en effet, il n’y a pas de préférences entre ceux qui, dans le besoin, frappent à la porte: compatriotes ou étrangers, appartenant à un groupe ou à un autre, jeunes ou vieux, sympathiques ou antipathiques...», insiste-t-il.
Puis le Souverain pontife s’arrête sur la figure de saint Jean de Dieu, fondateur de l’ordre des Hospitaliers dans l’Espagne du XVIe siècle, qui expliquait autour de lui «que les gestes d’amour sont un d’abord un don pour celui qui les pose, avant même que pour celui qui les reçoit». En effet, complète François, «tout ce que l’on amasse pour soi sera perdu, tandis que ce que l’on donne par amour ne sera jamais perdu, mais sera notre trésor dans le ciel».
Ainsi, «l’amour ne rend pas heureux seulement au ciel, il le fait déjà sur terre, parce qu’il élargit le cœur et permet d’embrasser le sens de la vie. Si nous voulons vraiment être heureux, a continué le Pape, apprenons à tout transformer en amour, en offrant aux autres notre travail et notre temps», et par des gestes incarnés.
L’amour ne se replie pas sur lui-même
«Chers jeunes, frères et sœurs, vivons ainsi! Nous pouvons tous le faire et nous en avons tous besoin, ici et partout dans le monde», encourage le Saint-Père. Et même si saint Jean de Dieu a rencontré des obstacles, «il ne s’est pas découragé, parce que l’amour n’abandonne pas, parce que celui qui suit Jésus ne perd pas la paix et ne pleure pas sur lui-même». «Oui, aimer est un don pour tous!», conclut François, en invitant chacun à faire «de [sa] vie un cadeau d’amour et de joie».
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