Le Pape rappelle que l'accès à l'eau potable est un droit fondamental
Jacques Ngol, SJ – Cité du Vatican
L’édition 2023 de la Journée mondiale de l'alimentation est organisée autour du thème: «L'eau c'est la vie, l'eau c'est la nourriture. Ne laisser personne de côté». Le Pape François souligne, dans un message adressé au directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), «l'urgence de planifier et de mettre en œuvre la gestion sage, prudente et durable de l’eau», afin que chacun puisse en profiter «pour satisfaire ses besoins essentiels, et que le développement humain adéquat puisse également être soutenu et promu, sans que personne n'en soit exclu».
L'inaccessibilité aux ressources de base est indigne
«La Journée mondiale de l'alimentation est célébrée à un moment où beaucoup de nos frères et sœurs souffrent de dénuement et de découragement», déclare le Souverain pontife, souhaitant que «les cris d'angoisse et de désespoir des pauvres nous réveillent de la léthargie qui nous saisit et interpellent nos consciences». Le Saint-Père fustige dans ce message un contexte alimenté par «la condition de faim et de malnutrition qui blesse gravement tant d'êtres humains, le résultat d'une accumulation inique d'injustices et d'inégalités qui laisse beaucoup de gens dans le caniveau de la vie et permet à quelques-uns de s'installer dans un état d'ostentation et d'opulence».
Selon lui, cette condition n’est pas seulement appliquée à la nourriture, mais aussi à toutes «les ressources de base, dont l'inaccessibilité pour de nombreuses personnes représente un affront à leur dignité intrinsèque». «C’est une insulte qui devrait faire rougir l'humanité entière et mobiliser la communauté internationale».
Rareté de l'eau potable
Revenant sur le thème de cette édition «l’eau c’est la vie», François regrette que «cette ressource soit aujourd'hui menacée par de sérieux défis en termes de quantité et de qualité». Dans de nombreuses régions du monde, affirme-t-il, «nos frères et sœurs souffrent de maladies ou meurent précisément à cause de l'absence ou de la rareté de l'eau potable», citant entre autres «les sécheresses causées par le changement climatique qui laissent de vastes régions stériles et provoquent d'énormes dégâts sur les écosystèmes et les populations».
La gestion arbitraire des ressources en eau, leur dénaturation et leur pollution sont particulièrement préjudiciables aux pauvres et constituent un «affront honteux face auquel nous ne pouvons rester les bras croisés». Le Pape réitère l’urgence de reconnaître que «l'accès à l'eau potable et sûre soit un droit humain élémentaire, fondamental et universel, parce qu'il détermine la survie des personnes et qu'il est donc une condition pour l'exercice des autres droits humains», citant son encyclique Laudato si', n. 30. En ce sens, François affirme l’importance d’investir dans les «infrastructures, dans les réseaux d'égouts, dans les systèmes d'assainissement et de traitement des eaux usées, en particulier dans les zones rurales les plus reculées et les plus déprimées». Aussi, plaide-t-il en faveur des «modèles éducatifs et culturels qui sensibilisent la société à la nécessité de respecter et de préserver ce bien premier».
Prévenir les pertes dans les conduites d'irrigation agricole
Pour les cultures, il est nécessaire de promouvoir des programmes efficaces pour prévenir les pertes dans les conduites d'irrigation agricole, «d'utiliser des pesticides et des engrais organiques et inorganiques qui ne polluent pas l'eau et de promouvoir des mesures visant à préserver la disponibilité des ressources en eau afin d'éviter que les pénuries aiguës ne deviennent une cause de conflit entre les communautés, les peuples et les nations». En outre, le Saint-Père demande que «la science et l'innovation technologique et numérique soient mises au service d'un équilibre durable entre la consommation et les ressources disponibles», en évitant les impacts négatifs sur les écosystèmes et les dommages irréversibles à l'environnement. C'est pourquoi il invite les organisations internationales, les gouvernements, la société civile, les entreprises, les institutions universitaires et de recherche, ainsi que d'autres entités, à «unir leurs forces et leurs idées pour que l'eau soit le patrimoine de tous, qu'elle soit mieux répartie et qu'elle soit gérée de manière durable et rationnelle».
Lutte contre la culture du jetable
«La célébration de la Journée mondiale de l'alimentation doit servir à rappeler que la culture du jetable doit être combattue de manière incisive par des actions fondées sur une coopération responsable et loyale de la part de tous», exhorte le Pape François. Car, poursuit-il, notre monde est trop interdépendant et ne peut se permettre d'être divisé en blocs de pays qui défendent leurs intérêts de manière fallacieuse et partiale. «Nous sommes appelés à penser et à agir en termes de communauté, de solidarité, en cherchant à donner la priorité à la vie de tous plutôt qu'à l'appropriation des biens par certains» invite-t-il, dénonçant une «polarisation scandaleuse des relations internationales en raison des crises et des confrontations existantes». Cette polarisation scandaleuse est justifiée selon le Saint-Père par le fait que les ressources financières et des technologies innovantes, au lieu d’être utilisées pour faire de «l'eau une source de vie et de progrès pour tous, sont détournées vers la production et le commerce d'armes», créant un monde dans lequel il n’est jamais «urgent de devenir des promoteurs du dialogue et des artisans de la paix».
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