Le Pape François exhorte à l’amour en adorant et en servant
Jacques Ngol, SJ – Cité du Vatican
L’Évangile de ce jour rapporte l’histoire d’un «docteur de la Loi qui se présente à Jésus avec un prétexte, dans le seul but de le mettre à l'épreuve» a expliqué le Pape François au début de son homélie. Il s'agit cependant, a-t-il dit, d'une question importante et toujours actuelle, «Quel est le grand commandement?». A cette question, Jésus donne une réponse claire: «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit; Tu aimeras ton prochain comme toi-même».
S’adressant aux participants au synode qui viennent de conclure les travaux de cette Assemblée, le Saint-Père a affirmé l’importance «de regarder le “principe et le fondement” sur lequel tout commence et recommence: aimer Dieu par toute notre vie et aimer notre prochain comme soi-même». A travers ce grand commandement, le Pape François a dégagé deux pistes de réflexion autour de deux verbes à travers lesquels l’acte d’amour se réalise: adorer et servir.
Aimer c’est adorer
«L'adoration est la première réponse que nous pouvons donner à l'amour gratuit et surprenant de Dieu» a déclaré le souverain pontife, mentionnant le premier acte qui consiste à adorer. Dans ce sens, le Saint-Père a souligné que, «adorer c’est reconnaître dans la foi que Dieu seul est Seigneur et que notre vie, le chemin de l'Église, le destin de l'histoire dépendent de la tendresse de son amour».
Poursuivant dans ce sens, l’évêque de Rome, a assuré que «ceux qui adorent Dieu rejettent les idoles car, alors que Dieu libère, les idoles asservissent», a-t-il lancé, mettant en garde contre «les idolâtries mondaines qui découlent souvent de la vanité personnelle, comme la soif de succès, l'affirmation de soi à tout prix, l'avidité pour l'argent, l'attrait du carriérisme». Le Pape fustige entre autres «les idolâtries déguisées en spiritualité: mes idées religieuses, mes prouesses pastorales…». Pour faire face à toutes ces vaines gloires, le Saint-Père a proposé la vigilance comme moyen, exhortant tous les diocèses, toutes les communautés, les paroisses, à adorer en silence le Seigneur, car, «ce n'est que de cette manière que nous nous tournerons vers Jésus et non vers nous-mêmes; ce n'est qu'à travers un silence d'adoration que la Parole de Dieu habitera nos paroles; ce n'est que devant Lui que nous serons purifiés, transformés et renouvelés par le feu de son Esprit».
Aimer c’est servir
Abordant le deuxième aspect qui est le service, le Pape François a fait savoir que «dans le grand commandement, le Christ lie Dieu et le prochain pour qu'ils ne soient jamais séparés». Pour lui, il n'y a pas d'expérience religieuse authentique qui soit sourde aux cris du monde, et il n'y a pas «d'amour de Dieu sans implication dans le soin du prochain, sous peine de pharisaïsme». Il a assuré par ailleurs, qu’il ne suffit pas d’avoir des belles idées pour réformer l’Église, la chose la plus importante, c’est adorer Dieu et aimer nos frères et sœurs, c’est cela a-t-il fait observer «la grande et durable réforme».
Le Saint-Père a plaidé pour «une Église adoratrice et une Église du service qui lave les pieds de l'humanité blessée, qui accompagne le chemin des personnes fragiles, faibles et laissées-pour-compte, qui va tendrement à la rencontre des plus pauvres». C’est cela le sens de l’exhortation à travers la première lecture de ce dimanche qui invite à «être attentifs aux plus petits: l'étranger, la veuve et l'orphelin».
Pour une Église au service de tous
En pensant à des nombreuses «victimes des atrocités de la guerre; aux souffrances des migrants, à la douleur cachée de ceux qui se retrouvent seuls et dans la pauvreté; à ceux qui sont écrasés par les fardeaux de la vie; à ceux qui n'ont plus de larmes, à ceux qui n'ont plus de voix», le Pape François a exhorté, comme disciples de Jésus, à apporter au monde un autre levain, celui de l'Évangile. L'Église dont nous sommes appelés à rêver, a-t-il réitéré, c’est «une Église qui soit au service de tous, au service des derniers. Une Église qui n'exige jamais un bulletin de “bonne conduite”, mais qui accueille, sert, aime». Une Église aux portes ouvertes qui soit un «port de miséricorde pour tous, qu'ils soient méchants, bons, ou qu'ils soient ce qu'ils sont».
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