Audience générale: Cyrille et Méthode, témoins de la liberté dans la charité
Olivier Bonnel - Cité du Vatican
Comme chaque mercredi à l'audience générale, le Pape François a poursuivi son cycle de catéchèses sur le thème de la passion pour l'évangélisation. Pour ce 25 octobre, il a choisi de revenir sur les figures des saints Cyrille et Méthode, apôtres des Slaves, nés en Grèce au IXe siècle. D'abord consacrés à la vie monastique, ils furent envoyès comme missionnaires dans les territoires slaves, qui comprenaient à l'époque plusieurs peuples, déjà en partie évangélisés. Afin d'annoncer l'Évangile, Cyrille inventa l'alphabet glagolitique qui lui permit de traduire la Bible et les textes liturgiques. Les gens ont alors senti que la foi chrétienne n'était plus «étrangère», mais qu'elle devenait leur foi, parlée dans leur langue maternelle.
«Deux moines grecs qui donnent un alphabet aux Slaves. Cette ouverture du cœur a enraciné l'Évangile parmi eux», a commenté François. Après la mort précoce de Cyrille, Méthode sera ordonné évêque, avant de connaître de nombreuses souffrances, en prison notamment. «Mais on ne peut enchaîner la Parole de Dieu qui se répand parmi ces peuples», a rappelé le Pape.
Trois aspects importants
En s'attardant sur la vie de ces deux évangélisateurs, que le Pape Jean-Paul II a voulu co-patrons de l'Europe, François a invité les fidèles à réfléchir à trois notions importantes que nous laisse leur témoignage. L'unité, avant tout: «Les Grecs, le Pape, les Slaves: à cette époque, il y avait en Europe une chrétienté qui travaillait ensemble à l'évangélisation», a souligné l’évêque de Rome. «La mission est plus faible sans l`unité: un Christ "brisé" est un scandale pour ceux qui en reçoivent l’annonce. Aujourd'hui aussi, l'Évangile sera plus incisif si notre unité croît dans le Christ».
Deuxième aspect fondamental, l'inculturation. «L'évangélisation et la culture sont étroitement liées», a poursuivi le Pape, avant de poser cette question: «Pourquoi la prédication chrétienne avant Cyrille et Méthode n'avait-elle pas bien fonctionné dans ces pays? Parce qu'elle était étrangère, "importée", étrangère aux sentiments des peuples, à leur langue et à leurs catégories culturelles». Cette inculturation est donc très importante, a insisté François rappelant combien Cyrille et Méthode avaient, en développent une ingéniosité missionnaire qui donne naissance à un alphabet nouveau, permis «la croissance de cultures riches et fascinantes».
Le Pape a ainsi mis en garde: «La vraie mission est l'ennemie de tout cloisonnement, de tout nationalisme. Elle est "gentille": elle s'identifie au peuple auquel elle s'adresse, sans aucune prétention de supériorité».
Le dernier aspect enfin est la liberté: François a souligné combien dans son encylclique Slavorum Apostoli, son prédécesseur Jean-Paul II , «a pris parti pour la liberté évangélique, en soutenant ces courageux missionnaires». «Le ministère pétrinien se montre ici au service d'un Évangile qui n'accepte pas d'être protégé, mais qui s’ouvre à l'avenir de Dieu: qui valorise ce que l'Esprit a déjà semé et ne s'identifie pas aux formes du passé. Dieu est libre et libérateur», a poursuivi le Souverain pontife.
Le regard tourné vers l'Ukraine
«Frères et sœurs, demandons aux saints Cyrille et Méthode, apôtres des Slaves, d'être des instruments de "liberté dans la charité" pour les autres», a conclu François, en tournant le regard vers cette Europe marquée par la guerre en Ukraine. «Pensons en particulier à cette partie de l'Europe qui est aujourd'hui submergée par la guerre: que l'Esprit de Dieu ouvre les esprits pour aller au-delà, pour imaginer de nouveaux modes possibles de relations, qu'il enrichisse les cultures d'un souffle de paix, qui dépasse les barrières des lieux communs ou d'un passé qui étouffe».
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